Armes et munitions

La société  a changé. Nous sommes devenus plus sécuritaires. Nous voulons éviter le plus possible les délits graves et les meurtres. Nous avons d’offrir à nos concitoyens un haut degré de sécurité. Nous le faisons à travers la police et à travers l’armée.

Nous savons bien qu’au niveau militaire, la menace a changé et que le risque d’invasion de troupes rapide dans notre pays est hautement improbable. Il n’est donc plus utile du point de vue de la sécurité d’avoir des citoyens-soldats armés et prêts à réagir en cas d’attaque.

Ce dont nous avons besoin, aujourd’hui pour assurer la sécurité des citoyens, c’est d’une société aussi désarmée que possible et un contrôle des armes aussi sévère que possible.

Dans la mesure où la société est armée, nous avons affaire à plusieurs dangers différents auxquels nous devons faire face :

  1. Les criminels peuvent se procurer les armes dont ils veulent faire usage pour imposer leur loi.
  2. Les personnes souffrant de troubles psychiques chroniques ou passagers ont accès à des armes et peuvent les utiliser dans les cours d’école, la rue ou leur famille.
  3. Les personnes en proie à de violentes émotions peuvent retourner une arme contre eux et se suicider.

Statistiquement, depuis un siècle en Suisse, il est évident que des milliers de personnes sont mortes pour l’une des trois raisons évoquées ci-dessus. Quelques-unes sont décédées en service, mais probablement aucune ou presque pour défendre son pays.

En matière de sécurité, nous avons objectivement un problème de possession d’armes par des privés et non un problème militaire.

On a beaucoup parlé du nombre de personnes assassinées par des armes militaires ou qui s’étaient suicidées. Ce n’est pas anecdotique. Depuis dix ans, dans mon canton, il n’y a eu que des meurtres domestiques et il y en a eu plusieurs par année. Toujours des femmes et des enfants. Les deux derniers, qui ne datent que de quelques jours pour l’un et quelques semaines pour l’autre ont été perpétrés par des officiers de l’armée suisse, un colonel et un capitaine, considérés comme tranquilles et responsables, avec leur arme d’ordonnance…

Vous comprendrez que je suis particulièrement sensible au sort des femmes et des enfants et je me sens très concernée.

Vous trouvez sans doute que le tir est un sport très intéressant et vous avez souvent eu une arme dans les mains. Vous l’avez toujours traitée avec la prudence et le sens des responsabilités qui s’impose. Vous estimez au fond que le fait est banal et que tout le monde a le même sens des responsabilités que vous.

Détrompez-vous ! Il en faut peu pour transformer un homme calme et sympathique en un homme dangereux et c’est bien là qu’est le problème. Si des centaines de femmes et d’enfants en meurent chaque année, il y en a des milliers qui en font l’expérience et qui ne savent pas, l’espace d’un instant, s’ils vont mourir à ce moment-là ou non.

Jusqu’à maintenant, ils n’ont guère eu droit à la parole dans cette affaire. Si ils avaient eu droit à la parole, je pense que la question serait déjà réglée.

Les statistiques et les études dont nous disposons sont claires. En contrôlant mieux les armes, on diminue les meurtres et les suicides. On ne les supprime pas, c’est vrai, mais il ne faut pas oublier que chaque vie a une valeur inestimable. La vie des femmes et des enfants aussi. Pour être efficace, il faudrait aussi contrôler les armes civiles.

Laisser les munitions à l’arsenal, c’est bien. Laisser les armes à l’arsenal, c’est mieux. Il est trop facile de se procurer des munitions sans que personne ne s’en aperçoive. En outre, il est illusoire de faire des analyse psychiatrique de tous les soldats pour essayer de deviner lesquels risquent d’utiliser leurs armes contre eux, contre leur famille ou au hasard contre des passants. Il faut mieux avoir un message clair et dire non.

Nous voulons lutter contre la violence et l’insécurité. La principale cause de violence et d’insécurité est aujourd’hui familiale. C’est là que réside le vrai problème. En éliminant les armes des armoires à balais, nous faisons un pas important dans la bonne direction.

 

 

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