Message Formation, recherche et innovation

Les hautes écoles devront relever de nombreux défis dans les années qui viennent et notre souci aujourd’hui devrait être de leur en donner les moyens, les moyens financiers, bien sûr, mais aussi quelques lignes directrices, que le message appelle mesures transversales. Elles sont très importantes et j’aimerais insister sur quelques-unes de ces mesures, dont deux à mon avis sont particulièrement importantes, ce sont la promotion de l’égalité des chances et le développement durable.

 

La promotion de l’égalité des chances faisait déjà partie des réflexions de fonds du message précédent. Ce serait une occasion maintenant d’en faire le bilan, la critique et de voir ce qui devrait encore être fait.

 

Egalité des chances entre femmes et hommes

 

En ce qui concerne l’égalité des chances entre filles et garçon, des progrès légers ont été enregistrés, mais on peut dire qu’on n’en est pas encore et de loin pas à une égalité de fait. Si les étudiantes sont maintenant plus ou moins aussi nombreuses que les étudiants, en revanche, la proportion se dégrade sérieusement quand on parle du corps intermédiaire et plus encore quand il s’agit des professeurs. Il faut donc continuer l’effort et les programmes d’encouragement ne doivent en aucun cas être ralentis ou abandonnés. Il faut bien sûr y ajouter des mesures pour favoriser le travail des jeunes mères, comme des crèches scolaires.

 

Egalité des chances entre étudiants de divers milieux

 

L’égalité des chances entre les étudiants venant de différents milieux doit aussi être soutenue sérieusement et là j’ai aussi quelques soucis. A l’heure actuelle, l’égalité des chances dans l’accès aux hautes écoles n’est pas encore la réalité. Quand j’entends parler de prêts d’études, quand je vois que l’effort dans le domaine des bourses est toujours aussi minimal, je ne peux que constater qu’il n’y a pas de réelle volonté politique d’améliorer cette égalité des chances et pourtant, c’est extrêmement important de donner une vraie chance d’étudier à tous ceux et toutes celles qui montrent un potentiel réel. Ce ne sont pas forcément les enfants des familles argentées qui donnent les meilleurs chercheurs ! Or des chercheurs, nous en avons besoin et nous avons besoin de tous ceux et de toutes celles qui ont le potentiel non seulement de chercher, mais aussi de découvrir. Si un seul étudiant talentueux doit renoncer à ses études parce qu’il ne peut les financer, c’est notre avenir qui sera prétérité. Or actuellement, près de 80% des étudiants doivent travailler pour payer leurs études et d’après les chiffres que nous avons, il n’y a pas que quelques étudiants qui renoncent à leurs études parce qu’ils ne peuvent plus mener de front leurs études et le travail qu’ils doivent faire pour gagner leur vie. C’est très dommage. C’est dommage pour eux et pour elles, mais c’est aussi dommage pour nous, pour la science et pour les industries de notre pays. Il faut donc vraiment que nous nous saisissions de la question des bourses d’études et des taxes d’études. Le slogan est simple : plus de bourses, moins de taxes. Ca doit être une priorité.  Quant aux prêts, dans un pays comme la Suisse, où les gens n’aiment pas du tout s’endetter, ils sont extrêmement peu utilisés et ne le seront pas plus à l’avenir. Qui voudrait commencer sa vie professionnelle avec une dette de 100’000.- ?

 

Le fait que 80% des étudiants travaillent pour payer leurs études doit aussi nous faire réfléchir. Ca signifie tout simplement que le modèle de l’étudiant à plein temps est passé et qu’il faut aujourd’hui se préoccuper d’aménager les études de manière à ce que les jeunes puissent travailler à côté de leurs études. Il faut des horaires souples et des programmes pas trop concentrés. Un système d’études par modules pourrait être une bonne solution, ceux et celles qui étudient à plein temps peuvent faire plusieurs modules en même temps, les autres, peuvent faire un module après l’autre.

 

Cela signifie aussi qu’il n’est pas toujours facile pour les étudiants de se déplacer d’une école à l’autre pour suivre un cours après l’autre. Il faudrait imaginer peut-être que ce soient les professeurs qui se déplacent pour donner quelques cours complémentaires.

 

 

 

Le développement durable

 

Le deuxième point que je voudrais aborder, c’est le développement durable. J’avoue que j’ai lu ce message avec une certaine perplexité… On y mentionne le développement durable comme un axe transversal, c’est bien, mais il n’y a pas un mot de ce que pourrait être sa concrétisation et je dirais même que je me suis demandé si la personne qui avait rédigé ce message sait ce qu’est le développement durable et ce qu’il signifie pour les hautes écoles. Cette question est encore traitée de manière très floue et devrait être affinée. Il y a une indication précise cependant, c’est à la page 47  du message avec les centres de compétences énergie et mobilité durable et environnement et développement durable du domaine des EPF. En revanche, on ne retrouve plus le développement durable dans les actions stratégiques spécifiques des EPF à la page 54, ni non plus dans les universités ou les HES.

