Journée africaine

Chers Amis de La Chaux-de-Fonds et d’ailleurs,

 

Je vous remercie de m’avoir associée à votre fête. Faire la fête ensemble, n’est-ce pas le meilleur moyen de faire connaissance ?

 

Qui sommes-nous, nous qui habitons ici depuis longtemps ? Qui êtes-vous, vous qui venez d’arriver dans cette ville ? Quels sont nos projets communs ? Ce sont les questions que Neuchâtoi nous oblige à nous reposer régulièrement tout au long de cette année. Et ce n’est pas inutile…

 

La Suisse est un ensemble de plusieurs cultures, de plusieurs langues, de plusieurs religions. Elle s’est créée par un acte volontariste. Les premiers Suisses ont voulu vivre ensemble et ont signé un pacte d’entraide. On pourrait croire aujourd’hui que ça allait de soi. Eh bien non, vous le savez bien, c’est comme dans les meilleures familles, il y a eu bien des conflits tout au long de notre histoire. La Suisse ne s’est pas faite facilement. Il a fallu intégrer des populations très diverses. Les cantons qui se sont peu à peu joints à la Confédération avaient sans doute des valeurs ou des intérêts communs, mais ils avaient des langues et des religions différentes, une économie différente.

 

Il a fallu apprendre à vivre ensemble, apprendre à tenir compte des autres, de leur sensibilité, apprendre à se respecter malgré les différences, à laisser une place aux minorités. Pour y arriver, nous avons mis au point toute une série d’instruments démocratiques. S’il faut en citer quelques-uns, je parlerais du fédéralisme, de l’autonomie communale et des instruments de démocratie directe, comme l’initiative et le référendum et aussi, bien sûr, un instrument de rééquilibrage entre les grands et les petits cantons, le Conseil des Etats.

 

La Suisse connaît la diversité et sait vivre avec. Il faut dire que nous sommes au coeur du continent et qu’à ce titre, nous avons toujours été traversés par des voyageurs, qui nous ont apporté leur regard sur notre pays et sur le leur. Parfois, ils se sont arrêtés chez nous.

 

Il y a eu des marchands, des compagnons, venus de toute l’Europe pour apprendre leur métier chez nous. Il y a eu les réfugiés huguenots, les rescapés de la Révolution française, les traînards oubliés par les armées de Napoléon. Il y a eu aussi l’armée de Bourbaki, 90’000 hommes que nous avons accueillis au prix d’un immense effort de logistique et malgré la pauvreté de notre canton.

Puis il y a eu des travailleurs, des constructeurs, venus d’Italie, d’Espagne ou du Portugal, qui ont bâti des villes, creusé des tunnels. Enfin, il y a eu les réfugiés des pays de l’Est, puis de l’ex-Yougoslavie chassés par la guerre et ceux d’autres pays plus lointains, qui fuyaient les troubles sociaux et politiques, la misère ou l’injustice.

 

Nous sommes partenaires de ce monde et nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui  se passe autour de nous. Je souhaite que nous prenions clairement le parti de la paix, que nous luttions contre la violence, contre la pauvreté, contre les catastrophes écologiques, qui jettent sur les routes des milliers de personnes en détresse. Notre principal ennemi, c’est l’indifférence. Nous avons toujours accueilli. Nous avons toujours intégré ceux qui venaient chez nous. Nous pouvons encore le faire.

 

Le maître mot de Neuchâtoi, c’est « Intégrer ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Intégrer, c’est s’enrichir de la culture de l’autre. S’émouvoir de ses créations. Aimer sa musique. Danser. Transmettre notre émotion. Partager. Partager, c’est plus que cohabiter. Cohabiter, ce serait vivre sous le même toit, sans interaction. Non ce qui est magique justement, c’est cet échange. C’est cela qui est à l’origine de la créativité. C’est cela qui fait la force de l’humanité. C’est cela qui nous fait avancer.

 

L’inquiétude de certains Suisses face à l’ouverture de plus en plus grande des frontières et à la mondialisation des échanges se traduit par des questions sur notre identité et par la montée d’un certain populisme, populisme qui est même arrivé dans notre canton. Cependant, la Suisse, ce n’est pas que cela. C’est aussi un pays pour qui l’accueil est une tradition, un pays qui a réussi à intégrer des millions de personnes venant de tous les continents, et cela avec peu de conflits sociaux.

 

Ce que vous nous apportez de votre culture, vous qui venez de loin, c’est votre cadeau à la Suisse. Un cadeau dont je veux vous remercier de tout coeur. Ce que nous vous offrons de notre culture, à vous qui vous êtes arrêtés chez nous, c’est notre cadeau de bienvenue.

 

Ce que nous créerons ensemble, c’est notre avenir.

 

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