Mesdames, Messieurs, Chers Camarades, Chers Amis,
Pourquoi êtes-vous décidé de devenir membre du PS ?
Peut-être êtes-vous excédés par les campagnes outrancières d’autres partis et estimez-vous que certaines valeurs doivent être réaffirmées ?
Peut-être avez-vous été convaincus par des amis, qui vous ont un peu poussé.
Peut-être avez-vous une ambition pour votre région et voulez-vous réaliser des projets.
Chacun de vous a ses motivations : Probablement vous sentez-vous proches du PS parce que vous avez des idées et que vous voulez les partager avec des personnes qui ont des idées semblables aux vôtres. Vous avez raison de venir au PS. Nous avons des idées, nous sommes heureux d’écouter ce que vous avez à nous dire. Ensemble, nous irons de l’avant.
Si vous avez des idées, vous arrivez au bon moment. En effet, les idées du parti font régulièrement l’objet de discussions nourries entre les membres et ces discussions aboutissent à la rédaction d’un programme du parti. Or justement, nous sommes aujourd’hui au début d’une nouvelle réflexion, tant au niveau cantonal que national. Au niveau cantonal, grâce à une motion des Jeunesses socialistes, nous avons décidé lors du dernier congrès, vendredi passé, de nous lancer dans une nouvelle réflexion approfondie sur nos idées et nos objectifs. Le comité cantonal, qui est l’organe exécutif du parti, est chargé de mettre en place un groupe de travail qui fasse cette réflexion. Au niveau national aussi, le PSS va se lancer dans un toilettage et une remise à jour de son programme. Le programme actuel date de 1982. Il avait été adopté par le congrès du PSS après six ans de travail.
Si vous n’avez pas encore d’idées précises, mais simplement une sympathie, ce n’est pas grave. Permettez-moi de vous donner une citation d’un élu vaudois, bien vaudois et bien élu, qui vous rassurera…
En participant à la vie du parti, vous vous ferez rapidement une idée précise de ce que vous voulez et de ce que vous ne voulez pas, vous apprendrez à connaître les dossiers et vous verrez que vous pouvez être réellement actifs.
Tous nos membres ne lisent pas toujours le programme, mais pourtant, il est le fondement de notre réflexion et donc aussi de notre action. C’est pourquoi, je vais vous en dire quelques mots.
Le programme pose les éléments de base
Qui sommes-nous, que voulons-nous ?
Sur quelles valeurs nous appuyons-nous ?
Où nous situons-nous par rapport à l’évolution de la société suisse et du monde ?
Quelles sont les étapes que nous avons déjà franchies depuis le dernier programme ? Qu’avons-nous atteint ? Que reste-t-il à faire ?
Elaborer un programme, c’est aussi une manière de réaffirmer nos valeurs communes.
La liberté
La paix
La dignité et les droits de l’homme
La solidarité
La démocratie
La justice
La sécurité
L’égalité des chances, l’égalité des sexes
La qualité de la vie et un environnement sain.
On pourrait sans doute citer quelques valeurs supplémentaires, mais sur celles-là, nous sommes tous et toutes d’accord.
Nous pourrions aussi les mettre dans un autre ordre. La paix est-elle plus importante que la justice ? Ou l’égalité plus importante que la qualité de la vie ?
Une chose est certaine, au centre de nos préoccupations, il y a l’être humain, dans sa globalité, un être que l’on ne peut réduire à sa fonction économique ou de production. D’où le slogan : l’économie est faite pour servir l’homme et non l’homme pour servir l’économie.
Et au centre de notre action, il y a la solidarité. Nous ne pouvons rester indifférents à ce qui se passe autour de nous. Nous sommes solidaires les uns des autres à l’intérieur de notre société, mais aussi avec les autres habitants de la planète en général. Le socialisme est une vision globale du monde.
Quand on est socialiste, on travaille à long terme. On ne se préoccupe pas seulement d’un profit à court terme. Nous voulons une société durable. Nous nous préoccupons aussi de ce que deviendra notre planète après nous et des conséquences à long terme de nos choix.
