Formant un verdoyant collier
A ses toits, vrais nids de colombes,
Les roches, les grands bois, les combes
Font très accueillant Develier.
Mais l’humble bourg, pauvre en faits d’armes,
Blotti dans ses vergers en fleurs,
Sans ravir aux autres les leurs,
Voudrait voir centupler ses charmes.
Il voudrait, au lieu d’un ruisseau,
Voir dans ses rues un Pactole ;
Un Parthénon, un Capitole
Au lieu d’un modeste coteau.
Il voudrait une cathédrale
Aux campaniles dentelés,
Comme ailleurs vous en signalez
Touchant la voûte sidérale.
Un château garni d’un donjon
Revêtu par endroits de mousse
Et qui, de sa patine douce
Ferait sourire l’horizon.
Il aurait alors plus de joie
A recevoir les cœurs amis,
Ceux que la Providence a mis
Hors des foules que l’on coudoie.
A quoi bon ? diligent rucher,
Tout le jour il butine,
Et pour éviter la routine
Sonne l’Angélus au clocher.
Peu lui chaut d’ailleurs tout le reste :
Les avantages précités,
Le clinquant des fières cités ;
Il conserve sa mine agreste.
Calme parmi les effarés,
Il vit content, sans amertume,
Supportant la neige ou la brume…
Venez le voir, vous l’aimerez.
Abbé L. Bouellat
Les Ailes étendues
1940
Blotti dans un vallon entre la colline Sur Chaux et ka chaîne du Lhomond, le long du ruisseau de la Prau, entouré de beaux vergers et dominé par une fière église, Develier est l’un des vieux villages de la vallée de Salignon. Près du village, à gauche de la route de Delémont, on a découvert des tumuli, des sarcophages, des ossements, des poteries rouges. Il y a même à Develier des traces d’une exploitation de fer.
Les Romains avaient à Develier un établissement important. En 1841, M. l’Abbé Sérasset mettait à jour les fondements d’une villa de maître, grande de 118 sur 48 pieds [1]. Il y eut aussi un camp romain traversé par une route qui conduisait au Creux des Sarrazins. On suppose que les terrasses qui limitaient le camp du côté du village étaient fortifiées de palissades. Avec les Invasions barbares, la localité ne disparut pas : on a retrouvé à Develier des tombes de la première époque germanique.
L’on nomme Creux-des-Sarrazins un chenal entaillé dans le roc sur une largeur de neuf pieds. La tradition veut qu’une horde de Sarrazins soit allée abreuver ses chameaux à la Sorne en utilisant cette longue charrière. Les Sarrazins auraient encore gravé, en caractères arabes, le nombre 23 que l’on peut lire sur le rocher.
Develier apparaît comme village dans les actes en 1139. le village fut le berceau d’une race seigneuriale.
Issus sans doute d’une famille de vieille féodalité rurale, les seigneurs de Develier avaient près du village un manoir, modeste maison fortifiée entourée de fossés et garnie d’une tour armoriée.[2] Une métairie portera plus tard le nom de Château. Les Develier blasonnaient d’argent aux deux ailerons de gueules. Leurs droits sur le village n’étaient que fort restreints : le chapitre de Saint-Ursanne, l’abbaye de Moutier ont à Develier des biens qui augmentent encore avec le temps, et que le pape leur confirme à plusieurs reprises. Peut-être les Develier exerçaient-ils un contrôle sur le col des Rangiers. Quoiqu’il en soit, c’est en souvenir des exploits de l’un d’entre eux que les bois qui bordent cette voie se nomment « Bois des Raubes ».
Des Develier sont issus les Marskald de Telsberg, éteints en 1414, et les von Ried, devenus ORY. Dès le 14ème siècle, ces familles ont perdu tout droit sur le village, qui sera jusqu’à 1793 l’un des treize francs-villages de la vallée de Salignon. Comment, à quelle époque les derniers droits féodaux ont-ils disparu, quand le château a-t-il disparu ?
C’est ce que nous ne savons. Il n’en reste rien que des légendes, souvenirs de tragiques aventures.
La paroisse de Develier fut créée au 12ème siècle déjà. Son patron est Saint-Imier. Les nobles de Montjoie en furent collateurs, puis les nobles Desbois (des Boys, de Buix), établis à Delémont, et, à l’extinction de ceux-ci au 18ème s., de nouveau les comtes de Montjoie. Comme décimateurs, les nobles Desbois devaient maintenir la couverture de l’église ; en 1638, ils recevaient la moitié de la dîme, l’évêque de Bâle et le curé chacun un quart, ce qui valait, dans les bonnes années neuf à dix bichots de blé et d’avoine. En 1671, la dot curiale vaut au curé 5 livres 9 sols, 14 bichots de grain, le produit de 8 arpents de champ et 7 voitures de foin.
Le pays ne demandait qu’à vivre en paix lorsqu’éclata la guerre de Trente Ans. Dévastée, pillée, incendiée, la région fut pendant quinze ans la proie des armées étrangères. En 1637, les « Suède » saccageaient Develier. Les maisons furent incendiées et l’église livrée aux flammes. C’est alors qu’un miracle éclata aux yeux de tous : au milieu du brasier, debout parmi les cendres du mobilier de l’église, l’on retrouva intact le crucifix de bois qui était suspendu à la voûte du chœur. Le peuple en éprouva une grande consolation et une espérance pour l’avenir. Ce crucifix, haut de cinq pieds et daté de 1600, est placé sur l’autel de gauche. Un pèlerinage vient l’honorer chaque année au début de mai.
La misère était telle à Develier qu’il fut pendant un siècle impossible de relever l’église de ses ruines. L’on se contenta de voiler d’une charpente les murs calcinés du vieil édifice. La commune, endettée par la guerre, dut aliéner plusieurs de ses propriétés, et il lui fallut longtemps pour se relever. Mais peu à peu elle reprit sa prospérité d’antan, et en 1793, elle était l’une des plus florissantes de la vallée. Develier ne se compromit pas lors des troubles de 1730-1740.
En 1746, les paroissiens demandèrent et obtinrent de l’évêque que l’on restaurât leur église qui menaçait de s’effondrer. Il fut décidé que les Comtes de Montjoie, collateurs et décimateurs de la paroisse, répondraient de la toiture, que les communiants et les propriétaires se chargeraient des murailles du vaisseau, la bourgeoisie de la tour ; la caisse des paroisses de la vallée versa encore 1450 livres bâloises pour le nouvel édifice, qui fut bâti en 1750-1751. Il fut consacré le 12 août 1753 par le prince-évêque Guillaume Rinck de Baldenstein, sous le patronage de Saint Imier, auquel est dédié le maître-autel. L’autel de droite est dédié à Notre-Dame des Sept-Douleurs et celui de gauche au Saint Crucifix.
Develier eut à souffrir de plusieur5s plaies et catastrophes à l’époque de la Révolution. L’hiver 1788-1789 fut très dur : l’on retrouva des biches gelées sur leurs pieds. Le froid causa des morts et des maladies et décima le bétail. Il fallut mener le blé moudre cher les meuniers du Doubs, et l’on devait casser la glace et faire du feu sous les roues[3].
La nouvelle cure, bâtie en 1762, fut détruite par le feu en 1791, ainsi que les archives. Elle ne fut rebâtie qu’en 1801.
En 1793, ce fut l’occupation française, avec son cortège d’enrôlements et de persécutions auxquels ne peuvent se comparer que les réquisitions des Alliés en 1814.
En 1817, ce fut l’Année du Cher Temps. La famine était telle que l’on vit des enfants manger l’herbe des prés.
Develier compta parmi ses curés des hommes éminents, ainsi le curé Morel[4], plus tard doyen, homme très actif, qui travailla beaucoup au relèvement moral de la population.
De 1830 à 1869, l’Abbé historien Nicolas-Marin Sérasset fut curé de Develier. Il érigea dans son église les confréries du Saint Sacrement et du Saint et Immaculé Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs. Il écrivit en 1840 « L’abeille du Jura ».
