Hommage à Charles Joris

 

C’est avec une immense tristesse que les Amis du TPR ont appris la disparition de Charles Joris. Tristesse, car pour beaucoup d’entre nous, c’est vraiment un ami qui s’en est allé, une personne d’une grande richesse de cœur et d’esprit, avec laquelle nous avions partagé de beaux moments, des moments d’amitié, des moments de réflexion, des moments hors du temps…

Cependant, au-delà de la tristesse, le sentiment qui nous envahit aujourd’hui, c’est la reconnaissance. Reconnaissance pour tout ce que Charles Joris nous a donné, pour tout ce qu’il a donné à notre ville et à la Suisse romande en général. Combien de projets réalisés, combien de réflexions menées, combien d’adultes et d’enfants initiés à l’art théâtral, combien de spectacles qui nous ont enchantés !

Comme le dit Raymond Spira, dans notre journal, Le Souffleur, Charles Joris et La Chaux-de-Fonds, c’est l’histoire d’une rencontre, d’une rencontre détonante entre le concepteur et le promoteur d’une utopie, l’utopie d’une société tendant vers la justice et d’un théâtre engagé dans la cité et l’utopie d’une ville née au milieu de nulle part et assoiffée de justice.

Les Grecs le savaient déjà : le théâtre, comme lieu de rencontres, de divertissement, de spectacles, de réflexions et de débats est un élément fondamental de la Cité. Le théâtre est dès ses origines le lieu où s’expriment l’esprit d’un temps, les espoirs, les conflits, où l’on met en évidence les contradictions de la société ou des individus, où l’on en révèle toutes les incohérences. L’art théâtral n’est pas seulement un témoin de son temps. Il va beaucoup plus loin. C’est une démarche qui permet de mettre notre temps et notre histoire en perspective, de les analyser et de les décortiquer, d’en tirer des enseignements et de les partager avec le grand public.

En réalisant, en 1837, un théâtre absolument remarquable, avant d’avoir un hôpital et de disposer d’un réseau d’eau potable, les habitants de notre ville ont fait un choix et peut-être, plus ou moins volontairement, ils ont fixé leurs priorités. Ils ont voulu exister, non pas seulement industriellement ou économiquement, mais aussi culturellement. Ils ont voulu donner une nouvelle substance à la ville. Ils ont voulu qu’elle soit non seulement un centre de production, mais aussi un centre de réflexion. C’est ainsi que le théâtre fait intimement partie de notre ville depuis plus de 170 ans. C’est dire si l’art théâtral est profondément ancré dans la mentalité chaux-de-fonnière !

La rencontre de ces deux passions pour le théâtre, celle de Charles Joris et celle de notre Ville, ne pouvaient que produire des résultats étonnants.

C’est pourquoi nous pouvons être reconnaissants à Charles Joris d’être venu s’installer ici, d’y avoir développé le TPR, de lui avoir insufflé une âme et de lui avoir donné toute son énergie et son enthousiasme durant tant de décennies.

Les Amis du TPR garderont toujours en mémoire ces belles années partagées et se réjouissent que l’engagement de Charles Joris puisse être aujourd’hui perpétué et enrichi par la nouvelle équipe du TPR. Merci à Anne Bisang, à John Voisard et à toute l’équipe du TPR de continuer à nous faire réfléchir, à nous faire rêver…

Merci à Charles, à Jacqueline et à tous ceux qui les ont soutenu et leur ont permis de réaliser tant de beaux projets.

 

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