la politique hospitalière dans l’impasse

Avec 4 initiatives, ne sommes-nous pas dans une impasse ?

Oui, nous sommes dans une situation difficile et nous devons maintenant trouver une solution. La seule qui se présente dans ces conditions, ce sont les états généraux de la santé. On doit asseoir toutes les parties autour de la table et chercher une solution qui puisse contenter tout le monde, de manière à ce que toutes les initiatives ou au moins quelques-unes puissent être retirées. Ces initiatives n’étant pas cohérentes entre elles, elles pourraient mener à des difficultés d’application si elles devaient être toutes approuvées par le peuple.

Pourquoi est-on arrivé à cette impasse ?

Il y a eu des erreurs de communication. En particulier, lorsqu’on a dit qu’on allait mettre la maternité à Neuchâtel, puis à La Chaux-de-Fonds, puis à Chaux-de-Fonds, mais quand même à Neuchâtel en attendant. Personne ne sait plus ce que l’hôpital veut faire et tout le monde perd confiance.

En outre les gens sont très attachés à leur hôpital et à une médecine de proximité et tiennent à les défendre.

Il faut dire que l’hôpital de La Chaux-de-Fonds a été le plus gros employeur de la ville. Une perte de substance entraînerait des conséquences douloureuses pour la ville.

La maternité à La Chaux-de-Fonds, c’est ce que vous voulez ?

Oui, bien sûr, c’est la décision du Conseil d’Etat et les Montagnes neuchâteloises y tiennent beaucoup. Cependant, si les états généraux ne devaient pas aboutir à cette conclusion, il faudrait trouver une autre solution. La Chaux-de-Fonds serait aussi d’accord d’avoir le centre de l’appareil locomoteur par exemple. Ce qui est important, c’est que les missions d’Hôpital neuchâtelois soient réparties sur les deux sites principaux de manière équitable et que les centres secondaires ne soient pas oubliés. Equitable, ça veut dire que les deux sites principaux doivent être tout aussi attractifs du point de vue de l’emploi et de la formation du personnel de santé.

 

Est-ce un conflit haut – bas ?

A l’origine certainement pas, mais avec les atermoiements de la direction de l’hôpital et les tendances à la centralisation vers Neuchâtel, les Chaux-de-Fonniers ont perdu confiance. Ils ne sont plus sûrs que le Conseil d’Etat pourra imposer son choix de mettre la maternité à La Chaux-de-Fonds. Ils ont peur que leur ville ne perde de la substance et que l’hôpital, qui a été le plus grand employeur de la ville, ne soit plus qu’un site de seconde catégorie.

Cela s’ajoute au déménagement de l’école d’ingénierie du Locle à Neuchâtel et les sensibilités sont exacerbées. La peur de la population du haut de perdre de la substance s’ajoute aux sensibilités naturelles de toutes les populations pour leur hôpital et rendent le dossier particulièrement difficile.

Je trouve cependant que les Chaux-de-Fonniers sont très raisonnables, car dans l’initiative qu’ils ont lancée,  ils ne disent pas qu’ils veulent absolument le site mère-enfant, mais qu’ils veulent que leur hôpital garde sa substance et son attractivité, tant du point de vue des emplois que de la formation, ce qui veut dire qu’ils sont ouverts au dialogue et à la discussion sur les missions qui seront attribuées à l’hôpital. Leur initiative demande une répartition équitable des missions entre le haut et le bas.

Un hôpital dans le Val-de-Ruz ?

Cela aurait été une option possible avant la construction et la rénovation des actuels hôpitaux. Il y aurait eu assez de terrain, mais il aurait fallu développer sérieusement les transports. Actuellement, ce n’est plus pensable, parce qu’il faudrait tout reconstruire à neuf et ça coûterait beaucoup trop cher. Ce n’est pas sérieux.

Deux hôpitaux à 20 km l’un de l’autre, ce n’est pas trop ?

C’est trop s’ils font la même chose et disposent des mêmes équipements de pointe. Ce n’est pas trop si on profite des infrastructures existantes pour répartir les missions au mieux sur chacun des deux sites. C’est même la solution la moins chère, si on peut réutiliser tous les murs existants et construire le moins possible à neuf.

La santé est-elle plus chère à Neuchâtel qu’ailleurs ?