Le petit village de Develier-Dessus possède une chapelle bâtie en 1830 sur un terrain donné par M. de Verger dédiée le 11 décembre 1838 à Sainte Philomène.
Un oratoire a été bâti en 1945 au Bois des Raubes. On vient y vénérer une statue de Notre Dame.
De Develier dépendent les fermes de : Clau-le-Chapuis , Es Vies, Lieu Galit, Tivila, Sous Fontenez, Les Chaux-Four, Pré-au-Maire, Beaulieu, Pécul, la Paupièce.
Le village était autrefois catholique, sauf quelques anabaptistes (en 1900, environ 70 pour 600 habitants). De nos jours, il y a à Develier un grand nombre de paysans venus de Suisse alémanique – surtout dans les fermes isolées et à Develier-Dessus.
Les familles bourgeoises de Develier sont :
– Chappuis (deux groupes : les Gris et les Petits)
– Ory (deux origines différentes : Ory du Haut et Ory chez le Mange-Raves)
– Greppin
– Saucy
– Nussbaumer
– Monnin
– Joray
On trouve aussi dans les registres les noms de:
– Lachat
– Beuchat
– Rais
– Rhein
– Hennet
– Petit
– Montavon [5]
Seigneur de Develier, est cité en 1184 comme témoin dans l’acte par lequel Louis comte de Ferrette confirme par jugement au couvent de Moutier-Grandval la possession d’un alleu donné par Gérolde de Courrendlin, alleu situé à Courrendlin et Rebeuvelier.
De Develier figurait comme témoin dans un acte relatif aux droits de Bourcard dit Bobuat sur Sceut, pagus inferior. 1204
Seigneur de Develier, est présent à la signature de l’acte par lequel Bourcard dit Bobuat abandonne à l’abbaye de Bellelay toutes ses prétentions sur Sceut donné à ce couvent par ses ancêtres. Cet acte est également signé par Wilhelmus de Develier, qui était prêtre[6]. Le 18 juin 1255, Rodolphe d’Asuel échange des propriétés avec Bellelay. Parmi les témoins figure son maire Walther de Develier.
« Item destructum est castellum in alto loco Ried fugitque miles Valentinus de Titivilla qui fratrem occidit »[7] « In proelio [8] pugnaverunt Dieboldus et amicus Valentinus de Ried-Telsperg (genant Heinrich der Rieder) qui signum tulit » [9].
Heinrich der Rieder est cité comme conseiler en 1352[10]
Flavianus (Le Fauve) ou Ruggus (Le Roux) : Henri de Orri, dit Flavianus ou Ruggus.
Cité par de nombreux documents « Burkarto Basserero, furti latronique, si ultimo diei septimaniae non desponit[11] episcocum legatumque Giacominus Crampinorum pendemus. Deponenda est summa supra quercum pontem piscastellipost. Su vult miles Henricus dictus Ruggus Flavianus de Orri – Le sceau atteste la parenté avec les précédents. [12]
« Herre Hans Oriehs kleiner Knecht hatt mir geschenkt I Röre ist bei eins Gulden Wert“[13]
Charles-Jean (Karlhans)
Les différents membres de la famille pendant son séjour en France sont cités par les biographes de Jean et de Philbert Orry.
Anno 1790 duodecicesima Novembri Rd Ferdinandus Koetschet presbyter delemontanus ex mea comissione sub conditione baptisavit infantem eadem die natus danique ab obtetrice ob imminens periculum mortis baptisatum ex legitimis parentibus Francisco Josepho Maria Orry, de Fulviaco milite, et Franciska Anna conjugibus ex Lutetia, cui impositum est nomen Franciscus Josephus. Patrini fuerunt Henricus Ory et Maria Ursula Ory
Eadem die, qui legitionis parentibus Francisco Josepho Maria Orry de Fulviaco et Franciska Anna imminet mors et ei non possunt infantem nutrire et educare adoptaverunt infantem joannis Baptista Ory et Maria Francisca Ory, conjuges ex Develieri et ei imposuerunt nomen Henricus, sui defuncti infantis.
Testes fuerunt Henricus ory et Maria Ursula Ory, qui une mecum subscripserunt : G. Voisard, Henry Ory, Ursule Ory[14].
Les seigneurs de Develier ne semblent pas avoir joué un grand rôle comme tels. Ils ne possédaient pas tout le terroir du village et leurs droits sur le village doivent avoir été assez restreints. Develier en effet sera l’un des francs-villages de la vallée de Salignon. Et si l’on compte qu’à côté des franchises accordées aux villageois, le chapitre de Saint-Ursanne avait à Develier des biens et des droits confirmés par Innocent II en 1139 (date à laquelle apparaît Develier), puis renouvelés encore par Alexandre III le 24 mars 1178, l’abbaye de Bellelay y avait des domaines reconnus par Lucius III le 24 mars 1182 et par Honorius III le 2 mai 1225 auxquels s’ajoutent encore en 1256 les terres que Walter d’Ornet échange contre des biens situés à Gervillers, que reste-t-il aux seigneurs du lieu ?
La mention de leurs droits n’apparaît pas dans les documents. Peut-être exerçaient-ils des avoueries comme ministériaux ? les premiers ne sont cités que comme témoins, ainsi Conon de Titenibre ( ?) en 1184, Waltherus, Wilhelmus (1255), Fridericus. L’on pense que les Marschallk von Delsberg snt issus des seigneurs de Develier. Cette famille, qui exerça différents droits au nom du Prince-Evêque de Bâle, quitta Develier. Les Marschallk s’éteignirent en 1414. Leurs plus proches parents, les Schalern de Schalberg, au 16ème siècle[15].
Au 14ème siècle vivait un représentant illustre de la famille, le chevalier Veltin. Deux documents contemporains rappellent sa mémoire. Ils nous disent que Veltin a tué son frère, qu’on a détruit son château et qu’il s’est enfui, puis qu’il a combattu à Laubeck et ramené le drapeau des Bernois. [16]
Quel était donc ce château qu’on a détruit ? Etait-ce la maison fortifiée de Develier sur laquelle on avait peint les armoiries de la famille dont parle Daucourt ? [17] Le document nous dit « Le Haut Ried ». Nous ne savons pas s’il s’agit du château de Develier ou d’un autre lieu. Plus tard, Veltin portera le nom de « der Rieder » ou « Veltin von Ried ». Il se rend à Berne, prend part à deux expéditions dans l’Oberland et son fils siègera au Conseil.
Les deux documents conservés, des légendes, une remarque d’une chronique qui les confirme, voilà qui nous permet de reconstituer la figure de ce Veltin. Nous avons vu que les droits des seigneurs locaux sur Develier se résumaient à fort peu de choses. Lorsque, avec la fuite des Develier alias von Ried, ils passeront aux Des Bois ou de Buix, ils ne comprendront plus guère qu’une décimature. Aussi, toujours dans la misère, Veltin a-t-il assailli des commerçants, des convois de marchandises. De là le nom de forêt des Raubes[18]donné aux bois qui bordent la route des Rangiers. Le petit seigneur est devenu à la charge. Commerçants, paysans et même grands féodaux l’exècrent. Même son frère, un moine énergique le lui fait sentir. Lui pourtant ne veut pas leur mal : il veut simplement vivre.
Il tue son frère. La légende raconte que c’est au cours d’une attaque de convoi. Son frère aurait tenté de le retenir et Veltin l’aurait écarté d’un coup d’épée. Son château est détruit, il s’enfuit. Le pays ne l’a pas regretté et désormais Develier sera tout à fait franc. Les descendants de Veltin ne résideront plujs comme seigneurs à Develier.
