Un hôpital de soins aigus unique?

L’EXPRESS-L’IMPARTIAL


NOUVEL HÔPITAL DE SOINS AIGUS
«Le projet a été accueilli avec beaucoup d’intérêt»

GISÈLE ORY «Comme aucune étude n’a été menée, il n’est pas possible, aujourd’hui, de dire que ce projet constitue la meilleure solution.» (DAVID MARCHON)

Le groupe qui planche sur la répartition des missions entre les différents sites de l’Hôpital neuchâtelois dispose d’un nouveau scénario: la construction d’un hôpital pour les soins aigus. Selon la conseillère d’Etat Gisèle Ory, ce projet a été reçu avec beaucoup d’intérêt.

Gisèle Ory qualifie de «décoiffant» le projet d’hôpital unique de soins aigus. Ce projet, dont nous avons révélé l’existence dans notre édition d’hier, prévoit la construction – probablement au Val-de-Ruz – d’un nouvel hôpital pour tout le canton (lire ci-dessous). «Il est décoiffant dans la mesure où les différents scénarios envisagés jusqu’à présent se basaient toujours sur les sites existants de l’Hôpital neuchâtelois», explique la conseillère d’Etat. La cheffe de la Santé répond à nos questions.

A l’heure actuelle, quel est le statut de ce projet?

C’est le fruit de l’expertise menée par la société de consultants Antarès, à laquelle nous avions demandé d’imaginer l’Hôpital neuchâtelois de 2020. Ce projet a été présenté au groupe de pilotage politique qui a pour tâche de trouver des solutions quant à la répartition des missions entre les différents sites, en particulier pour ce qui est des soins aigus. L’objectif étant d’établir un projet suffisamment rassembleur pour que les trois initiatives populaires soient retirées.

Peut-on dire de ce projet qu’il a aujourd’hui les faveurs de la cote?

Non, car aucune étude n’a été menée à son sujet. Mais il est vrai qu’il a été accueilli avec beaucoup d’intérêt, et cela d’autant plus qu’il remettait en cause un certain nombre d’a priori quant à l’utilisation et à la transformation des bâtiments existants. Pour les soins aigus, par exemple, il s’agirait d’investir ni à La Chaux-de-Fonds, ni à Neuchâtel, mais dans une nouvelle construction. Nous savions qu’il y aura une diminution du nombre de lits et une augmentation des traitements ambulatoires dans les prochaines années, mais nous n’imaginions pas que cette évolution serait aussi rapide. C’est cette rapidité qui permet d’envisager un tel scénario.

La suite des opérations?

Le groupe de pilotage doit définir les grandes options. Si l’idée d’un nouvel hôpital pour les soins aigus est retenue, il faudra d’abord mener une étude de faisabilité. Elle portera sur différents aspects techniques et médicaux, mais également financiers, en particulier ceci: le canton a-t-il les moyens de dégager les millions nécessaires? Le coût du nouvel hôpital s’élèverait à environ 230 millions de francs. Or chacun connaît les difficultés du canton. Le financement de Microcity (réd: bâtiment de la microtechnique à Neuchâtel) et du Transrun passent avant le financement d’un éventuel nouvel hôpital.

Le rapport d’Antarès ne dit pas que le nouvel hôpital devrait être construit au Val-de-Ruz, mais tout le monde y pense…

Il est vrai que le Val-de-Ruz présente un certain nombre d’avantages: ce serait un lieu central, facilement accessible par la route ou le Transrun, l’Etat y possède des terrains en différents endroits, sans parler des avantages du point de vue médical au vu, justement, de sa situation centrale. Mais le Val-de-Ruz présente aussi des inconvénients, notamment en terme d’aménagement du territoire: tout le monde devrait se déplacer et l’hôpital prendrait la place de terres agricoles. Cet emplacement pose également un certain nombre de problèmes liés au lieu de domicile des médecins d’une part, de leur éventuel cabinet d’autre part. Au vu de ces inconvénients, on pourrait également envisager de construire ce nouvel hôpital sur le plateau de la gare de La Chaux-de-Fonds.

Antarès présente ce scénario comme le meilleur du point de vue médical, financier et de sa durabilité. En plus, avec le Val-de-Ruz, la fameuse question de l’équilibre Haut-Bas serait résolue…

Encore une fois, aucune étude n’a été menée. Il n’est donc pas possible, aujourd’hui, de dire que ce projet constitue la meilleure solution. Tous les scénarios envisagés restent d’actualité. Cela dit, la solution qui sera choisie va probablement les «dépasser», sur la base, justement, de cette expertise et de l’évolution du secteur hospitalier. La solution choisie devra faire le lien entre les différents souhaits actuels et l’hôpital tel qu’il se présentera dans une dizaine d’années. /PHO

Un réseau de soins réparti en trois niveaux

Etabli par la société de consultants Antarès, le nouveau projet prévoit trois niveaux:

Soins courants
Deux «centres diagnostiques et thérapeutiques», l’un à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds, l’autre à l’hôpital Pourtalès, à Neuchâtel. Ces centres prendraient en charge les soins les plus courants (traitements ambulatoires, chirurgie sans hospitalisation, hôpital de jour). Ils seraient fermés la nuit et le week-end.

Soins aigus
Un nouvel «hôpital aigu» regrouperait les infrastructures les plus lourdes (bloc opératoire, soins intensifs, urgences), soit environ 20% de l’activité totale.

Réadaptation
Les autres sites de l’Hôpital neuchâtelois accueilleraient les patients, le plus près possible de leur domicile, à la suite de leur hospitalisation. /réd

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