Monsieur le Président du Musée de l’Areuse,
Mesdames et Messieurs les Conseillers généraux et communaux des communes voisines et amies,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis de l’Areuse, de son Musée et de ses poissons (ne pas oublier les poissons un jour de 1er avril, ils pourraient se venger…),
Je vous remercie de votre invitation et de me faire l’honneur de me donner la parole devant cette noble assemblée, sérieuse et concentrée. J’ai le plaisir de vous apporter les salutations et les bons messages du Grand Conseil neuchâtelois, que je représente aujourd’hui. Vous savez ainsi qu’il pense chaleureusement à vous. Nous sommes assez loin des discussions sur le budget pour qu’il puisse se le permettre en toute impunité… Les présidents du Grand Conseil partagent une qualité avec votre musée : ils ne s’usent jamais, ils retrouvent chaque année une nouvelle jeunesse. Depuis 1848, ils sont toujours aussi vifs et pimpants (ou presque)…. Tout comme votre musée.
Monsieur le Président, vous avez fort bien choisi le premier avril cette année, c’est là que je reconnais votre savoir-faire, puisque vous l’avez fait tomber un dimanche, ce qui nous donne l’occasion de fêter dignement le Musée de l’Areuse, sans pour autant manquer à nos obligations professionnelles. Nous ne manquerons que le concert donné au Temple du Bas au même moment !… Je regrette que vous n’ayez pas pu convaincre les musiciens de se déplacer au Musée de l’Areuse. Nous aurions eu une inauguration en musique. Ils auraient pu nous jouer « La Truite », ce qui aurait été de circonstance. A défaut de l’écouter, nous devrons la manger. Vous ne l’aviez pas prévu au menu ? Bon, eh bien, nous devrons encore aller les pêcher…
Je suis heureuse également de pouvoir trahir un secret qui avait été bien gardé jusqu’à maintenant, c’est une nouvelle étonnante, mais réjouissante : le Musée de l’Areuse, va faire son entrée dans le livre des records, c’est en effet le musée le mieux fréquenté de Boudry et des environs. Il suffit de voir la foule des personnalités qui se bousculent aujourd’hui pour s’en convaincre. Bravo à vous tous et toutes qui soutenez ce musée d’avant-garde et d’arrière-garde, un musée vivant, événementiel, qui sait faire de l’instant un art, du passé une nostalgie et du futur un rêve.
Nous allons donc découvrir cette statue emblématique du musée, cette statue dont nous attendons tous et toutes impatiemment la découverte, dont nous espérons tous et toutes la révélation d’un chef d’œuvre, de l’art absolu, l’éblouissement des yeux, l’émotion indicible de la souris découvrant le fromage, la pulsion conquérante du chat découvrant la souris et l’éternelle quête du chien courant après le chat, comme il le fait depuis le commencement du monde. Cette statue est à n’en pas douter le sommet de l’art pour l’art, de l’art politiquement correct, ça va de soi, sans cela vous n’auriez pas pris le risque d’inviter la présidente du Grand Conseil, pas de cet art de charlatan qui représente la Suisse comme elle n’est pas, de cet art comme il s’en est fait il y a deux ans au Centre suisse de Paris et qui a coûté une jaunisse à nos collègues bien-pensants du Parlement et un million à Pro Helvetia, pour insubordination à la représentation « guillaume-tellesque » de la Suisse. Le malheureux créateur zuricho-parisien, Hirschhorn, avait confondu Guillaume Tell avec Winkelried, ce qui est impardonnable. Heureusement notre Parlement était là pour veiller et cette impertinence, cette ignorance crasse, ne se reproduira plus. La Suisse sera toujours ce qu’elle a toujours été : la patrie de Guillaume Tell et il est désormais interdit à tout artiste qui se respecte de se prendre pour Winkelried.
Et le musée de l’Areuse sera toujours ce qu’il a toujours été : un haut lieu de la culture suisse et européenne, un centre de compétence en matière d’éducation et de formation et bien sûr, le point de rencontre de tous les grands esprits. Nous lui souhaitons donc longue vie !
Que vive le Musée de l’Areuse ! Que vivent ses conservateurs ! Que vive notre belle ville de Boudry, notre beau canton de Neuchâtel ! Que vive l’art, le beau, le vrai !
Je vous remercie de votre attention