Pourtant Veltin fait encore parler de lui : à Berne, où il s’est réfugié, ce guerrier passionné s’éprend de la fille d’un seigneur ennemi et, pour elle, trahit les Bernois. Alors que l’armée espère une surprise, l’ennemi se prépare, car « die Herren warend Heimlich gewarnet ». Mais sa trahison est inutile. La main, l’amour même de la belle lui est refusé. Il revient à la tête d’une troupe, prend le château par ruse, mais la belle Désirée se jette dans la rivière du haut des rochers.[19]
Avec Veltin, nous avons assisté à la chute de la seigneurie rurale. Avec Ruggus, nous voyons la petite féodalité tenter de se survivre. Veltin était un chevalier-brigand, Ruggus sera un chevalier-errant. Veltin était seigneur, Ruggus sera bailli. Rien ne relie plus Ruggus à Develier, berceau de sa famille. DIl réside à neuenstein, il porte – le premier – le nom de Orri, et est surnommé Ruggus, (le Roux) ou Flavianus (Le Fauve). Son histoire nous est rapportée par une légende et de nombreux documents. Rodolphe de Neuenstein lui ayant remis son château, Ruggus en fit un repaire de brigands. Il enleva en 1438 deux prélats anglais qui se rendaient au concile de Bâle, puis, assiégé par les Bâlois, s’enfuit dans la montagne, abandonnant la forteresse qui fut saccagée. [20] Sitôt les Bâlois partis, Ruggus revient dans Neuenstein, relève les ruines et reprend ses brigandages. Il s’attaque même à des Soleurois. Soleure envoie une troupe qui s’empare du château. Rodolphe de Neuenstein demande alors au prince-évêque de Bâle d’intervenir. Celui-ci fait ordonner le 24 janvier 1439 par Rodolphe à Ruggus de cesser ses brigandages et demande aux Soleurois de rendre à Rodolphe et à Ruggus château, arbalètes et rôles confisqués et de leur verser 200 Gulden d’indemnité.[21]
La vie de Ruggus dès lors devient plus obscure. Elle n’est plus relatée que par une légende que confirme une chanson populaire française. Il semble que le bouillant chevalier ait assisté à la bataille de Saint-Jacques, et le coup de main qu’il fit contre Faremoutiers est resté célèbre :
« Le comte Ory disait pour s’égayer
Qu’il voulait prendre le couvent de Farmoutiers
Pour plaire aux nonnes et pour les désennuyer »
L’on veut qu’il soit tombé les armes à la main, au début des guerres de Bourgogne. Son fils assista à la bataille de Morat.[22]
Les deux familles
Il faut se contenter, au 16ème siècle, de suivre dans ses grandes lignes l’histoire de notre famille. Hans, fils du Roux, doit être venu à Bâle à la fin du 15ème siècle déjà. Son fils, « Karlhans, figure sous le nom de Orri en 1534 dans une liste d’orfèvres ». La famille, déchue, s’adonne à l’artisanat – sans déroger : l’orfèvrerie est un métier honorable. «Nous savons, par cette liste, que Karlhans a eu un fils nommé Jean ». J’emprunte ces renseignements à une lettre inédite de M. Grosley, sans avoir pu moi-même retrouver le rôle bâlois en question.
Jean se retrouve au Mans en 1572, où il sera l’ancêtre de quatre familles Orry, dont trois resteront au Mans. Il épouse Marie Nepveu. Il est drapier.
L’un de ses fils, nommé Marc quitte le commerce paternel pour devenir libraire-imprimeur. DIl conserve comme marque artisanale le signe adopté par son père : un lion sur un rocher. « C’est lui le bisaïeul de Philbert Orry, ministre de Louis XV. [23]
Marc Orry quitte le Mans pour s’établir libraire à Paris, ville où naquit son fils François, qui fut élevé par un oncle maternel, chanoine à Orléans. François étudia le droit, fut avocat à Paris, puis bailli de Bois-le-Vicomte et de Montrouge. Professeur de droit à Orléans, il écrivit plusieurs ouvrages qu’il signa Osius. Il prit la défense de Cujas, chez lequel Mérille, professeur à Bourges, avait relevé des contradictions. Un incident de cette querelle est resté célèbre : au cours d’ne discussion au sujet de la loi Vinum au Digeste, Claude Aymon Monet, gentilhomme du Fancignsy, appliqua un vigoureux soufflet à Ory. François Ory mourut en 1657, riche de plus de cinquante mille écus.[24]
Jean Orry, seigneur de Vignory, naquit à Paris en 1651. Il était fils de François. Il étudia le droit et entra comme juriste dans l’administration royale. Il y fit une rapide et brillante carrière : pendant la guerre de Hollande, il est munitionnaire général des armées du roi ; en 1700, il est conseiller-secrétaire du Roi ; en 1701, il est chargé d’étudier la situation financière du royaume d’Espagne dont Philippe d’Orléans vient de ceindre la couronne. Cette enquête terminée, Jean orry reste à Madrid comme attaché extraordinaire près la cour de Philippe, dont il sera , avec Amelot, le principal administrateur français.
Le roi Philippe lui confie divers travaux financiers, puis le nomme surintendant général de l’armée. Bientôt il exerce le contrôle des finances royales. Il s’acquitte, au dire des auteurs espagnols, avec un rare mérite de la lourde tâche que constitue la réorganisation de l’intendance royale. Il sert le Roi d’Espagne pendant quatorze ans et revient en France en 1715.
Jean orry fut honoré de nombreuses distinctions : le Roi d’Espagne le nomma Vecdor en 1713, le Roi de France le fit Chevalier de Saint-Michel et Président à moitier du Parlement de Metz. Il avait épousé Jeanne Esmonyat, dont il eut deux fils : Philbert[25], surintendant des finances, et Jean-Henri-Louis [26], fondateur de la manufacture de Sèvres, et une fillle quiépousa M. de la Galaizière, chancelier du Roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar. Jean Orry mourut à Paris en 1719.[27]
Philbert Orry, comte de Vignory, naquit à Troyes en 1689. D’abord cornette cavalerie, il acheta une charge de conseiller au parlement de Paris, puis devint maître des requêtes en 1715, intendant de Soissons en 1725, de Perpignan en 1727, de Lille en 1730 et, la même année en mars, contrôleur général des finances, poste auquel il remplace Lepelletier des Forts et qu’il occupe jusqu’au 6 décembre 1745, soit pendant plus de quinze ans.
En matière de finances, Orry perçut avec rigueur les droits établis avant lui. Les baux des fermes et les tailles furent quelque peu augmentés ainsi que le don du clergé. L’un fit rentrer les capitations de la cour. Il ne fut, au début, pas nécessaire de prélever de nouveaux impôts pour améliorer le Trésor. La dette constituée fut couverte par des dépenses retranchées et par un meilleur rendement des droits antérieurs.
Le 20 octobre 1733, le roi déclarait la guerre à l’Empereur. Orry se vit contraint de rétablir le Dixième, impôt prévue pour couvrir les dépenses de la guerre. Cet impôt fut prélevé d’après les déclarations des syndics et mains, contrôlées chez les notaires et comparées aux actes d’après lesquels l’Eglise percevait la dîme. Les terres furent alors réparties en trois classes d’après leur rendement. Le Dixième se révéla difficilement applicable aux commerçants et aux industriels. Orry écrit : « Je sens que le peu de cer4titude que l’on a de la vraie situation des négociants et commissionnaires jettera toujours beaucoup de doute sur ce à quoi on doit les imposer ». Il craint que des perquisitions ne permettent pas de connaître la fortune ou le revenu de chacun. Il ne put le percevoir avec précision. Le Dixième (impôt sur le revenu) ménagea les négociants et pesa sur les propriétaires et les cultivateurs.
Orry contracta des emprunts à bref délai et es emprunts sous forme d’offices. « Grâce à son habileté, ces emprunts furent toujou5rs très promptement remplis » [28] . On tira cent millions des loteries et des créations de rentes.
Orry ne put réaliser certaines économies : si les pensions diminuent, les gratifications augmentent. Les courtisans touchent des indemnités, des compensations.
