Le constat est le même pour tout le monde. Plus personne aujourd’hui ne pourrait prétendre que nous n’avons pas de problème énergétique. En réalité, nous avons plusieurs problèmes très importants.
Le premier, c’est le réchauffement climatique, qui n’est plus contesté par personne. Même le président Bush a été obligé de l’admettre. Cela nous oblige à repenser fondamentalement notre société fondée sur le pétrole. Nous savons aussi que nous aurons à terme une pénurie de pétrole. Selon les experts, on prévoit que la demande pétrolière va dépasser l’offre d’ici 5 ou 10 ans, avec le développement et la demande des grands pays comme l’Inde ou la Chine. Ca ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de pétrole, mais ça veut dire que les prix vont augmenter et devenir très sensibles. Le moindre frisson pourra provoquer une grosse grippe sur les marchés.
En outre, notre consommation d’électricité continue d’augmenter, malgré tous les efforts que nous avons faits pour tenter de la maîtriser. Là aussi, il y a risque de pénurie, au moment où nos installations ne pourront plus répondre à la demande. Le risque est peut-être moins grand, car nous pouvons acheter de l’électricité sur les marchés européens, où il y a encore des possibilités. Néanmoins, nous devons aussi préparer l’avenir dans ce domaine.
Ce qui diffère entre les partis, c’est les remèdes à apporter. La gauche veut une politique volontariste, des économies d’énergie et une reconversion énergétique vers les énergies renouvelables, appuyée par l’Etat. Elle veut des effets rapides, de manière à ce que nous soyons bien préparés au moment où la crise du pétrole éclatera.
La droite estime au contraire qu’il faut laisser le marché agir et que les choses se feront toute seules. Elle ne veut pas de mesures contraignantes et estiment que les mesures incitatives suffisent.
Le problème, c’est que l’expérience que nous avons menée avec les mesures incitatives depuis quelques années a certes été intéressante et encourageante, mais n’a pas permis d’atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Il faut donc faire le bilan et admettre que nous devons prendre des mesures contraignantes. La première, bien sûr c’est la taxe sur le CO2, mais il en faut bien d’autres si nous voulons nous préparer à l’avenir, car nous sommes maintenant dans une situation de plus en plus urgente.
Mesures
Le standard minergie passif devrait devenir la norme pour toutes les nouvelles constructions.
Il faudrait également avoir un programme de remplacement des anciens chauffages à mazout et à gaz par des chauffages hybrides ou des énergies renouvelables, comme le bois que nous n’exploitons pas encore suffisamment en Suisse et bien sûr la suppression des chauffages directs électriques
Remplacement des importations de courant nucléaire par des importations d’énergie éolienne.
Amélioration de l’interconnexion de la Suisse au réseau européen par des lignes à haute tension souterraines à courant continu (autoroutes de l’électricité à travers la Suisse).
Programmes d’assainissement pour les chauffages électriques à résistance (« directs »), bons d’échange pour remplacer les appareils voraces en énergie, passeport énergétique pour les bâtiments.
Taxe CO2 sur les carburants.
Limitation des émissions de CO2 des nouveaux véhicules par le biais d’un système de mise aux enchères de droits d’émission pour les véhicules voraces (le produit des enchères alimente des mesures de réduction de CO2)
Le Groupe socialiste appelle les partis gouvernementaux à décider ces mesures concrètes pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans le cadre des prochains entretiens de Wattewille pour les transmettre au Conseil fédéral. En appliquant de telles mesures, on rend inutile la discussion sur les grandes centrales thermiques.
Le PS Suisse invite le PDC, qui vient de publier un programme électoral à accent écologique prononcé, à former des alliances pour faire passer les propositions parlementaires dans ce domaine, et cela avant les élections fédérales.
Avec les Verts, PS et PDC disposent d’une majorité parlementaire pour ce faire. L’effet de ces mesures sera d’autant plus important qu’elles seront mises en œuvre rapidement. Après une décennie perdue en matière d’énergie, il s’agit maintenant de ne plus perdre de temps et de rassembler des partenaires décidés à agir dans le même sens.