Droit de recours des organisations de protection de la nature
Dans mes quelques années d’expérience en tant que secrétaire générale du WWF Neuchâtel, j’ai acquis la conviction que la protection de la nature ne peut pas se gagner à travers des recours et des actions juridiques, mais qu’elle se gagne dans le cœur des gens, par la conviction que chacun a que le petit coin de terre dont il est responsable mérite le respect et mérite d’être sauvegardé.
Le droit de recours des organisations de protection de la nature est régulièrement remis en cause. Nous avons encore une nouvelle proposition de limitation de ce droit qui est examinée à l’heure actuelle par la commission des affaires juridiques du Conseil des Etats.
Les entrepreneurs lui reprochent de bloquer des projets importants et de leur faire perdre de l’argent. C’est surfait. Les recours des organisations ne représentent qu’un tout petit pourcentage des recours. Le restreindre ne modifiera pas le volume de projets réalisés dans ce pays.
Les organisations, de leur côté, y tiennent dur comme fer. Elles estiment que grâce à ce droit des paysages magnifiques ont pu être sauvés. C’est vrai, mais ne compter que sur cela serait vain, car un recours gagné au TF ne signifie pas encore que les décisions sont appliquées.
Nous avons pu le constater avec les tourbières. C’est le seul recours que le WWF Neuchâtel a fait en 15 ans, c’est donc que nous estimions qu’il s’agissait vraiment d’une question de fond très importante. Malgré un jugement du tribunal fédéral qui nous a donné raison, la protection des zones tampon n’a été que très partiellement réalisée sur le terrain.
Pour que la cause de la nature avance, il faut donc apprendre à connaître et à aimer les richesses naturelles qui nous entourent, il faut que chacun ait envie de sauvegarder ce qu’il y a dans son jardin ou à côté de chez lui.
Le WWF Neuchâtel en est conscient et c’est la raison pour laquelle il privilégie la connaissance de la nature par rapport au droit. Le droit ne doit être utilisé que dans les situations d’urgence, quand tout autre moyen est impossible.
C’est pour cela que nous avons créé, il y a maintenant une quinzaine d’années, le Ciné nature. Ce sont des conférences et des films sur la nature, qui sont présentés pendant l’hiver aux musées d’histoire naturelle de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds. Le Ciné nature a toujours autant de succès. Il fait salle comble trois fois par jour à Neuchâtel comme à La Chaux-de-Fonds.
Nous avons aussi le Panda club. Ce sont des activités qui sont proposées aux enfants, dans la nature, pour leur apprendre à observer, à comprendre ce qui se passe et à apprendre à protéger.
Nous avons aussi le Réseau nature, c’est un groupe de personnes bénévoles qui sont d’accord de donner des coups de main pour planter une haie, entretenir un talus, creuser un étang. Les membres du Réseau nature sont invités à des cours sur des thèmes divers : plantation de haies, revitalisation des berges des ruisseaux, etc.
Et dès la semaine prochaine, nous aurons Passion nature. Nous estimons que la collaboration avec la télévision régionale est aussi un moyen très intéressant de faire découvrir la nature à ceux qui préfèrent rester à la maison ou qui ont de la peine à se déplacer.
Les émissions nature ont le vent en poupe. Elles sont regardées par tout les publics, de 5 à 105 ans. Nous avons donc décidé, dans le cadre du comité du WWF, de lancer un projet de découverte de la nature neuchâteloise par la télévision. Nous avons pris contact avec Canal Alpha, qui est entré en matière, ce qui nous a réjoui et nous avons mis au point ensemble un concept de reportages sur la nature neuchâteloise. C’est comme ça qu’est né
Passion nature
C’est une série de 11 émissions, qui seront diffusées à raison d’une par mois, pendant près d’un an.
Ces émissions se veulent ludiques, divertissantes, tout en faisant passer un message. Le message est bien sûr le centre de notre propos. Il dit en substance:
Vous pouvez agir, découvrir et préserver les richesses naturelles qui sont autour de chez vous.
Les émissions dureront 20 minutes. Elles seront composées de 4 parties
- une introduction pour situer le sujet
- de belles images pour montrer en quoi cet élément de la nature est intéressant et attachant
- exposé du problème écologique. Pourquoi cette espèce, ce biotope souffre aujourd’hui et risque de disparaître si nous n’intervenons pas.
- Que pouvons-nous faire, tout simplement, pour être utile.
Les émissions se veulent interactives. Elles proposent une action ou une observation.
Pour cette raison, elles sont liées à un site internet où tout le monde peut retrouver les éléments de l’émission, quelques photos, des plans pour construire des nichoirs ou des indications sur la manière de creuser un étang ou d’accueillir des chauves-souris dans son toit.
