Adieux au WWF Neuchâtel

2009 05

Maison de la nature, Champ-du-Moulin

 Aujourd’hui, je quitte le secrétariat général du WWF Neuchâtel, après 14 ans d’activités au sein du WWF.

 

J’ai vécu au WWF des moments merveilleux, des discussions de fonds entre les deux ailes du fondamentalisme et du pragmatisme. J’ai vécu la solidarité entre les sections, l’amitié entre les secrétaires généraux, mais aussi les difficultés entre la Suisse romande et la Suisse alémanique, entre la « maison » de Zurich et les sections, entre le centralisme et le fédéralisme. Ce sont des questions récurrentes, c’est l’apprentissage de la vie en commun dans un pays multiculturel.

 

Les souvenirs sont nombreux. Il y a eu la campagne pour le tourisme vert. Il y a eu la campagne pour une agriculture respectueuse de la nature et les projets pilote que nous avions mis en place dans le canton, pour améliorer la diversité naturelle des espaces agricoles et viticoles. Il y a eu bien sûr un travail considérable qui a été accompli pour mettre en place la protection des tourbières, le décret de 1990 et les fameuses zones tampons. Ce sont des centaines d’heures de discussions avec les services de la Confédération et du canton et dans les commissions, des journées entières de visites de terrain, d’évaluation de la qualité des milieux et de négociation avec les propriétaires, de sensibilisation du public aussi à la qualité et à la valeur de ces milieux. Et des milliers de marches d’escalier montées en courant, parce que j’étais toujours à la limite d’être en retard pour les séances que nous tenions régulièrement au Château

 

Il y a aussi eu un travail important dans le domaine des améliorations foncières. Là aussi, une sensibilisation des services cantonaux et des améliorations a été réalisée, afin qu’ils se préoccupent des compensations écologiques à réaliser dans le cadre des travaux des Syndicats d’amélioration foncière. Combien d’heures passées à Montalchez, en janvier, les pieds dans la neige, par – 5°, pour demander une haie ici, un étang là et des arbres isolés là-bas ! A croire que c’était prémédité pour qu’on n’insiste pas trop !

 

A Montalchez, mais aussi à Boudevilliers, à Coffrane, à Fontaines, quelques mètres de ruisseaux à  remettre à l’air libre, des rives à végétaliser, etc… Un travail de fourmi, mais un travail qui a porté des fruits. Aujourd’hui, quand je vois ces aménagements où la végétation a repris, je suis émue de la beauté cachée de tous ces petits endroits qui ont été rendus à la nature.

 

Et puis il y a eu la campagne climat. Le WWF Neuchâtel s’est engagé depuis plusieurs années dans une campagne menée par le WWF Suisse, de sensibilisation aux problèmes climatiques et énergétiques. La problématique climat-énergie est devenue une priorité dans le domaine de l’écologie, car une modification climatique a des répercussions sur tous les milieux naturels, sur la faune, la flore, le régime des eaux et finalement aussi bien sûr, et ce n’est pas une des moindres conséquences, sur l’homme. Au niveau planétaire, ce sont des terres qui risquent d’être immergées, qui étaient cultivables et qui ne le seront plus, et pour nous en Suisse, des zones qui deviendront plus ou moins pluvieuses, le recul des glaciers et des sols gelés, des risques par conséquent d’éboulement, en particulier.

 

Il y a eu le camp de démonstration pour les énergies renouvelables : une semaine de pluie et de ciel couvert. Nos fours solaires n’ont pas pu être utilisés pour autre chose que pour faire fondre du chocolat pour nos desserts de bananes au chocolat !

 

On peut raccrocher aussi à la problématique de l’énergie toute l’action antinucléaire du WWF. Un sujet récurrent qui nous a occupé à plusieurs reprises. Combien de stands pour récolter des signatures, combien de comités de soutien à des initiatives, combien de campagnes de votations…. Et c’est une nouvelle campagne de votation que nous recommençons aujourd’hui, puisque les deux initiatives « Moratoire + » et « Sortir du nucléaire » seront votées probablement au printemps 2003.

 

Enfin, il y a eu en 1997, l’idée folle de créer un Parc naturel régional dans la vallée du Doubs. Une idée folle presque une utopie tant le nombre de défis à relever est grand pour y parvenir. Il faut créer dans cette vallée une structure entièrement nouvelle, qui n’existe pas encore en Suisse. Il faut donc créer la législation ad hoc au niveau suisse, mais il faut aussi, sur place, relever d’autre défis tout aussi, et même plus, difficiles : travailler de manière intercommunale, fédérer trente communes suisses, de manière intercantonale et de manière internationale même, puisque le but est d’arriver à créer ce parc des deux côtés de la frontière. Il faut susciter l’envie de travailler ensemble, malgré les différences et la distance géographique. Il faut asseoir à la même table des gens qui n’ont pas les mêmes objectifs et qui n’acceptent pas facilement le dialogue. Il faut vaincre les craintes, les réticences, les oppositions de principe.

 

Je vous avoue que quand j’ai lancé ce projet, j’espérais intéresser au moins trois communes. Ce sont 25 communes qui ont participé régulièrement aux séances du groupe de réflexion des communes que j’avais mis sur pied en 98-99 et qui a abouti en 99 à la création de l’Association pour le Parc naturel régional du Doubs que j’ai dirigée jusqu’à aujourd’hui.

 

Ca a été une expérience extraordinaire. J’ai appris à connaître de nombreux petits coins de cette vallée, où je n’aurais jamais eu l’occasion d’aller autrement. J’ai visité chaque village, informé chaque conseil communal, pris contact et rencontré des agriculteurs, des restaurateurs et autres prestataires de services, en suisse et en France.

