Le féminisme aujourd’hui: interview de L’Emilie

 

  1. Etes-vous féministe et pour vous, qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Peut-être n’étais-je pas féministe lorsque j’avais 20 ans, mais je le suis devenue peu à peu. Les expériences que j’ai faites dans ma vie familiale, professionnelle et politique m’ont montré, que si les lois ont évolué, il reste encore beaucoup à faire pour modifier les habitudes, les mentalités et les structures sociales.

 

Etre féministe, pour moi, c’est porter une attention toute particulière aux questions qui touchent surtout les femmes et m’associer à l’effort que nous devons faire, toutes et tous ensemble, pour attirer l’attention du public sur les raisons des inégalités et les solutions que l’on peut apporter.

 

  1. Pourquoi y a-t-il aussi peu de femmes en politique ? Quelles sont les difficultés qu’elles rencontrent ?

 

Il y a une grande différence entre les partis de gauche et ceux de droite. Si les Verts et le PS ont des proportions hommes – femmes réjouissantes, celles-ci sont en revanche tristement rares à l’UDC. On retrouve là une différence de mentalité ou de représentation de la société : pour l’UDC, la femme est mieux à sa place à la maison. Le PS et les Verts en revanche proposent la vision d’une femme dynamique, qui concilie vie familiale, professionnelle et politique.

 

En outre, les femmes doivent passer par-dessus plusieurs obstacles pour parvenir à faire une carrière politique. Le premier est sans doute la discrétion. Elles doivent apprendre à s’exprimer, à revendiquer, à se battre. Ce n’est pas toujours naturel. Cela ne correspond pas à l’image traditionnelle de la femme. Le deuxième, c’est la charge de travail. Lorsqu’elle est déjà active professionnellement et qu’elle a des enfants en bas âge, comment pourrait-elle encore consacrer le temps nécessaire à la vie sociale ? Et puis il y a l’incompatibilité entre les horaires des enfants et les séances à l’heure du souper ou du coucher des petits. Il faut s’organiser, trouver une aide. Enfin, il faut négocier la chose avec un partenaire, qui a envie de la voir autrement qu’entre deux portes !…

 

  1. Est-il selon vous important de favoriser la participation de femmes à la vie politique ? Pourquoi ?

 

Oui, c’est très important. Parce qu’elles ont un vécu assez différent de celui des hommes, les femmes sont souvent sensibles à d’autres éléments qu’eux. Elles mettent les priorités ailleurs. Elles sont plus nombreuses dans le domaine social, elles savent par conséquent mieux où sont les besoins. Elles ont majoritairement un autre regard sur la politique et leur expérience est indispensable.

 

  1. Quelles sont les pistes à explorer pour que l’égalité ne reste pas un vain mot ?

 

La formation reste un domaine très important. Le monde du travail ensuite. Il faut débusquer les inégalités salariales et lutter contre elles. Pour cela, il faut parfois changer les habitudes. Il faut aussi revaloriser les métiers féminins. Ensuite, il y a les mentalités. Montrer une autre image de la femme, une femme qui travaille, qui partage la responsabilité de l’éducation des enfants, qui vit avec l’homme dans un partenariat épanoui, qui mène une carrière politique heureuse, est aussi très important pour susciter des vocations.

 

 

Gisèle Ory

12.05.04

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