Le site du WWF Neuchâtel a l’adresse suivante :
Les émissions seront diffusées par Canal Alpha le troisième lundi du mois après le journal, ainsi que dans la boucle du week end. Elles pourront également être obtenues sur cassettes vidéo et pourront être utilisées dans des écoles ou des homes.
Nous allons aborder des sujets variés, mais il faut bien constater qu’il y a tant de choses intéressantes, qu’il ne sera pas possible de faire le tour de toutes les richesses du canton en 11 émissions. Peut-être répéterons-nous l’expérience…
Il faut donc faire un choix. Lorsque j’étais secrétaire générale du WWF Neuchâtel, j’ai passé des journées entières à arpenter la nature neuchâteloise. J’ai visité des endroits dans lesquels je ne serais jamais allée autrement, mais qui pourtant sont étonnants et semblent même parfois être de minuscules paradis préservés, on ne sait pas pourquoi, dans un océan industriel ou agricole.
– Il y a eu les surfaces agricoles sur lesquels on voulait faire des améliorations foncières et il fallait proposer des compensations écologiques. C’est comme ça que j’ai découvert le magnifique paysage de Montalchez, les tourbières de Brot-Plamboz ou l’azuré des paluds à Coffrane. Ici et là, j’ai demandé la plantation d’un arbre, le creusage d’un étang, la protection d’un mur de tourbe, etc.
– Il a eu les biotopes qui devaient être mis sous protection suite aux inventaires fédéraux des hauts marais et des zones alluviales, qu’il a fallu parcourir pour vérifier leur état et déterminer la largeur des zones tampon.
– Il y a eu la détermination des zones à grands tétras et les places de parade, etc.
Pour le moment, nous avons retenu quelques sujets :
- Chauves-souris
- Creux-du-Van
- Réseaux écologiques du Val-de-Ruz
- Parc naturel régional du Doubs
- Tourbières
- Oiseaux hivernants
- Grand tétras
- Projet Emeraude
D’autres sujets sont encore à discuter.
Le premier sujet, Chauves-souris, est déjà tourné et partiellement monté. Vous en verrez quelques images tout à l’heure. Ce sujet s’est imposé à nous rapidement. A cause de son côté mystérieux et nocturne, la chauve-souris éveille la curiosité et est mal connue. Elle est en danger dans notre canton pour beaucoup de raisons qui tiennent au comportement humain. En modifiant légèrement quelques décisions, on peut leur apporter de réelles chances de survie. En plus, nous avions une sortie du WWF sur ce sujet, ce qui permettait d’animer l’émission avec des réactions d’enfants.
Le projet Emeraude est un projet phare du WWF cette année. Nous suivrons toute l’année le développement de la vie dans la forêt Emeraude et cette émission sera la dernière de la série. Ce projet vous sera présenté en quelques mots par Sylvie Barbalat tout à l’heure.
Nous partons de l’idée que l’ignorance est souvent la principale ennemie de la nature et que si les gens connaissent les conséquences de leurs comportements, ils jouent le jeu et se donnent de la peine pour éviter de déranger la faune.
Communiqué
Le WWF Neuchâtel lance une série de onze émissions sur la nature neuchâteloise, en partenariat avec Canal Alpha. Ces émissions seront diffusées tous les troisièmes lundis du mois, après le journal, ainsi qu’en boucle le samedi et le dimanche. La première émission sera consacrée aux chauves-souris et sera sur vos écrans le lundi 28 juin à 20 h., 21 h. et 22 h.
Le canton de Neuchâtel recèle des trésors naturels, qui ne sont pas toujours bien connus. Des marais du Val-de-Travers aux rives du Doubs, du Creux-du-Van à la Vieille Thielle, des canaux du Val-de-Ruz aux combles de l’Hôtel de Ville de Neuchâtel, ce sont autant de biotopes, qui abritent parfois des espèces rares et étonnantes.
Malheureusement, certains de ces milieux, certaines de ces espèces, disparaissent peu à peu. Trop souvent dérangé, le grand tétras abandonne nos forêts. Les batraciens font les frais du trafic automobile. Les chauves-souris ont bien de la peine à trouver un endroit où hiberner.
Et pourtant, il suffit parfois de pas grand-chose pour améliorer la situation. Poser un nichoir dans un verger, laisser une petite ouverture dans une façade pour la rendre accessible aux chauves-souris. Chacun peut faire quelque chose.
Le WWF propose des émissions ludiques, divertissantes et interactives. Sur le site internet du WWF Neuchâtel, chacun trouvera tous les renseignements nécessaires pour passer du téléspectateur passif à l’écologiste actif : endroits d’observation, plans de construction, etc. Il suffit de taper : www.wwf-ne.ch