Les finances prospèrent : les recettes font entre 230 et 240 millions, les dépenses de 170 à 210 millions de Livres.
En matière de commerce et d’industrie, Orry est un colbertiste qui exagère le colbertisme. Il frappe les marchandises étrangères de droits très lourds ou les prohibe afin de protéger l’industrie nationale. Il établit des manufactures privilégiées, réglemente le travail, parfois hors de propos : ainsi, il fixe à la Saint-Jean la tonte de tous les moutons de France sans égard à la maturité des laines, fonction du climat et de la race. Il interdit le débauchage et l’émigration des ouvriers. A Lyon, seuls les maîtres-marchands entreprenaient l’industrie de la soie. Ils confiaient le travail à des maîtres-ouvriers, qui employaient des compagnons et apprentis. Le maître-ouvrier devait payer 300 Livres pour pouvoir travailler à son compte. En 1737, Orry supprima ce droit. Les marchands protestèrent et le droit fut rétabli en 1744. L’insurrection éclata à Lyon. On cessa le travail, on obligea le prévôt à annuler le nouveau règlement et une maison fut dévastée. Le Roi envoya des troupes à Lyon[29]. Le règlement fut rétabli le 15 février 1745 et les émeutiers condamnés.
Orry accorde beaucoup d’attention au problème des routes. Il les répartit en cinq catégories suivant leur importance et en prévoit l’entretien par la corvée, entreprise par des ingénieurs fonctionnaires d’Etat. La corvée atteint surtout les pauvres gens qu’elle aigrit. On le fait observer à Orry, qui répond : « J’aime mieux leur demander des bras qu’ils ont plutôt que de l’argent qu’ils n’ont pas ». les routes deviennent excellentes. L’effort amorcé par Orry continuera. En 1747, Trudaine ouvre l’école des Ponts et Chaussée.
Sous la haute direction de Orry, le commerce extérieur, administré par le Bureau du Commerce, se développera. 700 navires commercent avec le Levant[30], 600 dans les Iles à Sucre. On pêche le hareng, la morue, la baleine. La France emploie 5364 bâtiments, montés par 41’500hommes d’équipage. Le commerce quadruple de 1716 à 1743.
Pourtant la misère est générale. Les villes, les spéculateurs profitent. L’ouvrier gagne 13 sous à Abbeville, 8 en Poitou, la femme, l’enfant de 2 à 4 sous. Le pain est grossier, on n’a pas de meubles, pas de lit. En 1739-40, les récoltes sont mauvaises. Des femmes saisissent à la bride les chevaux du cardinal Fleury en criant qu’elles meurent de faim. Le 18 septembre 1740, le Roi, passant par le faubourg Saint-Victor entend crier « Du pain, du pain » ! Orry, populaire autrefois – « tous se louaient de son exacte et paisible administration » [31] – se sent « en exécration par tout le royaume » [32] il presse la rentrée des impôts, d’Argenson le traite de « bourreau ». Des pénalités atroces sont prises contre les contrebandiers, les faux-sauniers. Garnisaires imposés aux récalcitrants, emprisonnements, ventes de bétail, de meubles, de portes, de fenêtres, de loquets. D’Argenson impute ces barbaries au contrôleur général. On lui reproche d’être médiocre, sans idées, routinier [33]. Il s’oppose à Louis XV, disant se souvenir fort bien avoir, pendant la guerre de 1709 donné l’aumône sous les murs de Versailles à des gens portant livrée et ne jamais consentir à ce que chose pareille se reproduise sous son administration. Il fait l’effet d’ « un taureau dans une allée ». Il n’a pu prendre « comme le Cardinal son maître ce vernis de cour qui tempère l’amertume des refus » [34]. A Madame Lenormand d’Etioles – la future marquise de Pompadour – il refuse une place de fermier général pour son mari, disant : « Si vous êtes, Madame, ce qu’on dit, vous n’avez pas besoin de moi. Si vous ne l’êtes pas, je n’ai pas besoin de vous et je ne donnerai cette place qu’au mérite ». « Sur vingt personnes qui me font des demandes, disait-il, 19 me prennent pour une bête ou un fripon ».
Sans être protecteur déclaré des arts et des lettres, il encouragea les hommes de talent. Il rétablit l’exposition de peintures de la galerie du Louvre[35]. Le peintre Natoire lui dut sa position. Grosset lui adressa sa septième épître. L’Académie de peinture le nomma Vice-Protecteur. Sur la recommandation de Voltaire, il promit de se charger du sort de Marmontel, mais celui-ci arriva trop tard à Paris. Orry était déjà tombé : la marquise de Pompadour lui gardait rancune.[36] D’Argenson désigna au roi m. de Machant pour le contrôle des finances. M. de Tournelieur devient directeur général des bâtiments et manufactures, poste qu’Orry occupait dès 1736. De plus, Orry était conseiller d’Etat à vie depuis 1730 et ministre d’Etat.
Philbert Orry se retira en son château de Chapelle, entre Troyes et Nogent sur Seine, où il mourut le 9 novembre 1747. Son portrait a été peint par Rigaud, gravé par Lépicié en 1735 – 37, lequel dut adresser une supplique en vers aux fermiers pour être payé de ses honoraires. [37]
Jean-Henri-Louis Orry, comte de Fulvy (1703 – 1751) naquit et mourut à Paris. Il fut successivement conseiller au Parlement de Paris dès 1723, maître des requêtes dès 1731, conseiller d’Etat et Intendant des Finances dès 1737. Gouverneur de Vincennes, il établit de ses deniers dans ce château une belle manufacture de porcelaine que les fermiers généraux achètent en 1750 et transportent à Sèvres dans de vastes bâtiments construits pour la recevoir. Le roi reprend cette manufacture neuf ans plus tard, la réunit à son domaine et la commet à la surveillance de M. Bertin, gouverneur de Paris. D’une conduite relâchée, orry de Fulvy dilapida sa fortune. [38]
Collé a tracé son portrait : « Or donc, le trois du courant, mourut M. Orry de Fulvy, Intendant des finances, frère du défunt Contrôleur général, après avoir souffert pendant un mois tout ce qu’il est possible de souffrir, et avec une fermeté qui a peu d’exemples. – Jamais homme n’a été plus méprisé et plus estimé en même temps. Sans conduite, ayant perdu, dans une soirée, comme un polisson 400’000 francs au Biribi, folie qui pensa lui coûter sa place. M. Orry pressa lui-même M. le Cardinal de la lui ôter, et ce fut, à ce que nous a conté M. L’abbé de la Galaizière, le seul expédient qu’il trouva capable de la lui faire conserver. – Vivant d’une façon crapuleuse avec la femme de son commis, quelques subalternes et de bas complaisants. – D’un autre côté, c’était un aigle en affaires, actif, laborieux, intelligent, un esprit de lumière, sans préjugés, écoutant tout le monde, d’un accès facile, une judiciaire excellente, et expéditif. – on convient que personne n’entendait mieux le commerce que lui et que jamais la Compagnie des Indes n’a été mieux gouvernée que par lui et l’on s’aperçoit aujourd’hui, dit-on, de la différence de l’administration actuelle et de la sienne. Ceux qui, depuis lui, ont été à la tête de cette Compagnie ont fait sottise sur sottises et l’on n’en veut point d’autres preuves que le Mémoire de M. de la Bourdonnois ; c’est encore aux soins et à l’intelligence de M. de Fulvy, que nous aurons l’obligation de la manufacture de porcelaines de Vincennes, si elle réussit, comme il y a lieu de l’espérer actuellement. – Sa place d’Intendant des Finances a été donée à M. Chauvelier, ci-devant Intendant d’Amiens, avec le département des sous-fermes qu’il avait. – m. Trudaine a celui des fermes générales, qui était aussi dans le lot de M. de Fulvy – Et l’on a donné à M. Courtil le vingtième et la Lorraine, dont le défunt était aussi chargé. – Les biens de M. Orry, le Contrôleur-Général, sont substitués au petit de Fulvy, fils du défunt, auquel son père ne laisse rien que des dettes. Sa femme reste avec 4 ou 5’000 livres de rentes ; elle a obtenu une pension de 2000 écus.- Personne ne la plaint, attendu qu’elle a toujours été et est encore l’impertinence personnifiée. Du temps que M. Orry était Contrôleur-Général, elle vendait tout, emplois, intérêts dans les sous-fermes, places, petits postes, tout était à l’encan chez elle. Elle a perdu au jeu les sommes immenses qu’elle retirait de ses exactions, et aujourd’hui, il ne lui reste rien que le regret de ses folies ». [39]
Philbert-Louis Orry, marquis de Fulvy [40], poète, né à Paris, émigra en 1791, ne prit pas part aux intrigues de l’émigration et mourut à Londres en exil. Homme d’esprit, il fut « l’un des poètes les plus laborieux de son temps. On trouve, si l’on peut dire ses charades trop épiques. »Ce fut un homme de cour élégant. En 1783, il grava un quatrain sur l’éventail de la Reine Marie-Antoinette :
« Dans les temps de chaleurs extrêmes,
Heureux d’amuser vos loisirs,
Je saurai près de vous appeler les zéphyrs,
Les amours y viendront d’eux-mêmes ».