Comment traduire cela au jour le jour, dans une action quotidienne au plan fédéral, cantonal ou communal ? Ce n’est pas toujours facile, car certaines de ces valeurs peuvent se trouver en opposition quand on doit prendre une décision pratique et il faut souvent faire une pesée des intérêts. Qu’est-ce qui est le plus important dans ce cas ? Soutenir cette entreprise, qui offre beaucoup d’emplois, bien que ses activités mettent en danger l’environnement et la qualité de vie de ses voisins ? Quelle armée avoir si notre priorité est la paix ? Quelle recherche médicale peut-on tolérer dans le domaine du génie génétique, par exemple, où la recherche pose des questions éthiques de dignité humaine, de sécurité, mais représente aussi un espoir de soulager des souffrances ?
En étant au PS, vous participerez à toutes ces discussions et vous verrez que c’est passionnant.
Pour terminer, je voudrais juste effleurer quelques-uns des plus grands dossiers actuellement en discussion et particulièrement importants pour nous.
Parlons d’abor d’un sujet qui intéresse tout le monde : la fiscalité. C’est un débat que l’on retrouve, tout aussi aigu, au niveau fédéral, cantonal et communal. Si vous vous engagez dans la politique active, vous y serez certainement confrontés.
Pour les socialistes, l’impôt est un outil de redistribution des richesses dans la société. Les personnes qui sont à l’aise paie davantage, les personnes qui sont en difficultés paient très peu, ou même rien, et reçoivent l’aide dont elles ont besoin, à travers un réseau d’assurances sociales. Le PS doit se battre depuis des années contre de multiples tentatives de la droite de baisser les impôts. Diminuer les impôts ne favorise pas les familles modestes, comme on pourrait le croire, c’est le contraire qui se produit, mais c’est quelquefois difficile à expliquer. Diminuer les impôts, c’est diminuer la redistribution : les tâches que l’Etat n’assume plus, ce sont les individus qui doivent les financer, or quand le salaire est bas, comment payer plus cher les crèches, l’écolage, les soins, etc. ? Quand on n’a plus d’argent en caisse, comment assurer un revenu décent à tous ceux qui sont âgés, malades, handicapés, au chômage ou à l’assistance ? Comment verser des salaires corrects aux infirmières, aux enseignants, aux employés de la voirie ?
La droite ne désarme pas en
matière fiscale. Au niveau fédéral, il y a eu le paquet fiscal, qui opérait une nette redistribution en faveur des personnes à revenus élevés. Au niveau cantonal, nous avons eu l’initiative de la CNCI, qui voulait baisser les impôts de manière linéaire de 12%, qui a été refusée heureusement par le peuple, ainsi que des baisses d’impôts pour les héritiers et les propriétaires fonciers, qui ont été votées par le Grand Conseil. Au niveau communal aussi, les baisses d’impôts sont à la mode. On parle beaucoup du taux d’imposition des communes. Plusieurs ont baissé leur taux durant la dernière législature, sous la pression d’initiatives de la droite.
La Confédération, les cantons et la plupart des communes sont actuellement dans les chiffres rouges et doivent procéder à des coupes dans leur budget, qui se font assez généralement au détriment des plus démunis.
Deuxième paquet : les assurances sociales. Le PS se bat pour que chaque personne puisse rester aussi autonome que possible, avoir assez de revenus pour vivre dignement, quel que soit son âge ou son état de santé. Le filet social assure à chacun le minimum vital. Les assurances sociales, c’est l’AVS, l’AI, la LAMal, la LPP et l’AC. A quoi, on peut ajouter les PC et l’aide sociale aux niveaux cantonal et communal. Elles ont toutes été créées au 20ème siècle. Elles sont toutes remises en cause actuellement.
