Cérémonie d’accession à la présidence du Grand Conseil, Château

 

Message de Gisèle Ory

 

Monsieur le Président du Conseil d’Etat,

Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat,

Mesdames et Messieurs les invités,

Chers Collègues,

 

Je souhaite que cette nouvelle année de débats qui s’ouvre devant nous soit fructueuse pour notre République. La salle du Grand Conseil a souvent résonné ces derniers mois de chiffres et de calculs ardus. On a parlé francs et centimes, déficits et dettes, péréquation, frein aux dépenses et économies. C’est un exercice nécessaire. Nous nous devons de gérer le ménage de l’Etat avec la plus grande rigueur, car nous sommes responsables devant nos concitoyens de chaque franc que nous dépensons.

Cependant, au-delà des chiffres que nous aurons à traiter, je voudrais que nous prenions un peu de distance et que nous ne perdions pas de vue l’avenir de notre canton. Notre avenir ne se résume pas à des additions et à des soustractions. Non, nous pouvons et nous devons avoir de l’ambition pour notre canton.

Nous sommes très petits, c’est vrai, quelques dizaines de milliers d’habitants aux confins de la Suisse. Nous nous considérons nous-mêmes souvent comme une région périphérique. Cela ne nous enlève néanmoins pas toute capacité de penser, de créer, de construire. Nous l’avons prouvé à maintes reprises. Au siècle passé, le rayonnement de notre canton a dépassé largement son poids démographique.

Il est temps que nous nous pensions différemment. Nous avons déjà engagé une partie de cette reconversion idéologique en créant le RUN, c’est-à-dire en considérant notre canton comme une seule entité urbaine. En cela, nous avons déjà changé notre perspective. Nous nous sommes élevés au-dessus des disparités régionales pour créer un espace unique. Et de cette union pourra naître une nouvelle force de création pour notre canton.

Nous avons aussi révisé notre position en Suisse et nous nous sommes rapprochés de l’Arc lémanique, en pleine effervescence économique. Nous avons cherché des synergies avec la HES-SO et l’EPFL. Nous avons effacé les distances entre Lausanne et Neuchâtel et nous nous sommes considérés comme faisant partie de cet espace de développement et de recherche.

Nous pouvons nous élever encore d’un cran et considérer notre position en Europe. Le canton de Neuchâtel est aux frontières de la Suisse, mais il est au centre de l’Europe. Cette position et l’ouverture dont nous avons toujours fait preuve et qui est à l’origine de notre prospérité économique nous donne des avantages que nous n’avons pas encore complètement explorés. Il y a à développer les transports et les communications. Il y a à améliorer les relations dans le domaine culturel, de l’éducation et de la recherche. Le jumelage entre Neuchâtel et Besançon est un pas intéressant dans cette direction et le concert du conservatoire de Besançon, que nous avons pu entendre au mois de mai au Temple du Bas, en est une expression.

Pourquoi ne pas nous prendre à rêver comme Jean-Michel Ligier, dans son Arc jurassien, région d’Europe. Il écrit : « Il était une fois, entre Rhône et Rhin, une région de moyennes montagnes, de plaines et de vallées, fière et belle, à l’image de ses sapins. Idéalement positionnée, porteuse de traditions autant que d’innovations, mais malheureusement morcelée, cloisonnée, divisée, tiraillée, écartelée. Morcelée en départements côté français, en cantons côté suisse ; écartelée même, entre deux fois deux pôles externes, bien structurés autour de grandes métropoles : Strasbourg et Lyon, d’une part, Zürich et Genève, d’autre part. (…) Or cette région reposait sur un trésor : le Jura. (…)

A y regarder de plus près, ce trésor avait la forme d’un arc.

Une idée naquit, portée par quelques-uns, puis une image et un slogan : « Entre Rhône et Rhin, l’Arc jurassien ! »

Cette place-là, nous avons encore à la penser, à la créer, à la conquérir, ensemble, avec nos voisins d’autres cantons et de la France.

Dans son discours de 1848 sur les Etats-Unis d’Europe, Victor Hugo disait : « Dès à présent l’œil qui s’élève voit distinctement le beau rêve qui sera le réel un jour ».

Oui, Mesdames et Messieurs, la réalité de demain, c’est l’utopie d’aujourd’hui et cette utopie, nous devons l’imaginer chaque jour à travers notre travail politique et préparer ainsi la réalité de demain.

Permettons-nous au-delà des chiffres et des limites matérielles que nous avons, de réfléchir à notre avenir et de l’imaginer avec ambition.

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