Fête du 1er mars

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Marche du 1er Mars

Mesdames, Messieurs, Chers Amis Neuchâtelois et Neuchâteloises de Bienne, des environs et peut-être d’ailleurs,

 

J’ai le plaisir de vous apporter les salutations de votre canton, que vous n’avez pas oublié, bien que vous résidiez à Bienne.

 

D’habitude, je fête le 1er mars en me levant de bon matin, en mettant mes chaussures de marche et en imitant nos ancêtres, en bravant le vent et la pluie et en descendant à Neuchâtel, à pieds pour conquérir le Château. La différence, importante, avec nos ancêtres, c’est qu’en général, nous faisons un arrêt à la Vue-des-Alpes pour le thé. Puis nous faisons un pique-nique à Boudevilliers et enfin, nous sommes reçus au Château, non pas par des canons, mais avec des bouteilles de Neuchâtel qui sont déjà au frais…

 

Je vous remercie de m’avoir invitée cette année à fêter le 1er mars avec vous. Je suis contente d’être ici pour plusieurs raisons : tout d’abord parce que j’ai le plaisir de faire votre connaissance, bien sûr, et puis aussi parce que je suis une Biennoise qui est partie à Neuchâtel, c’est-à-dire que j’ai fait le chemin inverse, mais je suis toujours contente de retrouver Bienne, et puis enfin parce que votre fête du 1er  mars promet d’être moins fatigante que celle qu’ont fêtée les Neuchâtelois qui sont partis ce matin par la pluie et le vent pour descendre à Neuchâtel.

 

Mesdames et Messieurs, vous avez quitté votre canton pour des raisons diverses, mais si vous êtes là ce soir, c’est que vous ne l’avez pas oublié. Notre bon vieux canton change à toute vitesse ! Il y a les zébrures dans notre paysage, dues à nos nouvelles autoroutes ! Vous les connaissez déjà certainement. Vous êtes sans doute de ceux qui se réjouissent de chaque inauguration de tronçon entre Bienne et Neuchâtel.

 

 

Le visage politique du canton change aussi beaucoup. Vous avez certainement entendu parler de la nouvelle tendance aux fusions de communes. Eh bien depuis dimanche passé, la géographie politique du Val-de-Travers a profondément changé. 9 communes ont fusionné et tout le centre du Val-de-Travers ne forme plus qu’une seule commune. Nous verrons bientôt, puisque nous aurons les élections communales cette année, ce que cela donnera au niveau politique. C’est en tout cas un défi passionnant à relever, que de créer cette nouvelle entité et de la doter de tous les services dont les citoyens ont besoin. Marin-Epagnier et Thielle-Wavre ont aussi fusionné. La nouvelle commune s’appellera La Tène, du nom de la célèbre plage ou de la période archéologique célébrée par le Laténium.

 

La distribution des partis politiques subit aussi de profondes transformations. Les majorités deviennent très aléatoires. Il faut dire que la droit et la gauche sont maintenant au coude à coude dans notre canton et que chaque élection peut voir basculer la majorité d’un côté ou de l’autre.

 

Pendant douze ans, les Neuchâtelois avaient envoyé deux représentants de droite au Conseil des Etats, puis il y en a eu un de droite et un de gauche, puis deux de gauche, une première suisse et depuis l’automne passé, nous sommes à nouveau répartis équitablement entre les forces politiques de notre canton.

 

Au Conseil national la majorité de la délégation neuchâteloise a à nouveau basculé. Après avoir été à gauche durant quatre ans, elle est de nouveau à droite.

 

Il y a trois ans. Le canton a passé à gauche, avec une double majorité au Conseil d’Etat et au Grand Conseil.  Une toute petite majorité au Grand Conseil, puisque les deux camps sont quasi à égalité : 57 députés de droite, contre 58 de gauche.

 

Au Grand Conseil, le consensus à la Neuchâteloise, dont nous étions si fiers, a laissé la place à des affrontements difficiles et à des bras de fer sans fin. Les séances de Grand Conseil se sont souvent transformées en pugilat verbal et les résultats de votations en frustrations. Il est très difficile de présider le Grand Conseil par les temps qui courent, car les deux blocs de gauche et de droite sont à égalité quand le président est à gauche, ce qui est le cas depuis deux ans, soit  57 contre 57. Durant mon année présidentielle, j’ai dû départager les deux camps égaux plus d’une fois et je me suis sans doute fait autant d’ennemis que de déçus dans la salle !

