Discours du 1er mai à Neuchâtel

Chers Camarades,

 

Bravo ! Félicitations ! Cette année, la fête du 1er mai est une vraie fête ! La fête du travail, la fête des travailleurs, mais aussi une fête de la victoire, puisque la gauche a obtenu la majorité au Grand Conseil et au Conseil d’Etat. Aujourd’hui, nous pouvons fêter, plus que nous n’avions jamais pu le faire jusqu’à maintenant et j’espère que vous serez aussi avec nous pour continuer la fête demain à La Chaux-de-Fonds. Aujourd’hui le canton de Neuchâtel a le cœur à gauche.

 

Félicitations à vous tous et toutes qui avez travaillé dur depuis des années pour convaincre les citoyens et les citoyennes, pour expliquer les questions difficiles, à vous tous et toutes qui avez fourni un travail en profondeur dans les partis, les syndicats et les associations et qui avez ainsi permis cette victoire.

 

C’est le résultat de la politique d’ouverture et de solidarité que nous avons menée depuis des années. C’est une victoire du cœur et de l’humanisme sur la logique du porte-monnaie, de la justice et du partage des richesses produites, contre l’égoïsme à courte vue. Merci à vous tous et toutes qui vous êtes engagés dans cette campagne et qui avez participé à cette victoire par votre vote !

 

C’est un grand pas qui a été réalisé. C’est une victoire historique, une première pour Neuchâtel et un grand retour pour la Suisse, puisqu’une telle double majorité n’avait plus été conquise par la gauche depuis Bâle en 1938. Elle a été possible grâce à l’union des partis, des syndicats et des associations de gauche. Nous avons réussi notre pari grâce à notre entente et à notre solidarité. Nous avons gagné ensemble. C’est ensemble que nous fêtons aujourd’hui. C’est ensemble que nous construirons l’avenir de ce canton.

 

Nous avons toutes les cartes en mains. Nous avons de bons conseillers d’Etat, qui tiennent des départements importants pour nous. Nous avons une majorité au Grand Conseil. Nous montrerons qu’un gouvernement de gauche, ce n’est pas la même chose qu’un gouvernement de droite. Nous avons quatre ans pour mettre en place des projets qui changeront le visage de ce canton, qui le rendront accueillant pour tous les citoyens et toutes les citoyennes. Un canton, où il fera bon vivre, non seulement quand on est bien à l’aise, mais aussi quand les difficultés apparaissent.

 

Un canton qui fait de la solidarité un objectif commun. Solidarité entre le haut et le bas du canton, entre communes riches et communes pauvres, mais aussi entre hommes et femmes, entre ceux et celles qui ont du travail et ceux et celles qui n’en ont pas, entre les bien portant et les malades, entre les jeunes et les personnes âgées, entre les Neuchâtelois et ceux et celles qui sont nés ailleurs.

 

Comprendre le point de vue des autres nécessite un effort constant. Rester à l’écoute de chacun, voir où sont les problèmes, savoir traduire en projets concrets les besoins de tous et de toutes. C’est ce que nous devons faire, jour après jour. Il faut du travail, il faut des entreprises, il faut des infrastructures dans toutes les parties du canton, afin que les différences de richesses n’aillent pas en s’accentuant. C’est de cela que dépendra notre bilan dans quatre ans.

 

Nous nous sommes battus. Nous avons gagné ! Ne nous endormons pas sur nos lauriers, Gardons notre impulsion militante et notre énergie créatrice. Nous avons fait preuve dans les décennies passées d’une conviction qui nous a permis de construire un système de protection sociale  basé sur la solidarité. Nous en connaissons les lacunes. Nous lutterons pour les combler. Nous avons obtenu l’assurance maternité. Nous devons aujourd’hui sauver l’assurance invalidité et améliorer l’assurance maladie. Personne ne peut nier que les progrès réalisés dans la protection sociale portent notre marque, notre signature. Certains estiment que nous devons tout cela à une conjoncture économique favorable, comme si la croissance rendait superflue la volonté politique. La vérité, c’est que nous avions une conviction. Nous voulions combattre les injustices et améliorer le sort des plus faibles et nous l’avons fait. Nous avons eu la volonté d’agir, nous avons eu la capacité de réagir et nous avons eu l’endurance  et  la patience nécessaire.

 

Nous continuons aujourd’hui le travail qui a été commencé par nos prédécesseurs. Nous avons compris que la lutte contre le chômage doit mobiliser toutes nos ressources. Notre campagne était basée sur l’emploi.  Nous n’admettrons jamais que le chômage persiste, même s’il reste dans des proportions économiquement supportables. Son existence nous indignera toujours. Nous ne renoncerons jamais à l’idéal d’un travail pour chacun. Nous devons nous battre maintenant pour que chacun et chacune reçoive la formation et l’aide nécessaire pour qu’il retrouve un emploi.

 

Nous ne ralentirons pas non plus notre marche vers l’Europe. Nous voulons participer pleinement, non seulement à l’Europe du commerce et des affaires, mais à l’Europe sociale en construction. Nous sommes en train de vivre un 1er mai après lequel plus rien ne sera comme avant. Parce que bientôt, doit venir l’heure de la libre circulation des travailleuses et des travailleurs à l’échelle de l’Europe, cette Europe à 25, qui fait peur à ceux qui n’ont rien à craindre et qui savent si bien exploiter la peur de ceux qui les écoutent.