Plusieurs de ses vers ont été attribués à Monsieur –plus tard Louis XVIII – ou au poète Lemierre. Ses œuvres comprennent des Fables et une Relation d’un voyage de Paris à Bruxelles (prêté à Monsieur). Les éditions en sont très rares. D’autres vers ont paru dans le Mercure Galant et l’Almanach des Muses.
François-Joseph-Marie Orry, chevalier de Fulvy, placé par son père dans un couvent, gagna Bâle, puis Delémont, enfin Develier au début de la Révolution française. Il mourut à Develier en février 1791. [41]
L’on racontait autrefois à Develier une légende dont l’action se situait à l’époque de la Guerre de Trente Ans. Après avoir défrayé la chronique de toute la vallée par leurs plaisanteries agressives, quatre jeunes gens du village se séparent pour affronter la vie. L’un se fait prêtre, un autre, devenu mercenaire, déserte pour une belle et est fusillé, un troisième se fait paysan, perd sa fortune au jeu et se pend, et le dernier, revenu au village après bien des aventures, y apprend le malheur de ses amis et compose un chant en leur honneur. Et d’aucun voudraient que le mercenaire et le paysan, que l’on dit avoir été frères, aient porté le nom de Ory. Le paysan doit même être l’ancêtre des familles Ory de Develier.
Il n’y a à cela rien d’impossible : cette légende peut fort bien reposer sur un fond historique. L’on possède encore un fragment du chant du vieil aventurier, et le Jura bernois dut fournir des soldats à l’Empire au début de la guerre de Trente Ans. Mais l’on ne peut pas prouver documents en mains l’existence des deux frères – aventureux du début du 17ème siècle.
En effet, la plus ancienne mention officielle du nom de famille Ory, ou plus exactement Obry remonte à 1655, date à laquelle commencent les registres paroissiaux de Develier. Ces registres mentionnent à Develier un paysan nommé Nicolas Obry. Un vieillard de Develier, M. Raccordon, se fondant sur des traditions incontrôlables, en fait un fils du frère-paysan, qui se serait nommé Jean-pierre, dont le père, nommé également Jean-Pierre, aurait été artisan, et serait un descendant d’un artisan de Bâle ou de Porrentruy.
L’on peut, dès 1655, suivre avec certitude la famille Ory de Develier. Elle devient nombreuse et compte parmi ses membres un éminent curé, Henri Ory, né en 1643, curé de Cerban, puis appelé à Vicques et Courchapoix par le collateur de ces paroisses, le Prince-Evêque de Bâle. Henri Ory, que l’on représente comme un très bon pasteur, est jurat du Chapitre.[42]
Jean-Jacques Ory, descendant de Nicolas, et sa femme, Marie Loichat, eurent deux fils. Le second fut baptisé le 7 octobre 1744 du nom de Jean-Baptiste. Agé de 41 ans, Jean-Baptiste épousa sa cousine, Marie-Françoise, de treize ans plus jeune que lui. De ce mariage devaient naître quatre enfants : Henri, le 1er août 1786, « menacé de mort dès sa naissance », Joseph, le 20 novembre 1787, Antoine, le 28 novembre 1789 et Marie Rose, le 27 septembre 1791. Peu aisé,il travaillait comme journalier, Jean-Baptiste fut dès le début inquiété par le mauvais état de santé de son fils aîné Henri.je cite à ce propos l’acte de baptême de Cet henri : « Annus 1786 prima Augusti Rd Ferdinandus Koetschet presbyter delemontanus ex me commissione sub conditione baptizavit infatem eadem die natum domique ab obstetrice ob iminens periculum mortis baptisatum ex legitimis parentibus Joanne Baptista Ory et Maria Francisca Ory conjugibus ex Develieri cui impositum est nomen Henricus. Patrini fuerunt Henricus Ory et Maria Ursula Ory uterque ex develieri qui una mecum subscripserunt testor ». Suivent les signatures du curé Voisard, des deux parrains : Henry Ory et Ursule Ory. [43]
Le retour au Terroir
L’on ne peut trouver à Develier que deux documents relatifs à François-Joseph- Marie Orry de Fulvy. Le premier est l’acte de baptême de son fils, le second est son propre acte de décès.
Anno 1790 duodecicesima novembri Rd Ferdinandus Koetschet presbyter delemontanus ex mea commissione sub conditione baptisavit infantem eadem die natus domique ab obstetrice ob imminens periculum mortis baptisatum ex legitimis parentibus Francisco Josepho Maria Orry, de Fulviaco milite, et Franciska Anna, conjugibus ex Lutetia, cui impositum est nomen Franciscus josephus. Patrini fuerunt Henricus ory et Maria Ursula Ory. – Eadem die qui legitimis parentibus Francisco Josepho maria orry de Fulviaco et Francisca Anna imminet mors et ei non possunt infantem nutire et éducare adoptaverunt infantem joannis baptista Ory et maria Francisca Ory ex Develieri cui imposuerunt nomen Henricus sui defuncti infantis. Testes fuerunt henricus Ory et Maria Ursula Ory qui nun mecum subscriverunt : G. Voisard, Henry Ory, Ursula Ory.
Anno 1791 die duodecicesima februarii obiit Franciscus Josephus Maria Orry de Fulvy, filius Philberti Ludovici, cum absolutione mea quia ex couventu propter persecutionem fugit. Koetschet.
Mais ces deux documents suffisent pour savoir ce qui s’est passé.
François-Joseph-Marie vivait dans un couvent de France lorsqu’éclatèrent les premières rumeurs de la Révolution. Inquiété, sachant peut-être que son père avait quitté la France, il s’enfuit. L’on ne sait comment il rencontra en route celle qu’il devait épouser. Il se dirige contre la Suisse. La maladie sans doute le détermine à s’arrêter, ne pouvant s’établir à Delémont, il choisit Develier comme lieu de séjour. Et à Develier, le pauvre Jean-Baptiste fait tout pour bien recevoir l’émigrant épuisé.
Au début de l’hiver, le fils aîné de Jean-Baptiste, malade dès sa naissance, meurt, le 3 novembre 1790. Deux semaines plus tard naît l’enfant de François-Joseph-Marie et de Françoise-Anne. Les deux parents sont très malades, l’enfant est frêle. On fait venir en hâte un prêtre de Delémont. L’on choisit comme parrains les mêmes que ceux du petit défunt, et Jean-Baptiste s’engage à prendre soin de l’enfant, qui remplacera dans son foyer celui que Dieu a rappelé à lui le 18 novembre 1790.