Au niveau des villes, plusieurs caractéristiques politiques qui paraissaient immuables, se sont modifiées. La très bourgeoise ville de Neuchâtel  a passé à gauche depuis quelques années déjà, mais en 2003, contre toute attente, l’UDC a récolté 27% des voix en ville de La Chaux-de-Fonds, traditionnellement de gauche.

 

Et puis, finalement, prenez l’éternelle concurrence entre le haut et le bas du canton ! Vous pensez peut-être que ça au moins, c’est immuable. Eh bien voyez-vous, même ce bastion de la culture neuchâteloise est en train de s’effondrer. On lui avait déjà donné un sérieux coup de tunnelier en creusant un tube sous la Vue-des-Alpes. Cette percée ne pouvait qu’amener un peu de brouillard à La Chaux-de-Fonds et quelques flocons à Neuchâtel.

 

Mais maintenant, il y a pire, il y a le RUN. Le RUN, pour Réseau Urbain Neuchâtelois, a l’ambition de faire de nos deux métropoles une seule agglomération. Il nous reste encore à décider si nous voulons desservir notre réseau urbain par un train ou par un métro, le « transrun » occupe toutes les conversations.

 

Nous pouvons encore parler de notre équilibre budgétaire ! A l’équilibre budgétaire ! Est-ce un rêve ou un mirage ? L’équilibre budgétaire se profilera-t-il bientôt à l’horizon ?…. (Petite parenthèse : qu’est-ce que l’horizon ? Selon le dictionnaire,  c’est une ligne virtuelle qui s’éloigne à mesure que l’on s’approche, ce qui correspond assez bien à l’équilibre budgétaire…). En attendant, nous avions près de 100 millions de déficit et la République était sous le choc. Les députés échangeaient des dizaines de courriels, y allant chacun de sa recette : trois cuillères d’économies structurelles, une louche de frein à l’endettement et un nappage rose à la maîtrise des finances…

Et le miracle s’est produit. Pour la première fois depuis 16 ans, nos comptes sont positifs. L’année 2006 a permis de rembourser 237 millions de notre dette et de dégager un solde positif de quelques millions.

 

Le canton se relève. Les entreprises affluent.  6000 emplois créés en 2007, dont une grande majorité à La Chaux-de-Fonds. La ville profite largement d’un renouveau de la haute horlogerie plus que réjouissant.

 

Nos outils de maîtrise des finances ont au moins un avantage, c’est le retour au consensus à la neuchâteloise. En effet, les décisions concernant les dépenses importantes doivent désormais se prendre à la majorité qualifiée. Comme les groupes politiques sont à égalité, impossible d’obtenir une telle majorité sans convaincre ses adversaires politiques, c’est-à-dire sans négocier et s’entendre. Ou bien nous nous entendons, ou bien nous ne dépensons plus rien… A votre avis, qu’est-ce qui est le plus difficile pour des politiciens ?

 

 

Le 1er mars est une tradition, mais cette tradition ne serait rien sans ceux et celles qui la font vivre année après année. Merci à vous tous et toutes, qui avez organisé et qui participez à cette fête, qui savez vous rappeler vos origines et qui aimez toujours votre vieux canton. Merci de votre invitation et merci de votre accueil.

 

Ce 1er mars, c’est pour les Neuchâtelois, un temps d’arrêt, un temps de fête, un temps où l’on se rencontre, où l’on se rappelle. Prendre le temps de dialoguer avec l’autre, de l’écouter, de nous pencher sur notre histoire, se rappeler ce que nos ancêtres ont fait pour nous et réfléchir à ce que nous pouvons faire pour nos descendants.

 

Nos ancêtres nous ont fait un cadeau merveilleux. C’est l’occasion, en ce 1er mars, de nous rappeler de la valeur de nos institutions démocratiques et de remercier en pensée ceux qui, par leur action, nous permettent aujourd’hui, de vivre dans une république de liberté et de solidarité. Nous devons aussi nous rappeler que rien n’est jamais acquis et que le combat pour la liberté et la démocratie doit recommencer chaque jour. Nous devons rester attentifs, refuser le fanatisme, utiliser nos institutions, car elles ne s’usent que si on ne s’en sert pas ! Et nous rappeler aussi que nous avons une chance que bien d’autres peuples n’ont pas. C’est un trésor. Gardons-le précieusement !

 

Mais pour l’instant, je veux me souvenir de Louis Pasteur, qui disait « qu’il y a plus de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres », alors passons aux actes. Je lève mon verre à nos ancêtres qui sont descendus à Neuchâtel malgré la neige, à vous tous qui perpétuez cette tradition, à l’avenir de notre canton, que je veux plein de succès.

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