Ecologie en Suisse: quelques points noirs

Notre planète bleue

Le vingtième siècle a révolutionné notre vision de la Terre. Pour la première fois, nous l’avons vue depuis l’espace, dans sa globalité, mais aussi dans sa beauté et sa fragilité. Vue d’en haut notre planète est d’un doux bleu lumineux, à peine voilé par des nuées diaphanes. Comme elle est petite, à côté de ses voisines… Et pourtant, elle est tout notre monde, notre vie, nos ressources, notre avenir.

De l’espace c’est à peine si l’on peut deviner une présence humaine. Il paraît que l’on voit la muraille de Chine. Et quoi d’autre ? Pas grand chose. Pourtant l’homme, par ses activités, a une influence aujourd’hui déterminante sur la capacité de notre planète à rester ce paradis bleuté, que l’on admire depuis la lune.

Entre l’homme et la nature, un équilibre fragile

Pendant des millénaires les relations de l’homme avec la nature ont été faites d’admiration, mais aussi de luttes incessantes pour faire fructifier la terre et se protéger contre les catastrophes. La nature était généreuse et belle, mais elle restait indomptée. L’homme était totalement intégré aux cycles naturels.

Ce n’est qu’au siècle passé, que cet équilibre s’est rompu. En développant son industrie, l’homme a amélioré son confort et acquis de nombreuses richesses. Il a pris à la terre plus qu’elle ne pouvait lui donner et lui a rendu des éléments qu’elle ne pouvait pas absorber.

L’environnement en Suisse 

Heureusement, une prise de conscience s’est faite, qui a permis de remédier aux problèmes écologiques les plus urgents. L’aménagement du territoire s’est efforcé de préserver les terres arables. Des stations d’épuration ont été construites. Des centrales d’incinération des déchets ont peu à peu remplacé les décharges sauvages qui fleurissaient dans nos forêts, comme autant de plantes vénéneuses.

La biodiversité

Pourtant, tout n’est pas fait encore, loin s’en faut. L’homme sait reconnaître environ un million et demi d’espèces vivantes, plantes, insectes et animaux… et il ignore tout de quelques dizaines de millions d’autres êtres non encore répertoriés. La destruction des forêts tropicales cause probablement la perte de plus de 50’000 espèces chaque année. En Suisse, la menace est plutôt indirecte. C’est la pollution et l’occupation progressive des zones naturelles par l’homme qui présente le principal danger, en privant les espèces de leurs milieux. Récemment, on pensait encore que la faune et la flore pourraient survivre grâce à quelques réserves naturelles. On se rend compte aujourd’hui, que ces milieux protégés ne peuvent suffire, car ils ne sont pas toujours à l’abri de la pollution. Leur isolement les rend fragiles et empêche les échanges génétiques entre les populations, ce qui affaiblit leur résistance. C’est ainsi qu’après la loutre, victime de la pollution, la pie-grièche grise s’est éteinte en 1986. Elle n’a pu résister à l’assèchement des milieux marécageux, disparus de Suisse à plus de 90%.

L’air

La pollution de l’air touche l’ensemble de la nature et a donc une influence particulièrement grave sur tous les êtres vivants. On a beaucoup parlé de sa responsabilité dans la mort des forêt. Dans les grandes villes, l’air contient plus de 1000 composants chimiques dont les effets ne sont pas toujours connus. La masse totale de ces gaz a subi une croissance rapide, atteignant 1’344’500 t en 1980 et coûtant, d’après une évaluation du magazine économique CASH, 3,75 milliards de francs par an, dont plus d’un milliard, en dommages à la santé, et 1,75 milliard pour la corrosion des bâtiment. Grâce à des mesures efficaces, les émissions de plusieurs gaz ont pu être maîtrisées, voir diminuées à partir de 1984. Cependant, les objectifs que la Confédération s’était fixés ne sont pas encore atteints et des efforts supplémentaires devront être réalisés pour que notre air soit à nouveau revigorant.

En outre la Suisse participe pour 50 millions de tonnes par année à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, et par conséquent à l’effet de serre. Le réchauffement de la planète pourrait être responsable de bien des catastrophes naturelles, comme les glissements de terrain ou les éboulements dus au dégel.

L’eau

La Suisse est quelquefois appelée le château d’eau de l’Europe. Cette position privilégiée nous fait oublier l’importance de cet élément qui semble « couler de source ». si la qualité de nos eaux va plutôt en s’améliorant depuis quelques années, on peut encore parler de gaspillage important. Les Suisses utilisent environ 180 l d’eau par personne et par jour. Un volume qu’il faut capter, au détriment des ruisseaux libres, qu’il faut pomper dans des nappes phréatiques épuisées, qu’il faut épurer à prix d’or et que l’on rend enfin à la nature dans un état qui dépend des capacités de la station de traitement… Reste à éliminer les boues d’épuration, souvent très riches en métaux lourds. L’eau subit d’ailleurs encore bien d’autres atteintes, la principale étant les nitrates rejetés par une agriculture intensive, mais aussi les pesticides et herbicides qui s’infiltrent lentement dans le sol, jusqu’à rejoindre la nappe phréatique.

Le sol

Depuis 1950, la surface bâtie a doublé. Un mètre carré disparaît chaque seconde sous le béton. L’érosion, accentuée par l’arrachage des haies, emporte des volumes importants. Le sol est aussi menacé par l’accumulation de résidus qui ne peuvent être transformés par les micro-organismes. Herbicides, pesticides, engrais et métaux lourds empoisonnent la terre des contrées les plus reculées. Le rapport du réseau national d’observation des sols (NABO) constate que plus aucune surface n’est épargnée en Suisse.

Un tableau sombre, mais de l’optimisme…

N’en rajoutons plus et ne parlons pas des déchets spéciaux, de l’énergie et de l’industrie nucléaire, des transports, etc… Une constatation : en matière d’écologie, ce ne sont pas les problèmes qui manquent. Un espoir aussi : les collectivités publiques, les organisations de protection de la nature et de l’environnement, des citoyens aussi, sont conscients des enjeux et cherchent des solutions. Le développement durable, dont les principes ont été approuvés par la plupart des nations en 1992 à Rio va dans la bonne direction. C’est à nous aujourd’hui, en tant que citoyens, d’appuyer sa concrétisation et de construire ainsi pour le 21ème siècle une société où l’homme et la nature retrouveront une nouvelle harmonie.

Gisèle Ory

22.12.1999

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