Haute école de musique de Neuchâtel

La musique, Mme la Conseillère d’Etat, ne peut se laisser réduire à des chiffres. Et même si elle le devait, vos chiffres ne sont pas convaincants.

 

Le conservatoire a fait un effort énorme et a trouvé l’argent nécessaire à l’interne. Ce sont des sacrifices importants qui démontrent clairement la volonté du conservatoire de trouver des solutions et d’aller de l’avant. Le conservatoire s’est montré particulièrement dynamique et créatif.

 

Quant à l’accréditation, le conservatoire fait les efforts nécessaires pour l’obtenir. Le processus se poursuit et je suis convaincue qu’avec notre soutien, votre soutien, il l’obtiendra.

 

Nous avons dans nos conservatoires des professeurs de renommée internationale.

 

C’est dans le cadre de la HEM qu’il y aura réellement mise en réseau. Il est normal, et c’est une tradition, qu’il y ait une grande mobilité dans le domaine de la musique. Le financement des élèves étrangers dans les hautes écoles est que réflexion que la Confédération est en train de faire sous l’impulsion des universités de Bâle et de Genève qui en ont beaucoup. Nous en aurons plus encore avec Bologne. La limitation des étudiants étrangers me paraît particulièrement anachronique.

 

Il ne s’agit pas seulement aujourd’hui de décider si nous voulons des classes professionnelles dans notre canton. Il s’agit de décider si nous voulons encore y enseigner la musique à un bon niveau.

 

Supprimer les classes professionnelles, c’est étouffer l’école de musique à plus ou moins brève échéance. Croyez-vous vraiment qu’une école peut encore être dynamique et se faire connaître sans classes professionnelles ? Croyez-vous que des professeurs de niveau international voudront y rester ?

 

Cette décision est plus importante qu’il n’y paraît.

 

Nous avons voulu ce système HES au niveau fédéral. Nous l’avons voté. Nous voulions améliorer l’enseignement professionnel dans notre pays. Nous voulions rester à la hauteur des autres, sachant qu’aujourd’hui et avec la libre circulation, qui a d’ailleurs toujours existé dans le domaine de la musique, nos étudiants doivent pouvoir rivaliser au niveau international.

 

C’est vrai. Cela nous demande un effort. L’effort est plus ou moins grand selon les écoles, mais c’est un effort d’adaptation que nous devons faire si nous voulons continuer d’exister. Mais voulons-nous continuer d’exister ? Les grands centres sont mieux armés que nous pour obtenir des hautes écoles. Lausanne et Genève ont déjà la musique, le théâtre, le stylisme, le cinéma. Elles auront bientôt la danse.

 

Et nous ? Nous ne pouvons nous profiler que dans peu de domaines. Nous le pouvons dans la musique, car nous sommes déjà à un excellent niveau. Pouvons-nous y renoncer ? Ce ne serait pas raisonnable, car  ce serait aussi affaiblir l’ensemble du réseau des HES neuchâteloises. Nous n’en avons déjà pas beaucoup, ne prenons pas le risque de les affaiblir encore. Ces filières musique ne sont pas les seules à être menacées dans la HE-Arc. Si nous ne nous battons pas pour cela, laisserons-nous aussi partir d’autres filières moins bien soutenues ? Lausanne nous dira merci, sans aucun doute.

 

On peut se battre sur les chiffres. On ne sait pas encore combien vont coûter les hautes écoles. On ne le sait pas non plus pour la microtechnique ou pour d’autres nouvelles filières. Ce qu’on sait, c’est que nous devrons être très attentifs, car il est possible que ce soit plus cher et nous devrons nous atteler à contenir les coûts, d’une manière générale et pour toutes les HES. Nous devrons nous impliquer dans les conférences romandes, faire entendre notre voix et là, je compte en particulier sur la Cheffe du Département et sur le contrôle parlementaire qui doit être mis en place, pour éviter la mise en place de structures pléthoriques ou compliquées et coûteuses.

 

Une chose est certaine cependant, c’est que nous aurons avec notre HES une excellente qualité, digne de la HES romande, et surtout, la HES est incontournable si on veut donner quelques chances à nos jeunes dans une Europe ouverte.

 

Un immense travail d’adaptation a déjà été fait. Des années d’efforts sont aujourd’hui remises en cause. Des années d’efforts, oui, mais aussi d’espoirs, de volonté de réussir et de donner aux jeunes musiciens la possibilité de réaliser leur rêve, ici, à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds.

 

Le conservatoire est très bien ancré dans la vie culturelle de notre canton. Il compte beaucoup. Preuve en est le soutient qu’il a immédiatement reçu et qu’il reçoit chaque jour de la part de la population. Des concerts où les salles étaient combles, des milliers de signatures récoltées en quelques jours. C’est la preuve indéniable de l’attachement des Neuchâtelois et des Neuchâteloises à leur conservatoire. Peut-être a-t-il fallu cette menace pour que ce soutien devienne apparent. Il l’est aujourd’hui et si le Grand Conseil doit se faire l’interprète de la population, il ne peut tracer d’un coup de crayon tout ce travail et tous ces espoirs.

 

J’ai presque envie de remercier le Conseil d’Etat d’avoir pris cette décision qui a obligé le conservatoire à descendre dans la rue, à se rapprocher de la population et qui nous a donné l’occasion de dire notre soutien au conservatoire.

 

Mesdames et Messieurs, Je vous demande de vous exprimer clairement aujourd’hui sur ce sujet. Nous pouvons le faire, même avec nos limites budgétaires, alors faisons-le.

 

Je vous remercie.

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