Sans doute François-Joseph-Marie s’est-il déjà entretenu avec le Delémontain à cette occasion, car c’est à lui qu’il se confessera à la dernière heure, trois mois plus tard jour pour jour. La date exacte de la mort de Françoise-Anne n’est pas connue.
Quant au fils de François-Joseph-Marie et de Françoise-Anne, on le voit porter le nom de henry sauf dans un acte où l’on mentionne entre parenthèses Joseph.
François-Joseph-Marie dut laisser quelque argent à Jean-Baptiste, avec lequel celui-ci acheta des terres. Plus tard, henry fit marquer ces champs par de grandes bornes sur lesquelles on grava les armoiries de l’émigrant et son nom : François-Joseph-Marie Ory.
L’on parle de cet Henry comme d’un homme roué et de fière allure, mais adonné à la boisson. Il aimait la chasse et le braconnage. Pendant la famine qui suivit les guerres de l’Empire, il fut le seul citoyen de Develier à ne pas avoir faim : il mangea d’abord ses porcs, puis les raves qu’il destinait à ces pensionnaires, d’où le nom de « Mange-raves » que l’on donne aujourd’hui encore à ses descendants.
Il épousa une jeune fille de Sceut, Marie-Généreuse Kübler, dont il eut trois enfants : deux jumeaux nés en 1824, puis un troisième fils qui mourra célibataire en 1853. Mais la passion du jeu l’emportait chez lui. Tout son argent passait sur la table, à tel point que sa femme s’en inquiétait. Voulant sauver quelque argent, elle fit une cachette dans une poutre et y cacha des pièces d’or et des papiers que l’on disait être de valeur. Comme elle oublia par la suite où se trouvait sa cachette, l’on ne retrouva ces trésors qu’à la démolition de la maison en 1939.
Un beau jour d’automne, Henry joua son argen6t, puis ses poules, ses porcs, ses bœufs – ses chevaux, ses chars, ses champs, ses forêts, ses deux maisons. Il perdit tout. Ivre et misérable, il rentra vers le matin. Il alla dire adieu à ses bœufs à l’écurie, puis courut à la forêt, où il se tua d’un coup de pistolet le 18 octobre 1829. Le curé ne voulut pas le faire enterrer en terre sainte.
Marie-Généreuse [44] épousa en secondes noces un nommé Jean-Jacques Chariatte[45], dont l’un des premiers soins fut de congédier les deux jumeaux. Portant chacun une paire de sabots attachés à l’épaule, c’était tout le bien qu’il leur restait, ils s’en furent apprendre un métier. A leur retour, ils avaient gagné quelque argent, aussi purent-ils s’établir, l’un comme menuisier, l’autre comme tonnelier.
Justin, le tonnelier, eut dix enfants. Cinq étaient encore en vie lorsque éclata l’incendie de Bassecourt. Le fils aîné, Joseph-Justin, âgé de 19 ans, partit comme pompier pour Bassecourt et passa toute une nuit dans la Sorne à pomper l’eau. Il tomba malade du typhus. Sa mère, puis l’une de ses sœurs tombèrent également malades. Voyant la moitié de la famille alitée, le fils puîné, Eugène, se cacha dans le fenil. Il revint, trouvant sur la table une soupière, il mangea toute cette soupe, puis s‘enfuit chez son oncle le menuisier.
Son frère et sa mère moururent tous deux le 6 octobre 1871. Marie-Catherine Louise ne se remit pas de la maladie. Elle mourut le 3 février 1872.[46]
Histoire d’un nom
Au temps des chevaliers
C’est une banalité de dire que les chevaliers ont porté le nom de leur lieu de domicile. Il en fut dans notre famille comme dans les autres : la race des guerriers domiciliés à Develier porta le nom de sa terre : « milites de Divilier ».
Ce nom de Develier vient sans doute du latin. Il y avait à Develier une villa romaine dont M. l’Abbé Sérasset a retrouvé les fondements[47]. C’est de cette villa et du nom de son propriétaire que Develier tire son nom. On a supposé que le propriétaire devait s’appeler Titus, ce qui aurait donné Titus villa ou Titi villa, ou bien Delius, ce qui amène Delii villa.
L’on trouve en 1139 Divilier, ce qui est un gallicisme, puis en 1184, 1350, au Xvème siècle, des germanismes : Titevibre, Tutvibre, Titevilre. Sans doute pour des raisons d’oreille, l’auteur du manuscrit sur Veltin écrit Titlevire.
Les chevaliers ont porté le nom de la terre. Conon, Fridericus, Walterus, Wilhelmus s’appellent de Develier. Puis Veltin, dans un document, est nommé de Develier (de Titivilla), et l’on dit que son château se trouve au Haut Ried. La seconde fois, on lui donnera non le nom qu’ont porté ses ancêtres, mais celui de son château : de Ried. Puis on précise de quel Ried il s’agit : il s’agit du Ried près de Delémont.
Il faut qu’une branche de la famille, ayant quitté Develier, a exercé à Delémont les fonctions de maréchal del’Evêque de Bâle et en a porté le nom : marschallk von Telsberg (Marskalde, Marschallk). Ce nom de Telsberg, ajouté au nom « von Ried » de Veltin marque peut-être cette lointaine parenté. Plus probablement, il exprime simplement que Veltin est venu de la région de Delémont chez des Bernois, auxquels Develier ne dit rien du tout, de même qu’une autre famille émigrée portera le nom de « von Siebenthal » et non pas le nom de son village. Cette habitude de désigner les nouveaux-venus par le nom de leur lieu d’origine durera longtemps : on aura des Montavon, des Berlincourt, des von Gunten et même des de Zürich.
Le fils de Veltin s’appellera simplement « der Rieder ». Il sera le dernier à porter dans on nom un souvenir de la vie de féodalité rurale de la famille. Avec lui disparaît toute attache au terroir natal.
Les temps nouveaux
Flavianus-Ruggus descend des chevaliers de Develier : il blasonne comme eux. Il s’appelle Henri et se pare de multiples surnoms. On l’appelle Flavianus (le Fauve), Ruggus (Le Roux). On l’appelle aussi Orri et en France ce nom s’écrira Ory. D’où vient ce surnom, qui restera à ses descendants comme nom de famille ? Dans le cas particulier, deux hypothèses peuvent être retenues :
Il est certain que, dans le document de 1476, le scribe a fait de notre nom un dérivé de ulrich, sans que l’on puisse affirmer que ce soit là la forme primitive du nom Ory.
Dès lors la famille ne quitte plus ce nom. On l’écrit d’abord avec un seul r. Puis Jean Orry écrit avec deux r, et ce n’est qu’avec Henry que la branche de France revenue à Dev3lier se conforme à nouveau à l’orthographe primitive.
Les familles Ory de Develier écrivent au milieu du 17ème siècle leur nom Obry, mais dès les dernières années de ce même siècle, on voit toujours Ory. Il n’y aura d’exception que pour un chirurgien venu de Levoncourt qui parera son nom d’un H, (Hory) et bien-entendu pour François-Joseph-Marie qui tient à garder ses deux r.
Le nom de famille Ory n’est pas rare. On le trouve dans la légende de Tristan et Iseut, écrit Orri, le forestier du Roi Marc, et dans la Saga de Saint-Olav[49]. Il est marqué d’origine nordique, qu’il vienne du Haut-Ried ou d’Ulrich.[50] On trouve de nombreuses familles portant ce nom ou un nom proche : dans le Jura au Moyen-Age : Orry de Gléresse[51] , Jean Horry de Delle, écuyer[52], dont le fils sera Jean Thiébaud, fils de Jean Hobri.
Plus tard, on mentionne les familles :
Orry, du Mans, issues de Jean Ory, titulaires des terres de la Roche, de Villarceau et de Bignory et Fulvy[53]
Ory, dans l’Ile de France[54]
Obry, en Bavière et en Lorraine, et Obry de Lubry
Hory, à Levencourt, à Neuchâtel et en prusse et Orre en Norvège ; Mac Ory en Irlande.