Il y a d’abord eu l’attaque de Pascal Couchepin sur l’AVS, dont vous vous rappelez sûrement, avec l’âge de la retraite à 67 ans. Il y a eu le refus du peuple d’augmenter la TVA pour l’AVS ce printemps. Il reste donc un problème de financement à long terme, d’une part et d’autre part, le mandat constitutionnel de l’AVS, qui est d’assurer le minimum vital à chaque personne âgée, ce qui n’est pas encore le cas actuellement. Au niveau cantonal, nous sommes essentiellement confrontés à la planification et à la qualité de la prise en charge dans les EMS.
L’AI : l’AI souffre actuellement d’un déficit très important, plus de 1 milliard de francs par an. Les caisses sont vides et l’on doit trouver de nouvelles ressources. Le nombre de rentiers augmente régulièrement. Les extrémistes de droite estiment que l’AI est trop laxiste. Cela révèle un manque de connaissance de la réalité. En fait, les raisons sont nombreuses et complexes. On peut relever que les personnes handicapées deviennent plus âgées, ce qui est réjouissant, mais aussi qu’elles trouvent de moins en moins facilement du travail, car le marché du travail devient de plus en plus exigeant, excluant de fait les personnes les moins performantes.
On sent actuellement une très forte pression, pour diminuer la prise en charge des personnes handicapées, en particulier les personnes handicapées psychiques. Nous voterons le 28 novembre la nouvelle répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, qui démantèle une partie de l’AI en la confiant aux cantons, sans leur donner des moyens directement affectés à cette tâche. Dès 2007, les cantons auront donc la liberté de ne pas maintenir les mêmes prestations, sans que cela ne se voie trop, puisque cela se fera progressivement et différemment d’un canton à l’autre. Le financement de l’AI est donc un but prioritaire du PS.
La LAMal : les primes augmentent chaque année, et comme nous avons un système de primes par têtes, qui n’est pas dépendant du revenu, cela devient insupportable pour les familles à revenus modestes. L’enjeu, c’est de maintenir la qualité des prestations pour tout le monde tout en trouvant un système qui permette de diminuer la charge sur les familles. Ce peut être un système de suppression des primes pour enfants, ou une caisse unique qui permette de diminuer les coûts des assurances, ou une subvention étatique plus importante, qui fasse passer une partie de la prime dans les impôts, ou la restructuration et la rationalisation du réseau hospitalier pour permettre des économies. C’est ce que nous faisons maintenant à Neuchâtel, avec l’hôpital multisite. Là aussi les enjeux sont importants. La droite voudrait une médecine à deux vitesses, avec des gens qui paient une prime minimale et ont droit à des prestations minimales et des gens qui paient des assurances privées, qui leur donnent droit aux meilleurs médecins et aux meilleurs hôpitaux, c’est-à-dire le système américain, où on vous demande où vous êtes assurés avant de vous emmener à l’hôpital. C’est là contre que nous nous battons maintenant et les enjeux sont considérables, car il y va de la santé de millions de personnes, qui ne peuvent pas payer des assurances privées.
Un troisième élément sur lequel nous devons aussi beaucoup réfléchir actuellement, c’est l’éducation. L’éducation est l’une des bases de l’égalité des chances et aussi de l’égalité des sexes. Tous les enfants doivent avoir accès à toutes les formation, quelle que soit leur fortune. Actuellement sont en discussion au niveau fédéral les taxes universitaires, les bourses et les prêts d’études, le soutien à la création de places d’apprentissage, suite au refus de l’initiative socialiste qui demandait à la Confédération de faire un effort dans ce domaine. Le système d’éducation est aussi confronté à la question du travail des deux parents. Comment concilier vie de famille et emploi ? C’est un des défis qui doit être relevé au niveau cantonal et communal, avec la mise en place de crèches, de lieux d’accueil, d’horaires adaptés au travail des parents, etc.
Voilà, je n’ai pu prendre que trois éléments parmi d’autres. Nous pourrions bien sûr parler toute la nuit. Je reste bien volontiers à votre disposition si vous avez des questions ou d’autres points qui vous intéressent.