Interview de L’Express
L’Express
Environnement : Pouvez-vous vous satisfaire du centime climatique sur les carburants ou bien faut-il instaurer une véritable taxe CO2 comme sur les combustibles ?
Le changement climatique est le véritable défi du 21ème siècle. Nous devons y faire face par une politique volontariste. D’abord, il faut des mesures d’économie d’énergie : améliorer l’isolation des bâtiments, ainsi que l’efficience énergétique des appareils électriques. Ensuite : se reconvertir aux énergies renouvelables en soutenant les nouvelles installations, ainsi que la recherche et le transfert de technologies. Enfin, il faut renchérir les énergies polluantes de manière à rendre les énergies renouvelables plus rapidement concurrentielles. Le centime climatique ne suffira pas.
Politique sociale : Malgré l’échec de la 11e révision de l’AVS, le sujet n’est pas clos. Retraites flexibles, élévation de l’âge de la retraite, rente-pont comme proposée par Pascal Couchepin, diminution des rentes ? Quelle politique défendez-vous ?
Actuellement, l’AVS se porte très bien. Elle a accumulé 2,7 millards de francs de bénéfice en 2006. Nous pouvons donc améliorer les prestations de l’AVS en augmentant les rentes de 50.- par mois dès 2008 et en étudiant un modèle de flexibilisation de l’âge de la retraite, en particulier pour les bas salaires. La rente-pont n’est qu’un modèle bancal, qui ressemble à une sorte de prestation complémentaire de rechange pour personnes à la retraite anticipée. Quant à l’augmentation de l’âge de la retraite, il pose plus de problèmes qu’il n’en résout.
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Politique extérieure : Il est fort probable qu’en cours de législature, le peuple suisse doive se prononcer deux fois sur nos rapports avec l’UE (extension de la libre circulation à la Roumanie et la Bulgarie et confirmation des accords bilatéraux existants). Vous y êtes toujours favorables ? Posez-vous des conditions à la poursuite de cette politique ? Estimez-vous qu’un jour, il faille relancer la question d’une adhésion à l’UE ?
Notre canton est l’un des plus exportateurs de Suisse et l’Europe est un partenaire commercial prépondérant. Nous avons besoin des accords bilatéraux pour le développement de notre économie. Cependant, il faut évidemment que cette ouverture ne se fasse pas au détriment des travailleurs. Il faut donc appliquer les mesures d’accompagnement de 2004 strictement et surveiller de près la sous-enchère salariale. Une adhésion à l’Europe serait certainement favorable à la Suisse et la demande doit être relancée dès que possible.
Défense du canton à Berne : passe-t-elle exclusivement par le Transrun ? Si oui, comment le financer pour qu’il soit supportable pour les finances publiques et, à terme, pour les usagers ?
Le Transrun est évidemment un projet très important puisqu’il sera la colonne vertébrale de notre agglomération neuchâteloise. La réponse de M. Moritz Leuenberger à l’interpellation que j’ai déposée à ce sujet en mars 2006 est encourageante quant à l’engagement de la Confédération. Cependant nous avons aussi d’autres défis à relever, en particulier, dans le domaine des hautes écoles et de la recherche. Nous devons obtenir de la Confédération des conditions propres à permettre le développement de notre HES, de notre université et de nos instituts de recherche.
Politique : quelle composition (entre parti) devra avoir le futur Conseil fédéral ? Question subsidiaire : allez-vous réélire Christoph Blocher ? Pourquoi oui ou pourquoi non ?
La politique suisse étant fondée sur le consensus, je pense que le Conseil fédéral doit refléter les forces en présence au Parlement. Il était donc juste en 2003 de modifier la « formule magique » après des années de bons et loyaux services. Il faudra d’ailleurs aussi accorder bientôt un siège aux Verts. Cependant, je regrette l’élection de M. Blocher. Il a en effet démontré au cours de ces quatre années, qu’il était incapable de se conduire en conseiller fédéral et de respecter les institutions et la collégialité. Je n’ai pas voté pour lui en 2003. Je ne le ferai pas non plus cette année.
