Les hôpitaux neuchâtelois en mutation
Interview de la conseillère d’Etat Gisèle Ory
Parmi les dossiers brûlants, les chantiers de réformes, l’Hôpital neuchâtelois (HNe) occupe une place sensible. En charge de la santé sur le plan politique depuis 2009, la conseillère d’Etat Gisèle Ory fait bouger les choses. L’ex-conseillère aux Etats a notamment convoqué des « Etats généraux de la santé ». Elle tente de dépassionner le débat entre Haut et Bas du canton, de rassurer et de surmonter les blocages. C’est que les villes du Haut redoutent que le site hospitalier de La Chaux-de-Fonds devienne un établissement de seconde zone. Gisèle Ory répond à nos questions.
Hôpital neuchâtelois fait beaucoup parler de lui. Pouvez-vous rappeler brièvement quels étaient les objectifs de la réforme hospitalière ?
La création d’un établissement de droit public cantonal en 2005, Hôpital neuchâtelois (HNE), répondait à la volonté de garantir une prise en charge d’excellente qualité des patients neuchâtelois et de ramener les coûts des hôpitaux dans la moyenne suisse pour des établissements comparables. Sans avoir l’ensemble du dispositif hospitalier dans les mains, c’était mission impossible. Il s’agissait de quitter la voie régionaliste pour entrer dans une vision cantonale du système hospitalier, de supprimer les doublons inutiles et de réorganiser les hôpitaux selon une logique de complémentarité entre les sites, sans perdre de vue la notion d’équilibre régional. Il y avait un large accord pour cette réforme alors pilotée par Mme Monika Dusong.
Et où en est cette réforme aujourd’hui ?
Réunir les gens et piloter ce bateau d’une seule main a déjà produit des économies importantes. Tendanciellement, le coût des hôpitaux neuchâtelois se rapproche de la moyenne suisse. Des efforts énormes ont été faits et je tiens à souligner que ce n’est pas sur le dos du personnel, car en parallèle les salaires ont été améliorés et les horaires de travail ont diminué. Il reste encore un bout de chemin, mais cela devient compliqué, difficile à cibler, car le potentiel d’économies évidentes est épuisé. Il faut de plus se méfier des moyennes car certaines manières de compter peuvent varier d’un canton à l’autre. C’est pourquoi je veux lancer une étude approfondie qui va nous donner des éléments de comparaison précis.
Quels seront les points forts d’Hôpital neuchâtelois en tant qu’hôpital régional ?
Nous avons déjà un hôpital performant et les gens sont bien pris en charge. J’ai des retours positifs. Les Etats généraux de la santé ont mis en évidence, pour un hôpital multisite, l’importance des transports d’un site à un autre. Comme ailleurs, l’accent sera mis sur l’ambulatoire. Cette option implique une diminution de la longueur des séjours hospitaliers. Seuls les patients exigeant une grande intensité de soins séjourneront encore à l’hôpital. Tout n’est pas décidé quant à la répartition des rôles, mais nous tenons à un certain équilibre entre les sites de Pourtalès à Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds, tout en évitant les redondances et en assurant une bonne complémentarité. Je suis persuadée que les Neuchâtelois disposeront d’un système de soins de grande qualité qui ne coûtera pas plus cher qu’ailleurs.
Hôpital neuchâtelois a-t-il l’ambition de développer des centres de compétences reconnus dans la perspective de l’ouverture des frontières cantonales en 2012 ?
Nous avons déjà un pôle de compétence de soins palliatifs, la Chrysalide à La Chaux-de-Fonds. Nous sommes en train de créer un pôle de compétences en gériatrie à Couvet, dans le Val-de-Travers. Hôpital neuchâtelois va créer un centre femme-mère-enfant (gynécologie, obstétrique et pédiatrie). J’aimerais qu’il mette l’accent sur un accueil aussi familial que possible. On pourrait même imaginer qu’à terme, il puisse proposer une ou l’autre technique d’accouchement particulière. Enfin, il y aura à La Chaux-de-Fonds un centre de compétence en sénologie. On pourrait encore imaginer d’autres spécialités quand la répartition des missions entre les sites sera définie.
Les choix stratégiques sont-ils aussi conditionnés par une certaine coordination régionale intercantonale en matière de santé ?
La LAMal révisée exige une certaine coordination entre les cantons. Pour les cas aigus, il existe des conventions avec les hôpitaux universitaires, le CHUV, les HUG et l’Hôpital de l’Ile à Berne. Les hôpitaux régionaux, en concurrence dès 2012, devront forcément se répartir les missions, non seulement à l’intérieur des cantons, mais dans l’ensemble de l’Arc jurassien. Nous avons déjà une convention BEJUNE en matière de soins palliatifs et une convention avec le canton du Jura pour la Clinique cardiologique de réadaptation du Noirmont. Il faudra sans doute multiplier conventions, collaborations et coordination.
DSAS
Case postale
Le Château
2000 Neuchâtel
Tél. : 032 889 61 00
Fax : 032 889 60 64
E mail : Secretariat.DSAS@ne.ch
www.ne.ch – lien : organigramme/DSAS