Oui, dans une certaine mesure. Les Neuchâtelois semblent être plus souvent malades que les autres, recourir plus souvent aux médecins privés, aux services de soins à domicile et aux hôpitaux. Le taux d’hospitalisation est plus élevé. Le taux de rentiers AI est de 6,5%, alors que la moyenne suisse est de 5,3%. On soigne en hôpital psychiatrique 8 Suisses sur 1000, mais 12 Neuchâtelois sur 1000. Ce sont des chiffres qui m’interpellent, mais je n’ai pas de réponse à l’heure actuelle. Je pense qu’il faudrait lancer des études sur ces phénomènes qui font de Neuchâtel un cas à part. Est-on plus malades qu’ailleurs, et dans ce cas, pourquoi ? A-t-on l’habitude d’hospitaliser plus qu’ailleurs, pourquoi ? Fait-on moins de prévention ? Notre population est-elle plus exposée ? A-t-elle un travail plus pénible ?

Beaucoup d’indicateurs sont au rouge : des primes élevées, des soins plus chers, des taux d’hospitalisation élevés, un recours important aux soins à domicile.

Pour pouvoir changer cette tendance, il faudrait avoir des réponses à ces questions. Mais Neuchâtel se singularise aussi dans d’autres domaines sociaux, de manière tout aussi incompréhensible : un taux de divorce de 67%, un endettement des jeunes important. Plus de bénéficiaires de l’aide sociale. Les explications à l’emporte-pièce ne me convainquent pas.

Pourquoi les primes sont-elles plus élevées ?

Il y a plusieurs explications possibles. La première c’est évidemment à mettre en relation avec les coûts plus élevés de la santé.

La seconde rejoint les interrogation de beaucoup d’autres cantons, en particulier de tous les cantons romands, de Zürich et de Bâle. N’y aurait-il pas des subventions croisées entre les cantons à primes élevées et les cantons à primes basses, au travers des réserves des caisses maladies. En d’autres termes, les caisses prélèvent-elles des primes élevées dans certains cantons pour constituer des réserves, qui leur servent ensuite dans l’ensemble de la Suisse et leur permettent de prélever des primes moins élevées ailleurs ?

 

Les primes sont-elles trop hautes à Neuchâtel ?

Oui, elles sont très élevées, c’est pourquoi il faut continuer la réforme hospitalière, supprimer les doublons, être attentif à ne pas multiplier les services d’urgence et les équipements de pointe et obtenir des chiffres des assureurs concernant les réserves constituées dans notre canton.

Un autre problème en matière de politique de la santé ?

Oui, bien sûr, l’article 64a, que nous devons absolument abolir parce qu’il permet aux assureurs de suspendre les prestations des assurés qui ne paient pas leurs primes.

Actuellement la plupart des caisses, mais pas toutes, ont signé des accords avec les cantons et ont ainsi reporté sur les cantons les risques qu’elles courent du fait des mauvais payeurs. 11 caisses n’ont pas signé, mais heureusement, ce ne sont pas les plus représentées dans notre canton. Si les caisses veulent rester de type privé, il faut à mon avis, qu’elles en assument aussi les risques. Je trouve inadmissible qu’ils fassent supporter les risques par les cantons.

M. Debély est-il un bon conseiller d’Etat ?

Je ne me prononcerai pas au sujet d’un conseiller d’Etat qui pourrait être mon collègue dans quelques semaines.

M. Debély a-t-il tout faux ?

Tout faux non, mais pas tout juste non plus. Une réforme est toujours difficile, parce qu’il y a toujours des résistance. Une réforme hospitalière l’est particulièrement en raison de l’attachement de la population à son hôpital. La nôtre est encore plus difficile du fait de la sensibilité haut-bas du canton.

Cependant, les résultats qu’a atteint Hôpital neuchâtelois sont un peu décevants, en matière de maîtrise des coûts. Aurait-il été possible de faire mieux ? On pouvait en tout cas l’espérer. A Neuchâtel, les assureurs ne participent pas suffisamment, ce qui fait que le canton participe trop aux coûts. La participation des assureurs est à renégocier.

 

 

Voulez-vous reprendre ce département ?

Je connais bien le domaine de la santé, puisque je travaille aujourd’hui dans un service qui est à la jonction entre le social et la santé.

Ce choix dépendra de la composition du futur Conseil d’Etat. Si M. Debély est réélu, il continuera probablement ce qu’il a commencé et je ne le lui disputerai pas. Les autres départements sont aussi très intéressants et je les connais aussi très bien.

 

 

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