Le 8 mars 1910, une Confédération internationale des femmes socialistes de tous les pays crée une journée dédiée au droit de vote féminin.
En 1977, les Nations Unies font de cette journée une Journée internationale de la femme.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour nous rappeler de ces deux dates et pour mesurer le chemin parcouru en un siècle de lutte pour l’égalité des sexes, mais surtout pour ne pas oublier tout ce qui nous reste à faire.
Les lois ont été notablement améliorées, mais il reste un écart considérable entre ce que dit la loi et la réalité que vivent les femmes dans leur quotidien. Les femmes subissent beaucoup de violence, victimes des trafics liés au commerce du sexe, mais aussi au sein de la famille et quelquefois au travail. A travail égal, les salaires sont toujours de 20% inférieurs à ceux des hommes. Elles souffrent plus souvent du chômage et de la pauvreté. Elles fournissent la plus grande part du travail non rémunéré. Elles rencontrent beaucoup d’obstacles pour concilier leur vie professionnelle et familiale.
Les lois, aussi bonnes soient-elles, ne peuvent pas tout. Ce sont les mentalités qui doivent changer. Un siècle s’est écoulé. Il y a eu de belles victoires. Nous avons gagné des batailles, mais non pas la guerre !
Les nouvelles lois sur l’Asile et les étrangers précarisent particulièrement certaines catégories de femmes.
Dans la Loi sur l’asile, la notion de renvoi « raisonnablement exigible » a été restreinte. A l’avenir, on ne pourra plus faire valoir qu’une « mise en danger concrète de son existence » pour ne pas être renvoyé et ce terme même d’existence est sujet à interprétation, mais nous n’avons pas pu obtenir mieux, ce qui m’a, quant à moi, beaucoup contrariée. Actuellement la formulation fait état seulement d’une « mise en danger concrète ». Il faudra donc à l’avenir que l’existence soit menacée pour obtenir l’asile. Etre menacé de sévices ou de mutilations n’est pas une mise en danger de l’existence, mais seulement de l’intégrité corporelle. Comment cela sera-t-il interprété ? Ce sera particulièrement grave pour les enfants menacés d’abus ou de violences. Dans cette catégorie, il y a les petites filles qui peuvent subir de mutilations sexuelles. Cette disposition, à mon avis, est contraire à la Convention sur les droits de l’enfant. La jurisprudence a confirmé qu’il y avait lieu de tenir compte de l’intérêt de l’enfant avant de décider de son renvoi. Les mineurs qui peuvent aujourd’hui être admis provisoirement lorsqu’un retour les expose concrètement à un danger, pourraient à l’avenir être expulsés plus facilement.
Dans la Loi sur les étrangers, l’admission légale se limitera aux personnes qualifiées considérées comme indispensables à l’économie suisse. Les autres, notamment les personnes sans qualifications particulières, n’auront aucune chance d’obtenir un permis de travail. On part de l’idée que nous trouverons cette main-d’oeuvre en suffisance dans les pays de l’Europe de l’Est qui ont adhéré récemment à la Libre circulation des personnes. Les personnes en provenance de pays non européens, et non qualifiées, n’auront que la possibilité d’entrer en Suisse clandestinement et de chercher du travail au noir. C’est déjà le cas actuellement de nombreuses femmes en provenance d’Amérique du Sud et travaillant à Genève comme employées de maison par exemple. Ce statut est lié à une grande précarité et ouvre la porte à tous les abus de la part des employeurs.
J’espère que vous avez toutes signé ces deux référendums et que vous voterez en pensant aux femmes qui sont concernées, lorsque ce sera le moment.
La Suisse a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a mis en place un plan d’action suite à la Conférence de Pékin de 1995. Il faut aujourd’hui que ces engagements portent leurs fruits.