Les quotas en matière féminine

L’instauration de quotas dans les instances politiques, permettrait-elle une meilleure représentation des femmes en politique ?

 

Poser la question, c’est y répondre. Si l’on instaurait des quotas, ils devraient être plus élevés que la situation « naturelle ». Ils augmenteraient donc forcément la représentation des femmes en politique. Dans un pays aussi conservateur que la Suisse, l’émergence des femmes en politique se heurte encore à beaucoup d’obstacles psychologiques et organisationnels.

 

–       Obstacles psychologiques, car pour une partie de la population, la place des femmes est encore au foyer.  Combien de fois ai-je entendu des remarques comme : « Mais que deviennent vos enfants pendant que vous êtes là ? ». Et ce ne sont pas que des hommes qui disent cela ! (Mes enfants ont 20, 23 et 24 ans !…)

–       Si vous faites deux mètres et que vous avez une grosse voix, vous êtes automatiquement plus crédible que si vous parlez doucement et calmement. Rien à voir avec vos compétences et votre connaissance du sujet. Ce genre d’a priori est très difficile à combattre.

–       Obstacles organisationnels, parce que la femme active doit déjà faire face à une double journée, les tâches ménagères étant insuffisamment partagées. Si elle s’engage dans un parti, elle devra y ajouter des soirées et des samedis. Combien de femmes ont-elles l’énergie nécessaire pour relever un tel défi ? Combien de maris sont-ils d’accord qu’elles le fassent ? Combien d’instances politiques et de partis tiennent-ils compte des contraintes des femmes pour fixer leurs séances ?

–       L’inertie est aussi un obstacle important. S’il n’y est pas incité, quel président de parti va se compliquer la vie en allant chercher des femmes et en essayant de les convaincre ? On recrute ceux et celles qui se présentent. Comme ils sont plus libres, et quelquefois aussi plus ambitieux, il y a plus d’hommes…

 

Pour toutes ces raisons, seul un électrochoc permettra de changer les choses rapidement. Un système de quotas peut jouer ce rôle.

 

 

Les quotas dans les instances politiques seraient-ils un pas vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes ?

 

L’introduction des quotas n’est pas un pas vers l’égalité, mais une reconnaissance de l’inégalité des chances et une tentative de la pallier. Il n’y aura égalité que quand les quotas ne seront plus utiles.

 

A l’heure actuelle, il n’y a pas d’égalité des chances. J’ai déjà évoqué les problèmes psychologiques et organisationnels. On peut en ajouter bien d’autres.

 

–       Prenez par exemple le taux de présence dans les médias ! Ouvrez un journal ordinaire et comptez les photos d’hommes et de femmes (tous sujets confondus) ! Vous verrez que la présence des femmes en politique correspond à peu près à leur représentation dans les quotidiens. Les médias sont le reflet d’une société et favorisent la reproduction éternelle des mêmes schémas.

 

Aucune politicienne ne voudrait avoir été élue « à cause des quotas ». Chacune apprécie d’avoir été choisie malgré ces divers handicaps. C’est évidemment plus valorisant. Cela explique pourquoi les femmes en place ne sont souvent pas favorables aux quotas. Cependant, les mécanismes de l’inégalité ne s’affaiblissant qu’extrêmement lentement, pour changer cette dynamique, nous ne pouvons qu’introduire une contrainte. Ou être extrêmement patientes et attendre encore quelques centaines d’années….

 

–       L’obligation de pousser des femmes à des postes clés freinerait aussi un phénomène assez répandu au sein des partis : la cooptation des hommes entre eux. Ceux qui sont en place choisissent des dauphins, leur donnent la possibilité de s’exprimer et les hissent sur les fauteuils qui se libèrent, sans permettre à quelqu’un d’autre de faire ses preuves.

 

On pourrait imaginer des quotas à durée déterminée, que l’on pourrait supprimer quand les mentalités auraient évolué. On pourrait aussi mettre en place un système de quotas progressif, qui laisserait à l’appareil politique la possibilité de s’adapter, de trouver des femmes en suffisance et de les appuyer dans leur carrière.

 

 

tabs-top

Comments are closed.