70 ans de Pro Infirmis
Madame la Présidente du Grand Conseil,
Monsieur le conseiller communal,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités politiques,
Monsieur le Président du comité cantonal,
Monsieur le Directeur cantonal,
Mesdames, Messieurs,
C’est avec émotion que je prends la parole ce soir. Me voici ici en effet en famille – spirituelle -, une famille que je retrouve cinq mois après un au revoir un peu rapide il est vrai, mais dicté par la volonté du peuple neuchâtelois!
Nous voici donc réunis ce soir pour fêter une belle étape de vie! Voici 70 ans dans le canton de Neuchâtel que Pro Infirmis soutient, conseille et encourage des personnes handicapées, physiques, mentales ou psychiques, sourdes et malentendantes. Voici 70 ans que Pro Infirmis les aide lors de moments difficiles de leur vie. Voici 70 ans que Pro Infirmis leur donne le coup de pouce nécessaire pour repartir dans la vie, suite à une maladie invalidante ou à un accident. Objectif réalisé, puisque la plupart des clients de Pro Infirmis ne restent aidés que ponctuellement ou durant moins de deux ans.
Au nom du Conseil d’Etat, je remercie Pro Infirmis pour son action précieuse et essentielle, sans laquelle le bien-être de ces personnes-là ne serait pas ce qu’il est. Que son comité, ses membres, ses bénévoles – anciens et actuels – son directeur et ses collaborateurs et collaboratrices trouvent ici l’expression de la sincère reconnaissance du Gouvernement neuchâtelois.
Me voici donc sur la colline du Château, un peu plus de loin de vous, c’est vrai au moins au niveau géographique, mais pas tellement que ça! Certes, j’ai quitté « le terrain ». Mais je retrouve les mêmes problématiques à un autre niveau, puisque je suis en charge de la santé et des affaires sociales du canton de Neuchâtel. Je suis donc heureuse car je suis toujours en lien avec ce tissu social que j’aime et qui est le moteur de mon action politique au quotidien, de mon engagement pour les plus fragilisés et les plus démunis de notre société. D’autant plus que les défis à relever ne manquent pas!
Certes, je me réjouis de l’acceptation par le peuple du financement de l’assurance invalidité qui donne un petit bol d’air et permet à cette assurance – qui fait partie de notre premier pilier d’assurances sociales – de ne pas s’enfoncer encore davantage. C’est un acte de solidarité du peuple suisse envers les personnes handicapées, que je tiens à relever.
Mais juste derrière, arrive la 6ème révision de l’AI et son train de mesures d’économies toujours plus restrictif dans les prestations financières octroyées, toujours plus contraignant pour les personnes invalides, toujours plus dur dans l’accès à la rente. La Confédération se dégage de ses responsabilités et les reporte sur les cantons et les communes, dans la mesure où les personnes invalides, non reconnues, n’ont souvent pas d’autre recours que de s’annoncer à l’action sociale.
Autre défi à relever: suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle répartition des tâches entre la Confédération et les cantons (RPT), le mode de financement et de gestion des institutions du domaine de l’invalidité subit des changements importants. Les institutions passent d’une responsabilité fédérale à une responsabilité cantonale. Les cantons doivent s’organiser pour les accueillir, élaborer une planification stratégique, qu’ils doivent faire avaliser par la Confédération et une législation d’application.
Cela nous amène à nous poser les questions suivantes: quelle offre institutionnelle voulons-nous pour le canton? A quelles personnes est-elle destinée? Quel genre de collaboration intercantonale devons-nous imaginer?
Et dans ce cadre-là, il est nécessaire de s’interroger sur la forme des structures neuchâteloises actuelles.
Pour relever les nouveaux défis induits par la RPT, il est indispensable que les différents acteurs composant le paysage institutionnel neuchâtelois travaillent en réseau. Echanger, dialoguer, coordonner, travailler dans la complémentarité, se soutenir… bref, mettre en commun les forces pour faire face aux changements avec efficience. Mais surtout, pour continuer à offrir aux personnes qui en ont besoin des prestations de qualité!
