Travail le dimanche

Ne nous y trompons pas, cette modification de la Loi sur le travail n’est pas anodine. Il ne s’agit pas d’aménager quelques facilités pour une poignée de commerces qui se trouvent dans les aéroports et les grandes gares.

 

Non, il s’agit de battre en brèche les éléments de protection des travailleurs qui se trouvent dans la loi sur le travail. Il s’agit de mettre un pied dans la porte et de forcer peu à peu le peuple à l’ouvrir entièrement.

 

Cette question du travail du dimanche est récurrente. Elle est déjà revenue plus de 20 fois sur le tapis au niveau de la Confédération et des cantons en quelques années. Si 19 cantons ont répondu favorablement à une consultation du Secrétariat à l’économie concernant le travail du dimanche, le peuple, lui, en revanche, a assez constamment répondu non aux consultations populaires sur le même sujet.

 

La tactique est simple : puisque le peuple est difficile à convaincre, il faut commencer par faire une proposition le plus acceptable possible : quelques magasins dans les aéroports et les gares, c’est un moindre mal.

 

Mais on se rend déjà compte que cette situation n’est pas tenable à long terme. Comment expliquer la différence de droit entre deux magasins situés à 50 m. l’un de l’autre, l’un à l’intérieur de la gare et l’autre 50 m. plus loin ? Certains le ressentiront comme une distorsion crasse de la concurrence et ne manqueront pas de faire valoir leur point de vue devant les tribunaux d’une part et devant l’opinion publique d’autre part et il sera de plus en plus difficile de résister.

 

La possibilité de travailler le dimanche dans les gares, videra partiellement de sa substance l’interdiction du travail dominical.

 

Les partisans du travail dominical ne cachent d’ailleurs pas tellement leur objectif : que le travail dominical devienne la norme. Urs Schwaller l’a dit clairement lors du débat au Conseil des Etats du 30 septembre 2004 : « Tout droit spécial octroyé à certains points de vente appelle des concessions en faveur d’autres commerces pour respecter l’égalité de traitement ».

 

La motion de la commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats demande la levée de l’interdiction du travail le dimanche pour toutes les entreprises du commerce de détail et de prestations des services.

 

Vu le succès du référendum contre le travail du dimanche, le Conseil national a préféré repousser la discussion après la votation du 27 novembre. En cas de oui, il n’y a pas de doute que cette motion sera acceptée par le Conseil national aussi et qu’un grand pas sera fait vers la généralisation du travail le dimanche.

 

On peut prévoir de belles empoignades :

 

La notion de grande gare est élastique. On parlait au début de 7 gares. On parle aujourd’hui de 25 ou 30 gares. Jusqu’où ira-t-on ?

 

Quels magasins et jusqu’à quelle distance de la gare ?

 

L’objectif est bel et bien de transformer les gares en centres commerciaux, où l’on pourrait vendre des voitures et des lave-vaisselle même le dimanche. Le directeur de Rail-City, de la gare de Zürich dit pourtant qu’il espère devenir un centre commercial où l’on peut acheter de tout tous les jours. Le slogan des CFF : « Un centre commercial avec sa propre gare », est assez évocateur !

 

Ce sacrifice payé par les employés qui devront travailler le dimanche ne sera pourtant pas créateur d’emplois, ni de hausse des chiffres d’affaires. Hausse certainement pour les magasins des gares, mais pas hausse globale, car la capacité de dépenser des habitants ne dépend pas des magasins, mais de notre niveau de vie en général… Les magasins qui triompheront dans les gares, le feront au détriment des petits commerces locaux, qui ne pourront pas tenir ce rythme, ou seulement plus ou moins et en versant des salaires très bas, et qui verront une partie de leur clientèle disparaître. L’ouverture dominicale a plutôt eu pour effet à l’étranger de favoriser les grandes chaînes de magasins, d’augmenter le nombre de places, mais de diminuer le temps de travail total.

 

Globalement, il n’y aura pas plus de travail, mais plus de travail le dimanche, plus de travail à temps partiel, plus de petits boulots mal payés. Il y aura donc une péjoration de la situation des employés, or ceux de la vente ont déjà une situation très précaire aujourd’hui.

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