Prévention de l’alcoolisme
Madame la présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Dans notre canton, le Secteur de prévention de la Fondation Neuchâtel Addiction (FNA), et dans une mesure plus modeste la Croix-Bleue, sont responsables, sur mandat du Département de la santé et des affaires sociales, des actions de prévention de l’alcoolisme, une attention particulière étant apportées aux démarches visant les mineurs dans ce domaine.
Le Centre neuchâtelois d’alcoologie (CENEA), une des entités constitutive de la FNA, y délègue des préventologues; en revanche, il intervient seul ou en partenariat avec la Croix-Bleue dans les actions de prévention de la dépendance d’adultes à l’égard de l’alcool, par des offres répondant aux demandes de sensibilisation de personnes privées ou d’entreprises, voire en initiant des démarches, dans les établissements publics par exemple.
Plus précisément, outre les prestations de suivi ambulatoire, de soins et de soutien, le CENEA et la Croix-Bleue assument les activités de prévention et de sensibilisation suivantes:
a) Auprès des jeunes en âge de scolarité:
Le CENEA intervient régulièrement lors de journées santé dans certaines écoles, permettant de toucher environ 1200 élèves chaque année.
La Croix-Bleue, visant la même clientèle, met en place une information et une sensibilisation médiatisée par le témoignage de personnes dépendantes et des films ou DVD traitant du thème de l’alcool.
b) Dans le cadre des écoles secondaires, lycées ou écoles professionnelles:
En 2006, le Centre d’alcoologie (CENEA) a débuté le programme « Détection et intervention précoce ». Ce programme a été créé par l’OFSP et est donc conduit par le Secteur prévention de la FNA, sans caractère contraignant pour les écoles. Il permet cependant des contacts privilégiés avec les établissements scolaires concernés grâce à par la mise en place de groupes de pilotage formés de professionnels de l’école. Concrètement, des conférences destinées aux enseignants et des ateliers de réflexion sont organisés, plusieurs documents ont été élaborés pour permettre une meilleure détection des élèves en difficulté et une intervention rapide.
c) Dans le cadre des églises ou mouvements confessionnels de jeunesse
La Croix-Bleue est appelée à intervenir pour former les moniteurs de ce type d’activité, ou, durant le catéchisme, les mineurs inscrits.
d) Auprès des jeunes conducteurs ou lors de soirées festives:
La campagne Be my angel, débutée en 2004, fait la promotion du concept du « conducteur sobre » (alcool et drogues illégales) durant les week-ends, les fêtes et les festivals. Ce projet suscite une forte demande de la part des organisateurs de manifestations et/ou d’établissements publics. Cette collaboration permet aux préventologues du CENEA et de la Croix-Bleue d’être plus impliqués dans l’organisation de manifestations, par conséquent d’être plus actifs et efficaces dans la mise sur pied de mesures globales de prévention des problèmes de consommations excessives. Durant l’année 2008, plus de 4000 personnes ont été directement sensibilisées au concept du « conducteur sobre ».
e)Auprès des consommateurs à risques
En 2007, le CENEA a lancé le programme alcochoix+ destiné aux personnes qui ont une consommation d’alcool à la limite de la dépendance. Ce programme permet de retrouver le contrôle de sa consommation à un accompagnement d’une durée de six 6 semaines. Une promotion de cette démarche volontaire a été faite dans le canton, aussi bien dans les cafés-restaurants que chez les médecins généralistes, hôpitaux et pharmacies.
f) Avec les communes
Une collaboration fructueuse du CENEA avec la Commune de la Chaux-de-Fonds, par l’intermédiaire du Service de la jeunesse, a permis de mettre en place en 2008 une série d’achats-test destinés à vérifier le respect du cadre légal concernant la vente d’alcool aux mineurs par les commerces de la ville, mais aussi, à proposer aux entreprises des rencontres et des formations pour leur permettre d’améliorer leurs compétences dans le respect de la loi.
g) Par des actions de formation
Chaque année, le CENEA intervient dans la formation des cafetiers-restaurateurs lors de deux cours de quatre périodes. Il y présente des notions de base en alcoologie et quelques aspects juridiques (de la loi sur les établissements publics, de la loi sur le commerce ou dans le domaine de la protection de la jeunesse), ainsi que la problématique des risques dus à l’alcool en entreprise. Le CENEA intervient quatre fois par an dans le cadre de la formation Croix-Rouge des auxiliaires de santé sur le thème « Problèmes d’alcool des personnes âgées ».Il participe au projet « Voilà » pour la formation des moniteurs de camp de vacances (environ cinquante personnes) sur deux week-ends; depuis cette année, une session d’approfondissement sur un week-end est proposée aux moniteurs ayant suivi la formation de base.
De son côté, la Croix-Bleue propose aux responsables de jeunesse et aux mineurs, sept sessions annuellement, permettant aux premiers l’utilisation et aux seconds la jouissance d’une quinzaine d’approches différentes du problème.
Le CENEA participe également, au niveau romand, à la formation des intervenants Alcochoix+, programme qui a été de surcroît présenté dans le cadre des demi-journées de formation du corps médical neuchâtelois de l’HNe.
Durant l’année scolaire 2009-2010, le Secteur prévention de la FNA prévoit de lancer un concours de courts-métrages sur le thème de la prévention des addictions. La remise des prix sera l’occasion de présenter les films aupublic.
Il serait évidemment intéressant d’aller plus loin dans les démarches de prévention en matière d’alcool. Il faut cependant relever que, de plus en plus, la prévention ne se focalise pas sur un produit en particulier, mais s’axe sur une prévention plus générale des conduites addictives et/ou à risque, voire sur la promotion de la santé. Les activités de prévention des autres secteurs de la FNA (consommation de drogues et de médicaments, jeu excessif, etc.) ont donc également un impact préventif en matière d’alcool. A noter également le récent lancement d’un processus de conception du programme de promotion de la santé mentale, par le service de la santé publique, qui aura un impact sur la problématique, en agissant en amont.
La thématique des addictions fait précisément partie des priorités du Conseil d’État et figure dans le Plan directeur cantonal de promotion de la santé. Dans le cadre de sa fonction d’organe consultatif du Conseil d’Etat, la Commission cantonale addictions (CCA) a rédigé son « rapport de législature », intitulé «Vers une politique neuchâteloise des addictions», dont les visées, en fait essentiellement prospectives, serviront de guide aux autorités politiques. Le moment est propice: l’aval donné par le peuple suisse en automne 2008 à la loi fédérale sur les stupéfiants constitue une raison majeure de formuler de manière explicite et concrète une véritable politique neuchâteloise des addictions, qui s’étende à toutes leurs formes.
Dans ce rapport, la CCA rappelle que cette politique doit se construire à partir des quatre piliers de la prévention, de la thérapie, de la réduction des risques et de la répression; il y est proposé un concept cantonal tenant compte à la fois des connaissances les plus récentes, notamment en médecine des addictions, des acteurs existants et des nouvelles addictions.
Le Conseil d’Etat est donc attentif à la problématique pertinente que soulève le postulat. Il constate qu’un réel effort est effectué dans le cadre des mandats octroyés.
Cependant, il est conscient qu’il est nécessaire de maintenir l’impulsion dans le domaine de la prévention contre l’alcoolisme et la santé. Il faut cependant être conscient qu’augmenter encore les activités de prévention s’accompagnera d’une augmentation des ressources humaines ou des moyens alloués.
