Fête de Noël de l’AVIVO

Mesdames et Messieurs,

Chers Membres de l’Avivo

 

C’est un plaisir et un honneur pour moi que d’être ici aujourd’hui à votre assemblée de l’Avivo. Je tiens à vous remercier de m’y avoir invitée.

 

J’en profite d’autant plus que cet après-midi de congé est un vrai dessert après les deux jours que je nous venons de passer au Grand Conseil à remâcher le budget de notre canton. Jean Studer ne m’en voudra pas de dire que je préfère déguster ses petits plats qu’avaler les mesures d’économie du Conseil d’Etat.

 

Mais le principal est atteint. Nous avons un budget pour commencer l’année 2006. Vous l’avez peut-être lu dans le journal de ce matin. Ca n’a pas été facile, mais dans les conditions dans lesquelles nous sommes, c’est une belle réussite. Il a fallu faire des compromis, en particulier sur les mesures d’économie. Certaines économies sont très dures à avaler pour la gauche, mais certaines contributions sont dures à avaler pour la droite. Bref, le repas a  été lourd. Il reste un peu sur l’estomac. Il faudra quelques temps pour le digérer.

 

Je profite de cette occasion pour féliciter le Conseill d’Etat et Jean Studer d’être parvenu à l’établir et à tenir les engagements qu’ils avaient pris autant au niveau de l’équilibre financier qu’en matière sociale. Donc nous avons voté ce budget, hier soir à 10 heures, après plus de 20 heures de débats acharnés, d’alliance et de contre-alliances,

 

Mieux encore, tous les députés ont payé leurs impôts ! Il y a là de quoi être optimiste ! Reste plus qu’à ce que tous les autres Neuchâtelois et Neuchâteloises paient leur dû…

 

L’Etat a des soucis financiers… Vous allez me dire que les temps ne sont plus ce qu’ils étaient et qu’autrefois le citoyen s’acquittait mieux de ses devoirs ?

 

Ca m’a donné envie de voir comment ça se passait autrefois. Laissez-moi vous raconter une petite histoire, du temps où les enfants étaient sages, où les parents payaient leurs impôts, où l’Etat assumait ses charges….

 

Il était une fois, c’était le 14 juillet 1860, par une journée ensoleillée, l’inauguration du dernier tronçon du Jura industriel, la voie ferrée qui reliait Neuchâtel à La Chaux-de-Fonds. C’était le tronçon en tunnel Les Convers – Les Hauts-Geneveys. 400 invités, triés sur le volet, montèrent dans les douze wagons du train officiel et celui-ci s’ébranla dans un nuage de fumée. Discours, fanfares, salves de canon, fleurs, drapeaux, banquet. Rien ne manqua à la fête.

 

Lorsque le train d’honneur s’arrêta à l’entrée du tunnel des Loges, les membres du Conseil d’Etat, du Grand Conseil, des autorités judiciaires, les préfets, les conseillers communaux et les autres personnalités confortablement installées dans les wagons, ne se doutèrent pas que le train était pris en otage par l’entrepreneur français qui avait construit le tunnel et qui réclamait le paiement immédiat des 275’000.- qu’on lui devait encore, soit le solde de la facture qu’il avait adressée à la compagnie du Jura Industriel pour le percement de la montagne. N’ayant pu récupérer son argent, l’entrepreneur avait fermé l’entrée sud du tunnel au moyen d’une énorme chaîne solidement scellée au mur et cadenassée !

 

Heureusement l’incident n’eut pas de conséquence fâcheuse, la chaîne fut coupée et le train put passer quand même.