 

Je voudrais rendre hommage aux communes de la vallée pour leur esprit d’innovation. Elles n’ont pas eu peur d’aller de l’avant, de s’engager pour leur région, d’innover. J’aimerais souligner en particulier l’engagement des communes neuchâteloises de La Chaux-de-Fonds, du Locle, des Brenets et des Planchettes dans. Leur soutien a été précieux, et même irremplaçable. Je suis convaincue aujourd’hui que ce PNR apportera à la région une image positive, une visibilité et un caractère pionnier qui ne peut que lui être bénéfique.

 

Je quitterai demain, lors de l’Assemblée générale, la direction du PNR du Doubs avec l’impression d’avoir offert à la région un bon outil de développement durable. A vous maintenant, de lui donner son ampleur, de le faire vivre.

 

Je quitte le poste de secrétaire générale du WWF Neuchâtel, mais je ne quitte pas le WWF Neuchâtel, puisque je vais rester au comité et poursuivre ainsi une action qui correspond à mes convictions, une action fondée sur le développement durable, une action qui intègre les préoccupations écologiques, sociales et économiques.

 

Je tiens à remercier particulièrement Béatrice, notre présidente, Daniel, Eliane et Martine. Ils sont l’âme du WWF neuchâtel. Ils sont membres du comité depuis 15 ou 20 ans. Ils ont donné au WWF des milliers d’heures bénévoles. Ils ont été heureux avec les succès remportés. Ils ont souffert avec les échecs. Ils ont partagé les inquiétudes, les moments de pression, les joies, aussi et il y en a eu beaucoup. Merci aussi aux membres du comité qui nous ont rejoint plus récemment.

 

Merci à vous qui avez soutenu le WWF depuis tant d’années. Merci de votre humanisme, de votre générosité, qui ont guidé votre action et vos opinions. Merci de votre amitiés, merci de tous les moments partagés derrière un stand en ville quand on faisait signer une initiative, ou avec une bêche à la main quand on plantait une haie.

 

Merci de m’avoir fait confiance pendant toutes ces années !

 

 

Assemblée générale du WWF Neuchâtel

 

13 mars 2002

 

 

Projection du film Prypiat

 

 

Mesdames et Messieurs, bonsoir !

 

La projection de ce soir est organisée en collaboration avec le cinéma ABC et le WWF Neuchâtel. Je tiens donc d’abord à remercier M. Schori d’avoir accédé à notre demande et de nous permettre ainsi de vous présenter ce film.

 

Pripyat raconte l’histoire d’une ville située à 5 km de la centrale de Tchernobyl. La ville comptait en 1986 50’000 habitants. Aujourd’hui, 15 ans après l’explosion nucléaire, Pripyat est devenue une ville fantôme. Elle est sous la surveillance continuelle de l’armée. Elle se trouve au centre d’une vaste zone radioactive qui s’étend de l’Ukraine à la Biélorussie. Des autorisations particulières sont nécessaires pour pénétrer dans cette zone. Pripyat raconte les conditions de survie dans ce microcosme improvisé dans lequel nourriture et boissons sont chargés en éléments radioactifs et où il est dangereux de respirer à l’air libre. Pourtant la radioactivité n’est pas perceptible, alors, personne ne suit vraiment ces recommandations.

 

L’histoire doit être rappelée quelquefois pour éviter qu’elle ne s’oublie, mais aussi pour mieux préparer l’avenir.

 

Le 26 avril 1986, à 1 h. 23, deux explosions font voler en éclat le toit de la centrale de Tchernobyl. Le cœur du réacteur est en fusion. Il brûle pendant dix jours et répand dans l’atmosphère des éléments radioactifs correspondant à environ 200 bombes d’Hiroshima.

 

C’est le plus grave accident nucléaire de tous les temps. Le nuage radioactif survolera les trois quarts de l’Europe et touchera des millions de gens.

 

Le 15 décembre 2000, la centrale de Tchernobyl a enfin fermé ses portes, mais elle restera dans toutes les mémoires comme un symbole de l’inconscience et de la désinformation. Elle a révélé les limtes de la démocratie et du devoir d’information dans plusieurs pays touchés.

 

Pourtant, même là-bas, la vie reprend ses droits. Des familles retournent vivre sur les terres contaminées de leurs ancêtres, dans les villages abandonnés à deux pas de la centrale. Un enfant y est né.

 

Tchernobyl est un désastre humanitaire et écologique planétaire. Ses victimes meurent encore à petit feu en Ukraine, au Bélarus, qui a été particulièrement touché et en Russie. L’environnement restera pollué pendant des siècles et des aliments radioactifs continueront d’être produits et mangés par des personnes qui ignorent leur provenance.

 

De puissants intérêts sont en jeu. L’industrie atomique fournit énormément de courant et emploie de nombreuses personnes. Elle brasse des milliards de francs. Le lobby nucléaire a donc tendance à minimiser les risques liés à cette industrie. L’atome bien géré reste l’avenir. Il est même réhabilité dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Il est considéré comme un sauveur dès qu’une pénurie de courant s’installe comme aux USA.

 

Malgré tout, le risque zéro n’existe pas. La vigilance doit l’emporter. C’est l’affaire des gouvernements, mais surtout des populations. Tchernobyl doit nous rappeler à plus de prudence et d’engagement.

 

L’Allemagne et l’Italie ont choisi d’abandonner l’énergie atomique. Nous aurons nous aussi, à nous prononcer l’année prochaine sur ce sujet, puisque les deux initiatives « Moratoire Plus » et « Sortir du nucléaire » ont abouti et seront bientôt présentées au peuple.

 

Pripyat a été primé dans de nombreux festivals internationaux. C’est un grand film documentaire européen. Nous le devons au cinéaste Nicolaus Geyrhalter.

 

Je vous souhaite une bonne soirée.

 

 

 

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