 

Nous sommes entrés l’année passée dans la décade de l’ONU pour le développement durable dans l’éducation. Plusieurs pays étrangers, dont l’Allemagne, ont déjà mis en place des plans d’actions détaillés.

 

L’éducation est certainement une des pierres angulaires de la promotion du développement durable. Je suis convaincue que pour faire avancer l’idée du développement durable, il est nécessaire d’introduire ce concept dans l’éducation, et en particulier, dans les hautes écoles.

 

–      Tout d’abord parce que c’est dans les hautes écoles que c’est le plus urgent, car c’est là que sont aujourd’hui les jeunes qui seront les décideurs de demain. Si nous voulons que la nouvelle génération soit consciente des enjeux du développement durable et puisse agir dans ce domaine de manière responsable dès demain, c’est dans les hautes écoles que nous devons commencer notre travail.

 

Nous apprenons beaucoup par l’exemple, c’est pourquoi nous devons  introduire le développement durable dans les hautes écoles, non seulement au niveau de l’enseignement, mais aussi au niveau de la gestion de l’école, gestion environnementale, énergétique, notion d’égalité des chances, etc.

 

–      Le Conseil fédéral devrait fixer des objectifs concrets, encourager le renouvellement de l’enseignement, la recherche et le développement et favoriser l’innovation technologique dans les domaines clés du développement durable, comme l’énergie, les transports, l’écologie, l’égalité, la pauvreté, etc.

 

–      J’aimerais que cela débouche sur un programme d’action pour le développement durable, doté de fonds suffisants pour donner une impulsion à la réflexion sur le développement durable et à des réalisations concrètes, un programme de même nature que celui qui avait été lancé en 2000 sur la question des genres et de l’égalité des chances entre hommes et femmes.

 

L’assurance qualtié

 

J’ajouterais encore un mot sur la question de l’assurance qualité et la reconnaissance des titres au niveau international, parce que c’est aussi un défi fondamental. À l’heure de la libre circulation des personnes, on peut s’attendre à ce que de nombreux jeunes trouvent du travail à l’étranger ou que de jeunes étrangers trouvent du travail chez nous et nous apportent leur savoir. Seulement cela ne sera possible que si tous les titres distribués sont reconnus dans l’ensemble des pays européens et correspondent aux titres européens. Il faut que les employeurs de toute l’Europe sachent qui ils engagent et à quoi ils peuvent s’attendre en matière de connaissance. L’assurance qualité et la reconnaissance réciproque des titres sont donc aussi une priorité.

 

Financement

 

En ce qui concerne le financement et les fonds attribués à la formation, c’est évidemment une question fondamentale et une augmentation notable est nécessaire si nous voulons assurer une prise en charge correcte des étudiants, qui sont toujours plus nombreux, nous avons vu que les nouvelles prévisions annoncent pour 2014 une nouvelle augmentation de 14’000  étudiants dans les universités et de 7000 dans les HES, c’est réjouissant, mais cela nous obligera à de nouveaux efforts, si nous voulons rattraper le retard que nous avons en sciences humaines, où il y a beaucoup trop d’étudiants par professeur et si nous voulons assumer notre responsabilité légale face aux cantons et au financement des hautes écoles, avec la prise en considération des nouveaux domaines santé – social et arts dans les hautes écoles spécialisées. Nous avons aussi, du moins je le crois, l’ambition de nous maintenir au même niveau que les autres pays européens en matière de recherche et de développement, or le taux du personnel de recherche reste à peu près stable en Suisse, pendant qu’il augmente régulièrement, et même fortement, dans certains autres pays, comme la Finlande par exemple. L’Union européenne a la volonté d’augmenter l’effort R et D à 3% du PIB. Nous en sommes actuellement à 2,9%, mais cela surtout grâce à l’effort du secteur privé. Le fait que la Confédération ait décidé de financer les frais indirects de la recherche est une excellente option.

 

Nous avons déjà fait le choix d’une augmentation des crédits de 6%. Nous devons monter plus haut. Nous devons sans doute différencier l’augmentation entre les divers secteurs et surtout, nous devons éviter de subir à nouveau des mesures d’économies, qui comme nous l’avons vu lors des dernières auditions, ont des conséquences très pénibles sur l’efficacité du travail des hautes écoles et de la recherche.

 

En outre, je note que la participation de la Confédération aux coûts de la formation professionnelle, fixée à 25% par la nouvelle LPFr serait traduite en prenant l’année 2000 comme référence, par une dépense de 600 millions de francs par an. Au lieu des 450 millions versés jusqu’ici, or il me semble que l’on ne peut pas prendre l’année 2000 comme référence, mais qu’il faut prendre l’année 2005.

 

 

 

 

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