Les Armes de la Famille
Les seigneurs de Develier Blasonnaient :
« D’argent aux deux Ailerons de gueules ».
Ruggus blasonnera d’argent aux deux ailerons de gueules. Selon la légende, il portera en outre une devise :
« Dur comme fer »
On trouve parfois un second vers à sa devise :
« et sois fier ! »
Develier gardera comme armoiries les armoiries de ses seigneurs, que porteront également les Marschkallk von Telsberg au début de leur histoire. Ils les abandonneront plus tard pour porter des armes honorables, fuselé d’argent et de sable.
Le seul sceau de la famille que je connaisse, celui de Ruggus, porte, grossièrement dessinés, les deux ailerons. Ce signe permet de l’apparenter de façon certaine aux seigneurs de Develier, car nous sommes en face de la seule famille jurassienne ayant blasonné d’un champ chargé de deux ailerons.[55]
Marc Ory, imprimeur, prit comme marque une figure représentant un lion sur un rocher. Cette image est proche des armoiries des Neuenstein que servit en son temps le bailli Ruggus.
C’est de ce signe que les ministres des rois Louis XIV, Philippe V et Louis XV tireront leurs nouvelles armoiries.
Ce sera tout d’abord :
« De gueules au lion d’or passant sur un rocher contourné du même »
Et on indiquera par trois fleurs de Lys que l’on a rendu service au Roi de France.
Puis les armoiries se modifieront et l’on fera homologuer :
« De gueules au lion d’or rampant contre un rocher d’argent,
mouvement de flanc dextre. »
Ces armoiries sont reconnues par le Roi pour la famille des comtes orry de vignory et Orry de Fulvy, dans l’Ile de France.[56]
L’on m’a assuré à Develier que les bornes plantées par henry Ory autour du terrain nommé à son époque « Chez les Ory » portaient un lion. Les fils de henry abandonnèrent ce signe de famille.
Les autres familles du Mans issues de Jean Orry – Orry, Orry de Villarceau et Orry de la Roche – portèrent d’autres armoiries.[57]
La vie d’une famille
La première chose qui nous frappe, quand nous parcourons les pages de notre histoire, c’est la vie aventureuse, voire même instable, de notre famille. Car notre vie est marquée par deux catastrophes, fonction de deux décadences sociales – de la fin de deux mondes.
La première de ces chutes s’inscrit dans l’agonie du monde féodal. Elle commence avec les brigandages – le fratricide – de Veltin le Diable et se poursuit jusqu’à la mort de Ruggus. Alors nos ancêtres ont perdu tous leurs droits seigneurieux : Veltin était encore un chef féodal, Ruggus n’avait plus rien que son épée. Ses fils doivent se refaire une raison d’être. Ils la cherchent dans le commerce et l’artisanat. Ils la trouvent dans l’adminstration.
La seconde, c’est la fin de l’Ancien Régime. Elle va des débauches dui Comte de Fulvy au suicide de Henry Mange-Raves. La Révolution ne chasse de France qu’une famille déjà vaincue qui vit de la Cour et de ses terres sans travailler. Comme Hans, le fils de Ruggus, François-Joseph-marie Orry n’a ni métier, ni fonction. Sa famille se fixera d’abord à la campagne, mais peu de ses descendants seront agriculteurs. Ils se disperseront, deviendront fonctionnaires, artisans, employés. La famille est plus nombreuses que jamais, mais elle ne signifie que peu de choses dans l’ensemble du pays : elle a perdu et ses droits et sa fortune.
L’on a dit que toute vie connaissait trois stades : le stade lyrique caractérisé par le rêve dans l’enfance, puis le stade épique, marqué par l’action, dans l’âge mûr, enfin le stade dramatique aboutissant à la mort – ou au renouveau[58].
Chez nous, l’enfance, c’est l’âge féodal, avec les aventures pleines de passions et de franches chevauchées de Veltin et de Ruggus, avec ces seigneurs environnés de légendes qui blasonnent d’argent aux ailes de l’Aigle. C’est l’âge des militaires, des cavaliers.
Puis l’âge mûr, l’âge de l’action se passe dans le monde des affaires. Commerçants, juristes, hommes d’Etat, les François, les jean, Les Philbert Orry vivent dans les capitales et portent en armoiries un lion.
La vieillesse revient à la campagne. Elle ne se soucie plus de ses armoiries : sa vie est mal assurée. L’un cultivera la terre, un autre cherchera loin de la terre natale son pain quotidien. Plus nombreuse, la famille s’égrène. Ses membres ne se connaissent plus – et même s’oublient. Le genre de vie a bien changé, du temps lyrique au temps dramatique : tempora mutantur. Le peu de choses que nous savons de nos ancêtres du Moyen-Age nous indique que deux d’entre eux ont été prêtres et deux hommes de guerre. Les temps modernes n’ont pas voulu d’idéalistes, mais de pratiques commerçants ou de froids juristes, plus un petit poète. Philbert a bien songé se faire soldat, et François-Joseph-Marie embrasser l’état ecclésiastique, mais leur enthousiasme n’a pas duré.
Il y a bien certaines constantes, mais elles sont sans doute dues au hasard : comme Veltin et Ruggus, jean-Henri-Louis et Henry sont morts en querelle avec l’Eglise et l’on retrouve entre Philbert et son frère le même contraste de caractère qu’entre Veltin et le sien. L’on constate aussi qu’à plus d’une époque, l’on s’est marié fort tard. Sur plus de cinq siècles, l’on compte en tout quinze générations, soit près de 35 ans par génération. La longévité moyenne n’étant pas très forte – même si l’on ne compt6e pas les enfants morts avant leur majorité, la moyenne en deux siècles est de 55 ans environ, fort peu d’Ory ont connu leur grand-père. Depuis 1600, deux de nos ancêtres directs seulement ont dépassé les trois quarts de siècle.
Le nombre des membres de la famille morts sans enfants a été considérable surtout au siècle passé, peut-être plus considérable que jamais : en une génération, l’on compte cinq enfants morts tout petits et cinq autres morts autour des vingt ans – ou même plus âgés, mais sans postérité. Seuls trois enfants de cette génération ont de la descendance. L’amélioration des soins donnés aux enfants est l’une des causes de l’accroissement de notre famille.
Il y a eu plusieurs fins tragiques : Franz et Ruggus ont péri par les armes. François-Joseph-Marie est mort sans doute des suites de son évasion. Son fils Henry s’est suicidé. La maladie fait aussi de grands ravages. Elle emportera une fois la mère et le fils le même jour. La boisson et le jeu sont à la source de plusieurs décès tragiques. Gustave Ory se noie à quinze ans en apprenant à nager. La famille s’essaime. Au début de la guerre, on voit arriver à Develier un Italien qui baragouine un jargon incompréhensible. On le recueille : c’est un Ory, fils de Marie-Anne, qui a vécu jusqu’à la guerre à Pallanza. Il meurt à l’assistance. Dans l’abandon, il est revenu au berceau d’une race qui, de nouveau, a quitté son terroir natal. Il ne reste plus, de notre famille, c’est à dire des Ory issus de henry mange-Raves, qu’un seul représentant à Develier. « Mais l’on sait fort bien, ue la vieille race vit encore. Puisse le Seigneur la bénir et la ramener de temps à autres au berceau de ses ancêtres ».[59]
Herbert Ory, Develier 1943 et Berne 1947
[1] Abeille du Jura II 50
[2] Aucourt
[3] Journal du médecin Nicolas Godin
[4] 1705, Develier 1747
[5] DHBS-DGS – Daucourt :paroisses II 24-31
Vautrey : notices T V
Sérasset – Documents – livrres de paroisses (cure) et d’état civil (sécrétariat) Develier.
