Pour une agriculture respectueuse des animaux

050927 Protection animaux Plenum

 

Art. 5.3

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Conseiller fédéral,

Chers Collègues,

 

S’il y a un point où les intérêts de l’agriculture suisse rejoignent très clairement les intérêts des consommateurs, c’est bien sur cette question de l’étiquetage des marchandises.

 

L’agriculture suisse a fait de très gros efforts depuis plusieurs années pour adopter une pratique dite « proche de la nature » et respectueuse des animaux, avec la production intégrée et l’agriculture biologique qui se sont largement répandues dans toutes les régions. Les lois que nous avons imposées à l’agriculture sont assez exigeantes dans le domaine de la protection des animaux et les agriculteurs s’y conforment au mieux, mais ce n’est pas toujours facile.

 

D’un autre côté, nous voulons que notre agriculture soit aussi rentable que possible, alors que les protections douanières tombent peu à peu et que nos agriculteurs sont de plus en plus confrontés au marché international.

 

Pourquoi ne pas profiter de l’intérêt que représente la qualité de notre agriculture ? Pourquoi ne pas donner aux agriculteurs la reconnaissance visible des efforts qu’ils ont fait depuis des années ? Pourquoi ne pas leur permettre de valoriser ces efforts auprès des consommateurs ?

 

Actuellement, de nombreux produits agricoles sont produits à l’étranger dans des conditions bien moins exigeantes qu’en Suisse. C’est le cas de la viande de lapin ou des œufs. Mis sur le marché sans déclaration du type d’élevage, ils peuvent être vendus à des prix inférieurs aux produits suisses et concurrencer l’agriculture autochtone. L’agriculture suisse ne peut résister à la concurrence étrangère qu’en s’appuyant sur la qualité de sa production.

 

La déclaration du type d’élevage et de la provenance permet au consommateur de choisir ce qu’il désire en toute connaissance de cause. Sans cette déclaration, le consommateur ne peut pas comprendre les différences de prix entre les produits. On sait que le consommateur suisse est très sensible à la protection des animaux et qu’il privilégie volontiers les élevages les plus respectueux des animaux. On le voit dans le cas des œufs. Les œufs en batterie ne trouvent presque plus d’acheteurs en Suisse. L’information des consommateurs répond à un besoin et à une volonté des consommateurs de consommer de manière responsable. Le type d’élevage et la provenance sont des informations déterminantes dans le choix de l’acheteur. Nous sommes tous consommateurs et tous intéressés à savoir ce que nous mangeons et comment cela a été produit.

 

La formulation qu’a adoptée le Conseil national est raisonnable. C’est le Conseil fédéral qui peut décider des détails de l’application. Tel qu’exprimée ici cette disposition n’implique pas que tous les produits élaborés devront être déclarés en détail.

 

 

Selon l’art 4 de l’ordonnance sur la déclaration agricole, les produits importés doivent être déclarés s’ils ont été produits selon une méthode interdite en Suisse. L’exemple des œufs de batterie montre que cela fonctionne. La conséquence, c’est qu’en Suisse, on ne vend pratiquement plus d’œufs en provenance de batteries. Dans le cas des antibiotiques et des hormones, la déclaration doit mentionner : peut avoir été produit avec des antibiotiques ou d’autres substances favorisant la croissance. L’exemple des œufs montre que les importateurs ont pu réaliser les conséquences d’une telle production sur le consommateur… Pourquoi cela ne serait-il pas possible aussi pour la viande de porc ou de poulet ? Il y a aussi une certaine expérience en matière de déclaration dans le cadre des OGM. Ces produits doivent aussi être déclarés…et il n’y en a pas beaucoup sur le marché ! Sur la base de la grande sensibilité des consommateurs suisses face aux animaux, il faut s’attendre que suite à la déclaration obligatoire, on vendra plus de viande d’animaux qui ont été élevés dans le respect des animaux. Les Suisses sont d’accord de mettre plus d’argent pour avoir de bons produits et ils sont en avance sur d’autres pays à ce niveau. Les efforts que les éleveurs font pour améliorer la situation des animaux, paie clairement au niveau de la consommation. Les paysans en profitent autant que les animaux. Un Kg de lapin suisse coûte entre 18 et 25.-, s’il est produit en batterie en Hongrie, il coûte 10.- Sans déclaration le consommateur ne sait pas cela et ne comprend pas la différence de prix et cela au grand désavantage des paysans suisses, dont les efforts ne sont pas récompensés comme ils le devraient. La déclaration des provenances est conforme aux règles de l’OMC. Certains produits tout préparés utilisent des œufs de batterie sans l’annoncer sur l’emballage. Les consommateurs suisses n’achètent pas d’œufs de batterie, mais ils achètent les produits préparés avec ces œufs, car ils ignorent qu’il y en a dedans.

 

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