40ème anniversaire de la protection des crêtes du Jura

Fête d’automne du Jardin botanique

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Cela fait déjà 40 ans, c’était en mars 1966, que le décret sur la protection des sites naturels du canton, a été accepté, à une très large majorité, par le peuple neuchâtelois. Cet événement témoigne, si c’est nécessaire, de l’attachement de la population neuchâteloise à la beauté de son territoire et à sa protection. Il est vrai que la nature des crêtes jurassiennes frappe par son esthétique hors du commun, sa fragilité, sa richesse et sa diversité. D’où la nécessité de protéger ce patrimoine extraordinaire, si spécifique de notre région, et de le maintenir en état, non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour que les générations futures puissent continuer à en profiter.

 

A l’époque, ce vote a constitué un acte politique précurseur, qui allait ouvrir la voie à d’autres évolutions majeures. Dans notre pays de Neuchâtel,  la sensibilité écologique a germé très tôt : première réserve naturelle de Suisse, émergence d’une sensibilité environnementale et d’un mouvement vert avant l’heure, prise en compte très tôt de l’environnement par la classe politique.

 

Ce décret, à lui seul, englobe près de 60 % du territoire cantonal. Des crêtes, des forêts, des vignes et des grèves, des sites splendides ont été ainsi heureusement préservés. Il a été complété au fil des ans par des dispositions cantonales et communales. Des réserves naturelles et des biotopes ont également été mis sous protection par le canton et les communes, et aujourd’hui ce ne sont pas moins de 300 zones de ce type qui sont recensées sur le territoire neuchâtelois.

 

Mais aujourd’hui, compte tenu de l’évolution de la société et du monde, nous sommes confrontés à de nouveaux défis environnementaux et écologiques : le réchauffement climatique, devenu franchement préoccupant, l’attentisme, l’imprévoyance et l’aveuglement des grandes puissances en matière de développement durable et de maîtrise de rejet de Co2 dans l’atmosphère et ses conséquences néfastes pour la couche d’ozone. Enfin, la biodiversité, elle ouvertement menacée et qui s’appauvrit d’année en année, tout comme sont menacés, et c’est intolérable, ses témoins fidèles et ses plus ardents protecteurs, comme ce superbe jardin botanique, dont l’avenir est menacé par les coupes budgétaires…

 

Il faut donc rester clairement attentif, volontariste face aux défis environnementaux auxquels nous sommes et auxquels nous serons confrontés. Il faudra remettre l’ouvrage sur le métier et nous montrer digne de l’esprit précurseur et pionnier démontré par les autorités et le peuple neuchâtelois, il y a quarante ans. Favoriser les initiatives citoyennes pour une politique environnementale participative, repenser la politique de mobilité, en Suisse mais aussi dans ce canton, où chaque jour 18’000 véhicules traversent le tunnel de la Vue des Alpes, l’un des plus fréquentés en Suisse.. trouver des alternatives à la route et j’espère, j’y met toute mon énergie, défendre à Berne, le dossier Transrun, destiné à améliorer sensiblement la liaison ferroviaire entre le Haut et le Bas. Nous devons avoir l’audace de rester utopique, et pourquoi ne pas relancer l’idée d’un métro reliant les deux entités du canton. Anticiper aujourd’hui ce que sera demain

C’est pourquoi je voudrais encore aborder avant de terminer ce dossier sensible qui préoccupe et a préoccupé bon nombre de nos concitoyens et j’imagine nombre d’entre-vous présent ici aujourd’hui au Jardin botanique. Il s’agit de la construction constructions d’éoliennes, un dossier  sur les crêtes neuchâteloises non seulement se justifie mais encore est souhaitable, ne serait-ce que pour la valeur pédagogique de ces installations, comme rappel que l’énergie est au coeur du fonctionnement de notre civilisation, qu’elle ne tombe pas du ciel mais doit être produite quelque part et qu’il existe divers moyens, plus ou moins polluants, d’en produire.

Le tribunal fédéral a finalement tranché, donnant son aval à la construction d’éoliennes sur les crêtes du Jura, privilégiant le développement des énergies durables à la protection des paysages et reconnaissant de facto l’intérêt public prépondérant du développement de sources d’énergies renouvelables. Le débat est juridiquement clos mais reste ouvert sur le fonds : mais de mon point de vue, le paysage a toujours été modifié, travaillé, diversifié, la nature, et c’est précisément parce que le paysage peut subir des atteintes que le décret de 1964 à toute sa valeur. Si les Neuchâtelois ont plébiscité cette article, c’est qu’ils craignaient que des complexes de petits chalets ne poussent comme des champignons et défigurent la beauté des paysages. Grâce à eux, ils ont été préservés.

Mais l’atteinte créée par un chalet ou une villa a un impact définitif sur le paysage, une éolienne ne laisse aucune trace durable si l’on souhaite l’enlever, mieux encore elle produit de l’énergie verte et participe au développement durable. Cette jurisprudence est fondamentale,  car elle a clairement tranché, en terme d’intérêt public, en faveur de la promotion des énergies renouvelables plutôt qu’une vision absolue et quand bien même nécessaire de la protection des paysages.

L’écologie prônée dans les années 60 est différente de celle d’aujourd’hui. Il faut changer les mentalités, elles changent d’ailleurs, l’urgence des problèmes environnements est proportionnelle aux préoccupations de beaucoup de citoyens, qui souhaitent de plus en plus que l’écologie soit au cœur du projet politique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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