Programme d’armemement

Monsieur le Président,

Monsieur le Conseiller fédéral,

Chers Collègues,

Je vous propose de séparer le programme d’armement en deux parties, d’adopter aujourd’hui la première partie, qui ne pose pas de problèmes et qui n’est pas contestée et d’attendre encore pour prendre une décisions sur la deuxième partie et de la prendre seulement lorsque nous aurons une vue globale de ce que nous voulons et que nous pourrons décider en toute connaissance de cause.

Je vous propose donc d’étudier la question de l’amélioration des FA 18 en même temps que nous examinerons l’ensemble des forces aériennes et en particulier l’achat de nouveaux avions. Cette question n’est pas urgente. Le coût est énorme et par conséquent je vous invite à une certaine prudence et à prendre encore le temps de réfléchir.

Je ne suis pas opposée à l’ensemble des adaptations, mais j’aimerais que l’on examine plus particulièrement ce qui est utile à la police aérienne et ce qui est trop performant, ou pas indispensable à cette mission.

L’impression que je ressens actuellement, c’est que l’armée est en pleine transition. D’une part, on continue à penser partiellement comme au 20ème siècle et à se préparer à des dangers qui n’existent plus. D’autre part, on prend acte que la situation a complètement changé, que les menaces ne sont plus les mêmes, on le sait et on s’y prépare aussi. C’est une impression d’avoir deux cultures qui évoluent en parallèle.

Nous ne sommes plus dans une situation d’Europe en guerre ou de guerre froide. Il faut clairement changer notre point de vue et nos réponses et finalement aussi notre équipement. Il n’y a pas aujourd’hui d’indication rationnelle qui pourrait nous faire penser que nous courons un risque plausible d’attaque aérienne d’un ennemi externe étatique, bien équipé. Alors à quoi cela sert-il de nous y préparer et de dépenser des millions de francs, qui seraient sans doute mieux investis dans d’autres domaines qui correspondent mieux aux menaces actuellement plausibles ?

Nous ne pouvons pas non plus imaginer que ça puisse nous être utile de nous équiper d’un matériel qui nous permette de répondre à un ennemi qui soit armé selon les standards de l’OTAN. Ce n’est pas crédible. Quel ennemi ? D’où viendrait-il ? Et comment ferait-il pour traverser toute l’Europe pour venir nous attaquer sans être arrêté avant d’être à notre frontière ?

Suite à cette analyse, je pense que les FA18 que nous possédons, équipés comme ils le sont, sont suffisants pour le moment pour assurer notre sécurité. Ils l’ont suffi jusqu’à aujourd’hui. Ils peuvent être engagés dans des cas rares de grand danger ou peuvent servir de base à une montée en puissance, au cas où il y aurait un conflit mondial et que nous voulions voler à la rescousse de l’Europe ou de l’OTAN.  Je pars de l’idée qu’en principe, nous n’avons pas l’intention de participer à des opérations de l’OTAN, que nous n’avons pas les mêmes objectifs que l’OTAN et que nous n’avons donc pas besoin d’être équipés comme l’OTAN.

Nous nous devons comme Etat souverain de garantir la sécurité de notre espace aérien, mais notre activité doit correspondre à cet objectif et nous ne devons pas tirer au canon sur des moustiques.

Les seules menaces auxquelles nous devons raisonnablement nous préparer et auxquelles nous pouvons espérer répondre efficacement, ce sont des menaces de type terrorisme ou avions voyous et ce dont nous avons besoin pour cela, ce sont d’avions capables d’exécuter des opérations de police aérienne. Pour ce type d’intervention, nous n’avons pas besoin de nombreux avions très sophistiqués et très performants. Nous avons besoin d’avions légers, pas trop chers et pas trop bruyants.

Ces 33 FA18 permettent actuellement d’assurer les interventions aériennes et le maintien de notre savoir-faire. Est-il vraiment nécessaire d’améliorer les FA 18 et d’acheter dans quelques mois de nouveaux avions très performants? C’est une question que nous devons nous poser, alors que notre commission doit bientôt se pencher sur l’achat de nouveaux avions de combat. Il sera alors temps de faire une évaluation complète des menaces, de la manière dont nous voulons nous y préparer et du matériel dont nous avons besoin pour cela.

Si nous modifions maintenant les FA18, nous n’aurons alors plus la liberté de faire une analyse globale et de prendre nos décisions en toute indépendance.

Je vous propose donc de renvoyer cet objet et de faire une évaluation globale de nos besoins, en relation avec l’achat de nouveaux avions. Il n’y a pas d’urgence. Nous pouvons attendre de savoir exactement ce dont nous avons besoin. Cette dépense est très conséquente. Assurons-nous d’abord que nous ne la faisons pas inutilement, ou que nous n’acquérons pas des systèmes de défense qui vont au-delà de nos besoins. Reprenons cela quand nous parlerons du remplacement des tigres.

Cette économie sera d’ailleurs aussi certainement la bienvenue pour les finances fédérales.

 

 

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