Fédération des associations africaines du canton de Neuchâtel

080906 Afrique 01

Journée africaine à l’Hôtel Alpes et Lac

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis Africains,

 

Bonjour ! Bonjour et bienvenue !

 

Je suis heureuse de pouvoir vous saluer  aujourd’hui à Neuchâtel et de pouvoir saluer aussi la naissance de votre nouvelle Fédération. Je tiens à vous en féliciter.

 

Cette nouvelle Fédération est la preuve de votre dynamisme.  Vous avez créé de nombreuses associations africaines. A travers ces associations, vous avez apporté un peu de votre continent à Neuchâtel, vous avez su continuer à faire vivre votre culture, malgré l’éloignement.

 

Cette nouvelle Fédération est aussi la preuve de votre engagement auprès des Africaines et des Africains de notre canton. Vous avez su accueillir les nouveaux arrivants et créer un pont entre les Neuchâteloises et les Neuchâtelois installés depuis longtemps et les nouveaux arrivants.

Vos associations ont un rôle très important à jouer. Votre nouvelle Fédération est donc déjà une figure importante de notre canton.

 

Vous êtes arrivés dans notre canton peut-être parce que vous y avez trouvé du travail, ou parce que vous êtes venus y étudier, ou peut-être parce que vous avez fui votre pays en guerre, mais quelle que soit la raison qui vous a poussé à quitter votre continent, vous habitez aujourd’hui notre canton et ce canton est devenu le vôtre. Neuchâtel et ses habitants font aujourd’hui partie de votre vie.

 

Beaucoup d’entre vous ont dû apprendre une nouvelle langue. Vous avez cherché du travail, un logement et ça n’a pas toujours été facile. Vous vous êtes probablement heurtés à des différences de mentalités. Vous pouvez aujourd’hui aider d’autres immigrants à comprendre ces différences.

 

Vous avez envoyé vos enfants à l’école. Ils ont appris l’histoire suisse, la géographie de la région et leur culture est devenue à moitié neuchâteloise, mais vous aimeriez pourtant qu’ils n’oublient pas qu’ils sont nés sous le soleil d’Afrique.

 

Vous avez fait une partie ou tout le chemin de l’intégration et vous savez qu’il faut beaucoup de travail, beaucoup de bonne volonté de part et d’autre pour se comprendre. Vous voulez aujourd’hui nous donner l’occasion de réfléchir ensemble à ces questions.

 

Problématiques de l’intégration des Africaines et des Africains en Suisse, intégration professionnelle, bien sûr. Comment compléter la formation de manière adéquate ? Quelles qualités les employeurs  recherchent-ils ? Qu’attendent-ils de leurs employés ?

 

Problématique de l’intégration culturelle aussi. Vous vous inquiétez de savoir ce que vos enfants apprendront de l’Afrique dans nos écoles, ce qu’ils sauront de leur continent à la fin de la scolarité. Il est vrai que pour les jeunes Neuchâtelois, l’Afrique se résume souvent à l’histoire de l’Egypte, berceau des civilisations, mais que savons-nous d’autre, d’un continent qui est bien plus grand que l’Europe ?

 

Vous vous inquiétez aussi des difficultés rencontrées par les Africaines et les Africains au niveau des différences de mentalités. Quels sont les rôles respectifs de la femme et de l’homme dans notre société ? Comment les jeunes peuvent-ils trouver leur place ? Quels sont les risques de recourir à la violence ou de se laisser aller au désespoir ?

 

Vous avez raison de mettre tous ces problèmes sur la table. Ce n’est qu’en en parlant ensemble que nous pourrons les résoudre et assurer un développement harmonieux de notre société. Vous pouvez participer activement à ce développement. C’est ce que vous faites par une manifestation comme celle d’aujourd’hui.