[6] 1210 Trouillat
[7] chronique Basil. Anno 1344 arch. privée
[8] Laubeck
[9] chronique bernoise anno 1349 arch. privée
[10] DHBS V 452
[11] berni antiqui XXX libras basileas
[12] Propriété personnelle.
[13] Rapport de Veltin de Neuenstein, bat. De Morat
[14] Annexe au registre paroissial
[15] Trouillat – Daucourt : paroisses II 24 sqq DHBS
[16] p. 14
[17] Paroisses II 35
[18] Räuberwald
[19] FRB – DHBS – Tschudi I 372 et 381. Toutes les légendes sont recueillies dans « Légendes de notre Terre » I, Veltin le Diable. Sources : « Sur la vie et les méfaits du sieur Veltin Orri, de Develier, dit le Diable » 1821, propriété de feu M. l’abbé Sérasset, annoté par M. l’abbé Sérasset. Comprend une relation des aventures de Veltin jusqu’à sa fuite et une nouvelle montrant sa dureté à l’égard des serfs. Propriété privée. « Die beiden Schlachten bei der Laubeck. Ein Stück der Simmentalschen Sage“, mns. 1824. Propriété privée.
[20] 14 IV 1438
[21] Daucourt : Neuenstein – archives : Bâle, Soleure, Berne. Cette première partie de la vie de Ruggus ne prête pas à contestation. Le document cité p. 14, propriété personnelle, donne l’identité de Ruggus et permet, par la présence de son sceau chargé du terme Divilerius et des deux ailerons de faire de Henri Ruggus un descendant de Veltin.
[22] P. 16. Vautrey – Daucourt : paroisses ; actes SJE 1898 – Trouillat. Texte et discussion de la légende de Ruggus : Légendes de notre Terre II 1 : La légende du manoir.
[23] Michaud, biographe universel. Documents : Grosley : lettre inédite.- Les Troyens célèbres : Ph. Orry. Biographie universelle – Armorial de France – Bibliographie de François Ory.
[24] Michaud : biographie universelle – « Philbert descendait de Marc, célèbre imprimeur, et portait dans ses armoiries le lion grimpant sur un rocher qui avait servi d’enseigne aux ateliers de son bisaïeul. – La date de naissance de François Ory n’est pas connue. Il naquit sans doute à la fin du 16ème siècle.
[25] 1689-1747
[26] 1703-1751
[27] Documents : Michaud : biographie universelle – tous les dictionnaires, toutes les histoires d’Espagne consacrent quelques lignes à Jean Orry. Voir l’Histoire d’Espagne traduite par Th. Legrand.
[28] Michaud
[29] Cie de Lautrec
[30] « Les Echelles du Levant »
[31] Grosley, Troyens célèbres II 258-259
[32] Larisse, Histoire de France
[33] Larisse
[34] Grosley
[35] Collé, Journal I 297
[36] 6 décembre 1745
[37] Documents : Collé : Journal, I, pp. 128 et 297 – Paris 1807. Marmontel, Mémoires, I, p. 121 – Paris 1772 ; Grosset, Epîtres (7ème Epître) Paris – D’Argenson. Ouvrages : Grosley : les Troyens célèbres. Paris 1813 ; Michaud : biographie universelle ; Larisse : Histoire de France. Bresson : histoire financière de la France, Paris 1829 ; Girard : réorganisation de la Compagnie des Indes, dans Revue d’histoire moderne, novembre-décembre 1908.
[38] Biographie universelle
[39] Collé, Journal hsitorique, imprimerie Bibliographie Rue Gît le Cœur – Paris 1807- Tome I, p. 388. Mai 1754.
[40] 4 février 1736 – 18 janvier 1823
[41] Philbert-Louis. Biographie universelle – La barisse de Rodufort, Souvenirs et Mélanges, Paris, t. I, p. 70 – Fables (au nombre de 133) : Madrid 1748. Relation d’un voyage… : coblence 1791. François-Joseph-Marie, outre le document précédent : an 1791 obiit Franciscus Josephus Maria Orry de Fulvy, filius Philberti Ludocivci, com absolutione mea quia et conventu propter persecutionem fugit. Develier, registre à la Cure, Koetschet.
[42] Daucourt, paroisses IX 60
[43] Sources orales : M. Raccordon père, café du Raisin, Develier. M. L’Abbé Louis Bouellat, curé, Develier. Documents : registres paroissiaux : cure de Develier, I vol. remontant au 17ème siècle, mentionne Nicolas Obry. Etat civil (secrétariat communal) permet de suivre la famille dès Jean-Jacques ( mort 1772) mentionne par années les mariages, naissances, décès. La citation ci-dessus relative est empruntée au premier de ces registres (1743 – 1803). Anno 1786 . – L’arbre généalogique, branche suisse, dès 1700 est établi sur la foi de ces registres. Sur la légende de l’époque de la guerre de Trente Ans, voir Légendes de Notre Terre II, 2. – « L’auberge des Sept Pignons », mus, Lip. Develier 1820. Ouvrages : Daucourt, paroisses IX, CO.
[44] 30 janvier 1796
[45] 30 avril 1835
[46] Etat-civil. Develier – Registre des paroissiens Fol. 68 – 69. Récits de M. Raccordon, M. A. Ory, M. Lachat, Develier.
[47] Abeille du Jura, tome II, p. 50
[48] Actes de la Société jurassienne d’émulation, 1921, p. 30
[49] pp. 188-189
[50] cf. H. Bloch, Société féodale : le nom des Seigneurs de Vignory est d’origine normane
[51] 1344, Daucourt VIII 68
[52] op. cit. VII 67 spp – 1388)
[53] Toponymes : Granges-Ory, Orry-la-Ville.
[54] Henriod, recherche d’un château perdu, 93 et 118
[55] Hallwyl blasonnait d’or aux deux ailerons de sable. Develier et Marschallk ont blasonné d’argent aux deux ailerons de gueules. Les autres ailerons ne sont apparus près de noms que plus tard : Birseck, argent et un aileron azu. Weissenberger, azur, deux ailerons argent. Fluck, or, un aileron de sable. Von Lauffen, sable, deux ailerons argent. Tous à Bâle au 16ème siècle,
[56] Source Armorial de Rutstap
Orry le Mans : Azur, trois ruches d’argent en fasce, soleil d’or en chef, entourés d’abeilles volant
Orry de la Roche : Argent, bande de gueules, Accusée de trois mulettes, deux en fasce, un en pointe
Orry de Villarceau : Argent, id.
Obry de Bavière : Tiercé en fasce
Olry /1572) de Lorraine : Azur, fasce argent en chef, au cheval léopardé or et azur, lampassé de gueules, en pointe une quintefeuille percée du champ.
Olry de Labry : Azur, cheval accusé de deux étoiles et en pointe d’un cygne d’or.
Orre de Norvège. Argent, oiseau de sable sur terrasse de sinople.
[57] Familles proches : Marschallk : fuselé d’argent et de sable. Schulern : fuselé d’argent et de gueules. Desbois (de Buix), armoiries du village de Buix (parenté douteuse)
Bibliographie : le Nom : Abbé Sérasset : Abeille du Jura. Daucourt : dict. paroisses – Trouillat. Vautrey. Henri Gobat : L’origine des noms de famille, dans les Actes de la Société jurassienne d’émulation, 1921, p 30. Joseph Bédier : Tristan et Iseut (fait cité). Suori Sterlussen. Saga de Saint Olav. E. Henriod : Recherche d’un château perdu. Bloch : Société féodale, dans collection « L’évolution de l’humanité ». Daucourt : Armoiries du Jura Bernois. DHBS. Armorial de France, Armorial Rubstap.
Observations : m. le prof. Junod fait observer que souvent les contemporains prennent pour des prénoms des noms que le Moyen-Age considérait comme noms de famille.
Le nom de famille Aubry – et peut-être aussi Obry – dérive de l’allemand Albrich.
[58] Hugo, préface de Cromwell
[59] Abbé L. Bouellat