Concurrence entre l’hôpital cantonal et le secteur privé

Madame la présidente,

Mesdames, Messieurs les députés,

Les changements effectués par l’Hôpital neuchâtelois dans le cadre de sa réorganisation interne passionnent. Aujourd’hui, ce sont deux nouveaux éléments qui sont relevés: il s’agit d’une part de la stratégie d’Hôpital neuchâtelois en matière d’activité ambulatoire et, d’autre part, de la manière dont ce dernier gère ses relations avec les médecins spécialistes en pratique privée.

Vos observations sont tout à fait correctes: Oui, l’Hôpital neuchâtelois développe son activité ambulatoire et ceci depuis plusieurs années.

Cette évolution est en effet inévitable puisqu’elle répond à un changement général de pratique dans le système hospitalier. De plus en plus, la médecine moderne consacre la prise en charge ambulatoire au détriment de l’hospitalisation. Il est en effet aujourd’hui reconnu qu’un traitement ambulatoire est moins contraignant pour le patient et moins coûteux pour la collectivité, raisons pour lesquelles il doit être privilégié par rapport au traitement stationnaire. Dans tous les cas où on peut faire une petite intervention de manière ambulatoire, on le fait. Cette évolution, qui avait commencé avant la création d’HNe, ne s’observe pas uniquement dans le canton de Neuchâtel mais également au-delà de nos frontières cantonales et nationales.

L’augmentation de l’activité ambulatoire d’HNe se fait toutefois principalement au détriment de son activité stationnaire et non au détriment de la médecine de ville. C’est une tendance générale. On hospitalise de moins en moins longtemps et on n’hospitalise pas si c’est possible. La hausse de l’ambulatoire reste modeste pour Hôpital neuchâtelois, au contraire peut-être de l’hôpital de la Providence qui a vu son activité ambulatoire augmenter très fortement ces derniers mois.

S’agissant de l’exemple des gastro-entérologues mentionné dans le développement de l’interpellation, le Conseil d’Etat ne partage pas l’analyse du député Courvoisier. Nous estimons, que les prestations effectuées par les médecins engagés par Hôpital neuchâtelois ne font pas concurrence aux gastro-entérologues libéraux, sachant que deux spécialistes ont aujourd’hui cessé leur activité… Et pas pour cause de faillite, je vous rassure. Le besoin est important.

J’en profite pour apporter un correctif concernant le financement de l’activité ambulatoire d’un hôpital subventionné qui n’est heureusement pas à la charge des pouvoirs publics, à hauteur de 55% comme le reste de l’activité hospitalière. L’interpellateur se réfère au mode de financement en vigueur dans le secteur hospitalier stationnaire alors que l’activité ambulatoire est à la charge exclusive de l’assurance obligatoire des soins, tant pour la pratique privée que pour une institution subventionnée. L’activité ambulatoire hospitalière n’est donc pas subventionnée.

Abordons maintenant l’aspect des relations qu’entretient l’hôpital avec les médecins spécialistes en pratique privée.

Avant la création d’Hôpital neuchâtelois, les hôpitaux n’avaient pas une taille, et donc pas la masse d’activité suffisante pour bénéficier de certaines expertises en interne. Ils ont alors fait appel « à prix d’or » à des médecins consultants installés en cabinet privé pour venir effectuer des actes dans l’hôpital.

Aujourd’hui, la donne a changé puisqu’Hôpital neuchâtelois dispose de la masse critique nécessaire pour pouvoir engager ses propres médecins et pour ne plus devoir recourir à des médecins externes.

Les conséquences de ce changement sont favorables pour la population neuchâteloise autant que pour les financeurs que sont l’Etat et les assurances-maladie. En effet, il en résulte une augmentation de la qualité des prestations fournies par l’hôpital qui dispose désormais d’équipes médicales cohérentes et l’impact financier est également intéressant, car un médecin salarié est beaucoup moins cher qu’un médecin externe.

Evidemment, cette nouvelle situation peut ne pas être appréciée par les médecins libéraux à qui l’hôpital ne fait plus appel, sentiment que je peux parfaitement comprendre.

Je conclurai en apportant des réponses aux demandes explicites de l’interpellation:

  • S’agissant du sentiment de concurrence déloyale et de mise en péril des cabinets de spécialistes de ville: Le CdE estime qu’il n’y a pas de concurrence déloyale apportée par l’Hôpital neuchâtelois dans le domaine ambulatoire, puisque le financement est le même. Le CdE ne craint pas pour la santé financière des cabinets médicaux de spécialistes et souhaite qu’un modus vivendi acceptable pour tous soit trouvé rapidement entre l’hôpital et les médecins libéraux, notamment dans le domaine de la garde et des piquets.
  • Concernant la répercussion sur les coûts de la politique d’engagement d’Hôpital neuchâtelois: Nous estimons que les médecins hospitaliers comme les médecins libéraux exercent leur profession avec tout le sérieux et le professionnalisme requis et qu’ils n’induiront dès lors pas de prestations inutiles et donc pas de coûts supplémentaires. Je rappelle que les prestations ambulatoires coûtent moins cher que les prestations stationnaires qu’elles remplacent;
  • S’agissant de la qualité de la formation des médecins-assistants: elle est garantie par Hôpital neuchâtelois;
  • Enfin, le Conseil d’Etat prend ses responsabilités. Nous soutenons toute forme de collaboration entre la médecine libérale et l’hôpital. C’est dans ce sens que nous avons décidé de la création de la plate-forme régionale de santé sur le site du Val-de-Travers. Par ailleurs, une solution devrait prochainement être trouvée entre les pédiatres de ville et l’hôpital s’agissant de la garde pédiatrique. Nous avons également bon espoir que le conflit qui oppose les gastro-entérologues privés et l’hôpital au sujet de la garde se règle prochainement avec l’aide du médecin cantonal.

Par ces explications, j’espère avoir pu réduire quelque peu vos craintes à l’égard de l’activité de l’Hôpital neuchâtelois et de sa politique d’engagement. Je vous remercie de votre attention.

 

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