Le catalyseur et le lien

Comme il a changé, notre quotidien préféré ! Imperceptiblement… Peut-être nous en sommes-nous à peine aperçus. Et pourtant, quel chemin parcouru !

 

Depuis la feuille de 1881, jusqu’au journal en ligne, que vous pouvez consulter sur la toile, la communication a bien changé et L’Impartial a dû s’y adapter année après année. S’adapter aux attentes de son public, s’adapter aux nouvelles méthodes d’impression, s’adapter même à la mondialisation et au regroupement des organes de presse. Avant l’Impartial, les nouvelles se répandent grâce au téléphone arabe. On parle en achetant son lait ou en buvant son demi au bistrot du coin. Quelques affiches invitent le public à des conférences ou des manifestations.

 

La Révolution française, gigantesque bouillonnement d’idées, affirme haut et fort le droit à l’information. L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 considère en effet  « la libre communication de la pensée et des opinions comme un des droits les plus précieux de l’homme ». L’information est l’une des bases de la démocratie. Un citoyen informé est un citoyen conscient et responsable, qui peut juger et décider et qui peut, bien sûr, aussi critiquer l’autorité et la changer !… Au 19ème siècle, le journalisme est un idéal et les quotidiens poussent plus vite que les champignons ! L’Impartial naît dans cette mouvance et en est l’émanation.

 

Les nouvelles inventions ajoutent la rapidité de la diffusion. Après l’encre industrielle, les rotatives, la linotype, l’amélioration de la poste et des transports accélèrent la distribution. Les nouvelles restent fraîches jusque dans votre boîte aux lettres. Grâce à votre journal, vous êtes un citoyen du monde, jour après jour. Cependant, le 20ème siècle découvre la radio, puis la télévision. La presse écrite en souffre. « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle », lit-on… L’Impar résiste courageusement. Il évolue, il tente de relever le défi de l’originalité, il convainc le lectorat.

 

On pourrait pourtant se demander, dans nos temps de mondialisation, quel est l’intérêt d’un quotidien régional. Est-il simple témoin de la vie régionale ou a-t-il un rôle spécifique à jouer ?

 

Depuis sa fondation, L’Impartial est ancré dans les Montagnes et en est imprégné. Chaque Chaux-de-Fonnier, chaque Loclois, se reconnaît dans son journal et se sent chez lui lorsqu’il le feuillette. L’Impartial parle des gens qu’il connaît et des événements qui le concernent. Il fait partie de l’identité régionale. Il contribue aussi à en forger l’image.

 

Témoin privilégié, il conte fidèlement depuis plus d’un siècle les heurs et les malheurs des Montagnes neuchâteloise. Il en écrit l’histoire, au jour le jour, et c’est dans L’Impartial que, jeune chercheuse, j’ai trouvé les commentaires de la grande grève de 1904, qui m’ont permis d’écrire une page du mouvement ouvrier.

 

L’Impartial donne une voix à la rue, permet à la population de faire part de ses réactions. Il l’informe des intentions des autorités et permet les mouvements d’idées du haut vers le bas, mais aussi et surtout du bas vers le haut. Il participe ainsi à la formation de l’opinion publique et à la vitalité de la démocratie. Cependant, il va bien plus loin que cela. Il a son mot à dire sur l’évolution de nos Montagnes et il le dit ! Il dénonce les problèmes, critique, propose ses solutions.

 

A l’affût des changements de société, des rêves et des projets des citoyens, il s’en fait  le porte-parole. En faisant connaître ceux et celles qui émergent des mondes sportif ou artistique, entreprennent, cherchent des voies nouvelles, inventent, il leur permet de créer des réseaux. Il leur offre une notoriété qui les aide à mener à bien leurs entreprises. Il nourrit ainsi l’ambition commune de notre région et participe au développement de son potentiel économique, politique et culturel.

 

 

Oui, la place d’un quotidien régional est déterminante. Moyen d’information et de divertissement, témoin muet, mais oh combien expressif, L’Impartial est le trait d’union qui nous relie depuis 125 ans. Des chiens écrasés aux analyses approfondies de la politique mondiale, il représente bien plus que de l’information. Il est notre lien social.

 

Gisèle Ory

19 mars 2006

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