 

 

Depuis plusieurs centaines d’années, la Suisse est multiculturelle. Il n’y a pas une culture suisse, mais des cultures et elles sont nombreuses. Elles sont portées par nos différentes langues, nos origines diverses, montagnardes et citadines, romandes, romanches, tessinoises ou alémaniques.

 

Conscients qu’il est quelquefois difficile de vivre ensemble quand on est différent, nous avons mis en place au cours des siècles des institutions ou des modèles d’organisation qui nous ont permis d’intégrer ces différentes cultures de manière harmonieuse. Le fédéralisme en est un exemple. Pour permettre à chaque région d’exprimer son identité propre, la culture et l’éducation, l’éducation qui est la transmission de la culture, sont restés de la compétence des cantons et des communes et non pas de la Confédération.

 

Cependant la richesse culturelle de la Suisse n’est pas seulement due à ses différentes régions. Elle a aussi acquis cette richesse au cours des siècles, grâce aux multiples échanges qu’elle a toujours entretenus avec les pays voisins ou plus lointains.

Nous ne sortons jamais « innocents » de ces échanges. Combien de mots étrangers sont-ils devenus français, du Zénith arabe au week end anglais ? Et que dire de toutes les cuisines étrangères que nous avons intégrées au point de ne même plus savoir qu’elles sont étrangères, de la pizza italienne au curry indien ? Nous dormons sous des duvets norvégiens, prenons des bains turcs, écoutons du jazz, du rai ou du reggae. La Suisse est au centre de l’Europe. Elle a toujours été traversée par des voyageurs. Ils ont amené leur culture, leur langue, leur musique dans leurs bagages.

Intégrer. S’enrichir de la culture de l’autre. S’émouvoir de ses créations. Aimer sa musique. Danser ensemble. Transmettre son émotion. Partager

Partager, c’est plus que cohabiter. Cohabiter, ce serait vivre sous le même toit, sans interaction. Non ce qui est merveilleux justement, c’est cette interaction. C’est cela qui est à l’origine de l’explosion de la créativité humaine. C’est cela qui fait la force de l’humanité. C’est cela qui la fait avancer. Ce sont ces échanges qui permettent les progrès de la science et l’enrichissement de la culture.

L’inquiétude de certains Suisses face à l’ouverture de nos frontières et à la mondialisation se traduit par des questions sur notre identité, par une certaine peur de l’étranger, voire par des réactions agressives. Cela existe, mais la Suisse ne peut se définir par cette peur. La Suisse est un pays pour qui l’accueil est une tradition, un pays qui a réussi à intégrer des millions de personnes venant de tous les continents, et cela avec peu de conflits sociaux. Notre pluralisme culturel, qui nous oblige à aller continuellement à la rencontre de l’autre, à développer notre compréhension et notre tolérance y sont sans doute pour beaucoup.

Le peuple neuchâtelois a clairement montré son ouverture en accordant le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers au plan communal et cantonal.

Les étrangers disposent du droit de vote au niveau communal depuis 1849. Ils disposent du droit de vote au niveau cantonal depuis 2000 et maintenant aussi du droit d’éligibilité au niveau communal et cantonal. Disposer des droits politiques et les utiliser, c’est une manière de participer à la construction de notre avenir et de se mettre au service de la commune et du canton dans lesquels on vit. Je vous encourage à le faire et je tiens à féliciter ici celles et ceux qui ont fait le pas et qui se sont présentés sur les listes électorales pour les prochaines élections communales.

La culture n’a pas de passeport et aucune frontière n’a jamais arrêté les idées.

Ce que vous nous apportez de votre culture, vous qui venez de loin, c’est votre cadeau à la Suisse. Un cadeau dont je veux vous remercier de tout coeur.

Ce que nous vous offrons de notre culture, à vous qui vous êtes arrêtés chez nous, pour quelques temps ou pour toujours, c’est notre cadeau de bienvenue.

Ce que nous créerons ensemble, c’est notre avenir et notre bonheur communs.

 

 

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