En ce sens, j’envisage la création d’un établissement unique de droit publique regroupant les institutions qui accueillent des pensionnaires au bénéfice de prestations AI. Bien sûr, tous les partenaires sont associés, afin d’en dessiner les contours et d’en définir les missions.
Dans le cadre de cet établissement, le Conseil d’Etat souhaite s’appuyer sur le savoir-faire et les structures existantes pour créer, durant la présente législature, un pôle unique d’insertion professionnelle. Aujourd’hui, de multiples institutions s’occupent de réinsertion. Elles dépendent de trois départements et sont financées par des sources diverses comme l’assurance invalidité, l’assurance chômage ou l’aide sociale. Comment coordonner ces dispositifs pour proposer à toute personne en difficulté, qu’elle vienne du secteur de l’invalidité, du chômage ou de l’aide sociale, une solution professionnelle qui lui convienne, que ce soit à court ou à long terme ? Comment l’accompagner dans sa réinsertion, lui faciliter l’accès au marché du travail ? Comment encourager les employeurs à prendre une personne en difficultés ? Ce sont les questions auxquelles nous voulons répondre.
Ce pôle d’insertion professionnelle doit apporter une aide efficace aux personnes qui veulent et qui peuvent travailler. Il doit permettre d’éviter qu’une personne ne soit refusée par l’assurance chômage parce qu’elle est considérée comme inemployable et par l’AI parce qu’elle est considérée comme ayant encore une capacité de travail. Il doit également offrir des places de travail subventionnées à toutes les personnes dont la capacité résiduelle de travail est insuffisante pour accéder au marché du travail ordinaire, mais qui ont des compétences qu’elles peuvent valoriser. Nous étudions un modèle d’entreprise de transition, qui accueille la personne à réinsérer, fait avec elle un bilan de compétence, lui procure une place de travail, éventuellement une formation complémentaire, puis, si cette personne est en mesure de retourner sur le marché du travail, cherche avec elle une place adaptée, l’accompagne dans la nouvelle entreprise jusqu’à ce qu’elle obtienne un contrat à durée indéterminée.
Mesdames et Messieurs, ces projets, encore en gestation, ne visent qu’un seul objectif: permettre une plus grande autonomie et une meilleure intégration des personnes handicapées et fragilisées par la vie.
Je me réjouis d’œuvrer en ce sens dans le cadre de la fonction que j’occupe depuis 5 mois. Oui, je n’agis plus « sur le terrain », mais je ne vous oublie pas! Je continue à me battre avec vous, pour les personnes en situation de handicap, car nous avons toutes et tous, en tant que citoyens de ce canton, la responsabilité de préparer un présent acceptable et un avenir meilleur.
Ensemble, nous pouvons constituer un réseau solide, qui offre à toutes celles et ceux qui en ont besoin une passerelle vers l’indépendance et l’autonomie.
Quoi de plus précieux en effet que l’indépendance et l’autonomie? Elles renforcent, à n’en point douter, la liberté de chacun, la liberté d’être soi-même, avec ses différences. Oui, à l’image de Pro Infirmis, participons à la construction de bases solides pour l’édification de la liberté individuelle des personnes handicapées. Nous sommes une des pièces du puzzle, indispensables. Sans toutefois oublier, négliger, les compétences propres des personnes que nous entourons. A l’image de l’écrivain et philosophe Alexandre Jollien qui écrit: « Je perçois qu’il ne faut pas que j’attende d’être libre pour poser des actes de liberté, mais qu’au contraire, c’est en posant des actes en direction de la liberté que je puis progresser vers elle. »
Mesdames et Messieurs, au nom du Conseil d’Etat, je tiens à exprimer ici encore une fois ma sincère gratitude à l’égard de votre action.
Je souhaite longue vie à la septuagénaire grâce à laquelle nous sommes réunis ce soir, et je forme tous mes vœux pour qu’elle traverse les aléas de la vie avec sérénité et optimisme. Soyez assurés de mon soutien!