La Compagnie du Jura industriel a fait faillite un an plus tard, mettant dans l’embarras la municipalité de La Chaux-de-Fonds, qui avait engagé beaucoup d’argent dans cette affaire. Elle ne put payer le salaire des enseignants que grâce à une garantie fournie par un membre du Conseil communal. La commune demanda l’aide du Conseil d’Etat, qui refusa. Une commission chercha de nouvelles recettes et proposa une taxe immobilière. Les propriétaires protestèrent tellement que le Conseil général et le Conseil communal durent démissionner. Il fallut chercher autre chose. On proposa donc un impôt sur le revenu des immeubles, une taxe sur les locataires, on augmenta la taxe d’abattage. On demanda à la Confédération d’alourdir les impôts sur l’alcool, mais elle resta sourde à la détresse des Chaux-de-Fonniers… On parla droit de timbre, surtaxe sur le sel, taxe sur les pianos ou sur les portes et les fenêtres, sur le mobilier, les billards, les chevaux et les voitures de luxe… Bref, Jean, si tu cherches des idées, je te conseille la lecture des PV de la commune de La Chaux-de-Fonds…

 

J’espère que cette histoire ne présage rien de l’avenir du TransRun, notre fameuse liaison rapide entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, sans quoi, nous n’oserions pas vous inviter à l’inauguration…

 

Vous viendriez quand même ?… Je vous remercie de votre confiance… inébranlable… dans l’Etat!…

 

 

Chers membres de l’Avivo,

 

Je sais quelle est l’ampleur du travail que fournit l’Avivo pour conseiller, écouter et défendre votre  génération qui a beaucoup donné à la société et qui n’est pas toujours remerciée comme elle le mérite. Le travail de l’Avivo est essentiel, non seulement au niveau des permanences régionales, qui aident à  faire face à une société de plus en plus complexe, à surmonter les difficultés quotidiennes de logement, d’impôts, à se retrouver dans les méandres de l’assurance maladie, mais aussi parfois à faire pression sur les pouvoirs publics quand il le faut pour  préserver des acquis sociaux.

 

C’est donc un plaisir et un bonheur pour moi que de pouvoir aujourd’hui vous rencontrer et vous écouter. Vous écouter surtout, parce que je veux entendre vos préoccupations et je veux les faire miennes.  Je serai membre dès janvier de la commission fédérale santé/social et dans le cadre de cette commission, nous parlons souvent de l’AVS et de la prévoyance professionnelle.

 

Vous savez que M. Couchepin nous fait quelquefois des propositions tout à fait bizarres : recul de l’âge de la retraite, diminution des prestations de la prévoyance professionnelle, etc.

 

Ne nous laissons pas impressionner. Le fameux vieillissement de la population dont il parle souvent est plutôt moins marqué que dans d’autres pays.  L’AVS est aujourd’hui bénéficiaire. Le fonds AVS permet même actuellement de renflouer l’assurance invalidité, qui elle s’endette à toute vitesse. Les cours remontant, la prévoyance professionnelle se porte beaucoup mieux que ces dernières années et je ne suis pas prête à accepter des baisses de prestations qui ne seraient pas pleinement justifiées et fondées sur des faits précis.

 

Vous avez travaillé dur. Vous avez créé la richesse de notre société. Vous nous avez donné un monde plus juste. Vous avez créé l’AVS, l’AI, la prévoyance professionnelle et une assurance maladie fondée sur la solidarité entre les bien portant et les malades, entre les générations, entre les sexes. Vous nous avez mis à l’abri du besoin et de la pauvreté.

Nous vous devons toute notre reconnaissance et nous devons aussi, pour vous en remercier, continuer votre œuvre, défendre ce que vous avez acquis de haute lutte, rester dynamiques, inventifs,   même si je ne vous cacherai pas qu’à Berne, quand il s’agit de faire des choix de sociétés, des choix de  mieux vivre, je me sens trop souvent minoritaire.

 

Prônons plus de solidarité entre les générations de ce pays. Plaidons pour un juste accès des citoyennes et des citoyens à la santé, au logement, à une retraite décente. Luttons contre l’insécurité sociale et économique, qui pénalise des franges toujours plus grandes de la population, pour une fiscalité plus juste, moins lourde pour les familles.

 

Nous ne nous résignerons jamais, parce que nous savons que vos utopies d’hier, que nos utopies d’aujourd’hui deviendront les réalités de demain.

 

Je me réjouis de vivre ces quelques instants avec vous, de partager ce moment de convivialité, de se rappeler des luttes du passé, que vous avez gagnées, de celles du présent qui nous préoccupent et de toutes celles de l’avenir qui feront de notre monde un monde meilleur.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

tabs-top

Comments are closed.