Maîtriser la crise: soutien aux entreprises

 

Maîtriser la crise : soutien aux entreprises

Le canton de Neuchâtel a connu quelques années fastes et a vu son économie se développer de manière très réjouissante. Cette embellie nous a permis de boucler les comptes de l’Etat avec un bénéfice et des réserves. Ces réserves ne nous seront pas inutiles, parce que les années à venir ne s’annoncent pas aussi bonnes.

Le canton de Neuchâtel est particulièrement sensible à ces période fastes et néfastes, parce qu’iles t très industriel et très exportateur.

Jean Studer nous a fait un tableau de la situation que nous traversons actuellement. Le secteur industriel neuchâtelois est touché à plusieurs niveaux. Les carnets de commandes sont moins remplis. Nous attendons bien sûr Bâle pour savoir ce que va vivre l’horlogerie.

Le canton a prévu un « plan de relance », ce qui est un bien grand mot, coordonné avec les mesures prises par la Confédération, qui tient compte des différents stades de ralentissement, récession et dépression et prévoit des mesures conjoncturelles pour les deux premiers stades et des mesures structurelles pour le troisième stade.

La Confédération a mis en place un deuxième programme, qu’elle n’a pas voulu appeler de relance, mais qu’elle a appelé de « stabilisation conjoncturelle » de 700 millions. La Confédération va investir dans la construction, en premier lieu d’infrastructures routières et ferroviaires, mais aussi dans la recherche, le développement, l’innovation et les contributions aux EPF, l’extension provisoire des prestations de l’Assurance suisse contre les risques à l’exportation et la Loi fédérale encourageant la construction et l’accession à la propriété de logements.

Le canton de Neuchâtel a prévu un plan d’aide de 24 millions portant essentiellement sur le maintien  de l’emploi par une aide de 10 millions aux entreprises,  une garantie de 10 millions de crédits et à 4 millions pour l’assainissement des bâtiments et l’encouragement aux énergies renouvelables.

 

En ce qui concerne les entreprises, le but est de favoriser l’accès des entreprises aux liquidités et aux crédits par le cautionnement ou la prise en charge d’intérêts.

Pour exemple un crédit de 5 millions de francs permettrait d’accorder des cautionnements pour un montant de 70 millions de francs. Le même montant de 5 millions de francs permettrait de soutenir l’accès au crédit par la prise en charge partielle des intérêts. En considérant un taux moyen de 6% et une aide à raison d’un tiers sur 5 ans, soit 2%, cette mesure permettrait de soutenir l’accès à des crédits portant sur un montant de 50 millions de francs par an.

Les PME sont particulièrement vulnérables en période de crise et les délais de paiement, qui sont l’une des conséquences principales de la crise, touchent sérieusement le fonctionnement des PME. Il en résulte des problèmes de liquidités à court terme, qui les empêchent d’assumer leurs charges salariales et leurs frais généraux. Sans aide financière rapide, ces entreprises sont forcées de licencier du personnel et pourraient être mises en faillite. Le plan du canton me paraît bien adapté à cette situation, mais probablement très modeste, vu les besoins.

Ce plan va dans la même direction que les efforts d’autres collectivités publiques en Suisse et en Europe. L’Etat français a octroyé des fonds supplémentaires aux banques pour soutenir financièrement les PME en proie à des difficultés conjoncturelles.

La BCBe soutient les projets d’économie d’énergie par des prêts à 1%, par exemple.

A Genève, les députés demandent d’instituer un fonds de soutien aux PME en utilisant des structures existantes telles que la Fondation pour l’aide aux entreprises et de confier à la BCGe l’alimentation de ce fonds, conformément à sa mission de financement des PME et compte tenu des importants afflux de liquidités qu’elle a enregistrés ces derniers mois.  Les députés imaginent une cellule relais qui accorderait des crédits en blanc avec des taux d’intérêts bas remboursables annuellement.

L’argent que la BCN a également obtenu ces derniers mois, suite aux difficultés des grandes banques, devrait aussi lui permettre de soutenir l’économie de manière ciblée.

Je crois que chacun est bien conscient de la modestie de ces chiffres, tant ceux que la Confédération que ceux du canton. C’est pour cela d’ailleurs que la Confédération ne parle pas de plan de relance, mais de stabilisation conjoncturelle. Dans le cas du canton, on devrait même parler plutôt d’aide conjoncturelle.