 

Oui, demain, après-demain, nous défilerons ici ensemble, je l’espère, avec des camarades de toute l’Europe. Et, je l’espère encore d’avantage, ces nouveaux camarades seront correctement payés, décidés à ne pas courber l’échine face aux injustices, parce qu’ils seront soutenus par  notre combat pour un marché du travail ouvert et social.

 

Notre société est de plus en plus dure. Nous avons certainement quelque chose à craindre de cette ouverture à une « main d’oeuvre bon marché et prête à toute les concessions », comme le disent les marchands de peur et comme en rêvent les profiteurs. Mais à gauche, notre conception de l’ouverture n’est pas celle des planteurs de tabac qui voient en chaque Polonais un travailleur au noir, prêt à suer ici et à retourner bravement là-bas. Les mesures d’accompagnement de la libre circulation des personnes doivent être utilisées comme une arme efficace contre tous les abus.

 

La gauche n’a pas peur de l’avenir. Montrons-nous combatifs et non craintifs. Ne cédons pas à ceux qui veulent protéger leurs privilèges et laisser les plus faibles se faire exploiter dans l’ombre et la clandestinité. Nous pouvons dire oui sans arrière-pensée à Schengen – Dublin le 5 juin prochain. Et, surtout, en septembre, nous pourrons dire oui à l’élargissement de  la libre circulation des personnes. Mettons plutôt toute notre énergie pour que cette évolution renforce les droits des travailleurs, d’où qu’ils viennent. Gageons que la nouvelle majorité de gauche neuchâteloise saura se montrer exemplaire dans l’application des dispositions de protection du marché du travail.

 

Certains camarades trouvent que nous avons trop vite dit oui, que les profiteurs auront le dessus. Mais, je vous le demande, que vaut-il mieux ? Une immigration hypocrite, pourvoyeuse de statuts de misère, de gens au noir et sans droit ou une solidarité qui nous permette de faire pression ensemble contre la sous enchère salariale, la politique de la peur et le rabotage de nos droits?

 

La nouvelle libre circulation des personnes a déjà amené le patronat à des concessions. Nous devons continuer :

– pour la régularisation des sans-papiers,

– pour des hausses généralisées de salaires,

– pour des conventions collectives renforcées

 

Osons, oui, osons rêver de nouveaux 1er mai où nous serons plus nombreux encore, venant de toute l’Europe, manifestant ensemble, plus combatifs que jamais.

 

Osons la promesse d’un monde plus solidaire. Nous rêvions de plus de démocratie, plus de  liberté et  moins de misère pour les pays pauvres. Nous défendions l’autodétermination des peuples, mais le chemin est encore long  pour vaincre l’exploitation, l’endettement, la guerre et la soumission des peuples pour des raisons économiques.

 

Nous pensions également que nous ne vivrions plus la xénophobie après les dures expériences que nous avions faites pendant la dernière guerre ou durant les années 70, mais la xénophobie a changé de cible. Elle trouve maintenant un bouc émissaire de remplacement dans les réfugiés des pays du sud et vise la politique de l’asile. Les décisions prises par le Conseil des Etats sont inadmissibles. Elles ne respectent pas la dignité humaine. Nous ne devons pas lâcher prise. La présence de nos camarades étrangers à cette fête du 1er mai, qu’ils animent de toutes les couleurs du monde, témoigne de leur intégration et de la richesse culturelle qu’ils apportent à notre société.

 

Nous pensions avoir vaincu le racisme. Eh bien non. Le racisme est une hydre à cent têtes. Quand on en coupe une, il en repousse d’autres. L’extrémisme de droite n’est pas mort. Le témoignage de notre respect et de notre reconnaissance à tous ceux et toutes celles qui se sont battus pour la liberté et la démocratie et l’hommage rendu aux victimes des atrocités ne suffisent pas. Nous devons apprendre à détecter à temps les signes précurseurs des nouvelles dérives. Nous devons lutter contre l’accoutumance, qui pourrait conduire à l’aveuglement ou à la résignation.

 

Osons aussi la promesse d’un environnement préservé. Elaborons ensemble notre Agenda 21 cantonal. Tout est prêt pour que nous le fassions. La nature continue de reculer au profit des constructions. Le climat se dérègle et la qualité de l’air menace notre santé et nous devons encore défendre les transports publics et lutter pour la survie des espèces en voie de disparition.

 

Je suis heureuse de fêter ce 1er mai avec vous aujourd’hui. Je suis venue avec l’envie de vous parler à cœur ouvert. Je sais quel mandat vous m’avez confié en m’élisant au Conseil des Etats : défendre les intérêts des travailleuses et des travailleurs et faire avancer la justice sociale. Je m’y emploie chaque jour avec toute mon énergie. Mon ambition est de saisir chaque occasion qui m’est donnée d’améliorer la situation de nos concitoyens et concitoyennes.

 

C’est ma tâche quotidienne, mais c’est aussi la vôtre, Chers Camarades. C’est notre conviction, notre enthousiasme, notre confiance en l’avenir, qui feront la différence. Et pour cela, je compte sur vous, comme vous pouvez compter sur moi.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

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