Il faut voir aussi que le trou dans lequel nous sommes en train de tomber est d’une telle ampleur que l’Etat, que la droite a voulu maigre, n’a aujourd’hui tout simplement pas les moyens d’agir de manière réellement efficace. L’Etat fait donc ce qu’il peut.

Si je résume donc :

Le premier objectif, c’est l’emploi, nous en avons déjà parlé.

Le deuxième objectif, est de permettre aux entreprises exportatrices de continuer à exporter à des conditions légèrement facilitées, par la garantie des risques en particulier, l’accès aux crédits et le maintien des liquidités.

Le troisième objectifs, est de soutenir la construction, s’il s’avère qu’elle souffre de la crise, car c’est une industrie qui est aussi influencée par la conjoncture.

Le dernier objectif, c’est de nous assurer un avantage concurrentiel au moment de la reprise en nous insérant sur le marché avec de nouveaux produits innovants, grâce au soutien accru aux EPF, à la recherche, à l’innovation et au transfert technologique des hautes écoles à l’industrie.

Neuchâtel a décidé d’investir plus particulièrement dans le secteur de l’énergie et je suis sûre que c’est un bon choix, parce que Neuchâtel dispose de savoir-faire en matière d’énergie renouvelable. Le canton peut se faire un nom dans ce domaine, dans la foulée des recherches menées à l’université et des nouvelles chaires en photovoltaïque et en géothermie.

Et nous savons que nous sommes à une époque charnière en matière d’énergie. Le prix du pétrole commence à faire le yoyo. Il devient extrêmement sensible. Il y a une tension entre l’offre et la demande. L’EPFL prévoyait un dépassement de l’offre par la demande dès 2010. La crise mondiale va sans doute retarder cette échéance d’un ou deux ans, car nous connaissons maintenant un recul de la consommation dû à la récession, qui a été évalué à 0,8% pour 2009, mais ce sera bientôt  là quand même. Nous savons que tôt ou tard, le pétrole sera hors de prix et qu’il faudra trouver d’autres moyens de produire de l’énergie. Ceux qui auront pris de l’avance auront un avantage concurrentiel certain.

Les énergies renouvelables n’ont pas qu’un intérêt concurrentiel. Elles sont aussi très productrices de petites entreprises indépendants et d’emplois. Ce sont des milliers de PME qui peuvent aujourd’hui voir le jour dans ce secteur. On parlait à l’époque des initiatives énergétiques d’un potentiel de 50 à 60’000 emplois à créer dans les secteurs photovoltaïque et thermique.

J’insiste sur le fait qu’il faut cibler les interventions. Il ne s’agit pas de répandre la manne de l’Etat touts azimuts. Le tableau de bord prévu par le canton me paraît être un instrument particulièrement important parce qu’il permet de déterminer quels sont les secteurs qui peinent le plus et d’investir exactement au bon endroit.

Il s’agit d’une part de lancer les projets qui sont déjà prêts dans le domaine de l’écologie : assainissement énergétique des bâtiments. Un investissement de la Confédération de 300 millions par an jusqu’en 2012, soit sur le budget ordinaire, soit sur la taxe sur le CO2 et un bonus d’investissement pour inciter les cantons et les communes de 200 millions de francs.

Ces investissements doivent profiter aux entreprises de la construction au sens large. Si l’on sait qu’une commande de 110’000.- correspond à un poste de travail et qu’un franc investi par la Confédération suscite l’investissement de 14.- , ce sont plusieurs milliers de postes de travail qui pourraient être ainsi maintenus, non seulement dans la construction, même si c’est la première visée, mais aussi dans le conseil ou la planification.

Il faut investir également dans les nouvelles technologies énergétiques et lutter pour que l’on renonce au plafonnement de la couverture du prix de revient des énergies renouvelables pour l’éolien, la biomasse ou le photovoltaïque. Le potentiel économique que dégagent les énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficience énergétique est énorme. En Europe, on compte sur une croissance du marché des technologies environnementales de 150 milliards aujourd’hui à 1000 milliards d’Euros en 2030.

Il faut investir dans les nouvelles technologies et l’innovation pour donner un avantage à notre canton au moment de sortir de la crise.

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