Soirée annuelle de soutien à Imbewu

Allocution de Mme Gisèle Ory,

Conseillère d’Etat et cheffe du DSAS

Soirée annuelle de soutien IMBEWU

Cortaillod – 20 novembre 2009

Monsieur l’Ambassadeur de la République d’Afrique du Sud en Suisse,

Madame la Présidente d’Imbewu Suisse,

Monsieur le Président de Médecins du Monde Suisse,

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir et un honneur d’être parmi vous pour cette soirée de soutien à IMBEWU en ce 20 novembre. 20, c’est un chiffre symbolique ce soir puisque la Convention internationale des droits de l’enfant fête précisément son 20 anniversaire aujourd’hui.

Vingt ans, c’est à la fois long et court sur l’échelle de l’Histoire. De nombreux progrès ont pu être réalisés, certes. Mais il reste encore beaucoup à faire, vous le savez Mesdames et Messieurs. Oui, il est urgent de continuer à combattre les violations graves dont sont victimes les enfants, telles que la prostitution, le trafic et la vente, ailleurs dans le monde. Mais aussi à l’intérieur de nos frontières! Oui, la Suisse n’est pas première de classe en la matière. Pour reprendre le chiffre avancé par Jean Zermatten, ancien président du Tribunal des mineurs du canton du Valais et actuel membre du comité des Nations Unies pour les droits de l’enfant, 250’000 enfants en Suisse vivent à la limite ou sous le seuil de pauvreté. Un constat choquant pour la cheffe des affaires sociales en charge des mineurs de ce canton que je suis, pour la citoyenne et pour la maman que je suis.

Je m’efforce donc, dans le cadre de la fonction qui est la mienne, de tout mettre en œuvre pour qu’une telle situation ne perdure pas. Surtout en ces temps de crise financière mondiale, où les insécurités professionnelles qui l’accompagnent représentent une réelle menace pour les travailleurs, et de fait, pour les familles et les enfants. A cela s’ajoute, dans le canton de Neuchâtel, un taux important de divorces, qui renforce encore la précarisation des enfants mineurs du canton.

Je suis convaincue que la notion de protection de l’enfant trouve sa force dans la capacité de la communauté, donc de l’Etat, de penser au bien-être du plus fragile de ses membres, un « petit d’homme », comme le nomme si joliment le généticien et écrivain français Albert Jaccard, ces petits d’homme dont nous sommes responsables.

La protection, valeur clé de la Convention internationale des droits de l’enfant, est également une valeur fondamentale de la Constitution fédérale et de la Constitution neuchâteloise (Article 14).

A cet égard, je peux affirmer que ces principes-là sont appliqués dans le canton de Neuchâtel avec compétence et efficience, dans l’évolution des politiques de protection de l’enfance et de prévention ainsi que dans celle des prestations offertes par les différentes institutions accueillant des mineurs.

Il est cependant évident que tout est perfectible, notamment en matière d’accueil parascolaire. Trop d’enfants aujourd’hui dans le canton sont livrés à eux-même avant de partir à l’école, à midi et à la sortie des classes parce que leurs parents travaillent. C’est ce que j’appelle le syndrome de « la clé autour du cou ». Ces enfants-là ont en effet le droit aux soins et à l’entretien au sens large, comme le stipule la Convention des droits de l’enfant. La révision de la loi sur l’accueil extra-familial de la petite enfance est donc l’une de mes priorités politiques.

Le réseau social d’institutions spécialisées neuchâtelois est très performant parce qu’il est personnalisé en fonction de chaque situation d’enfant. Je me réjouis de cela! Mais des efforts doivent encore être réalisés, notamment pour une meilleure prise en charge ambulatoire des enfants. C’est là une autre de mes priorités politiques.

Je tiens à ajouter que la situation des enfants de parents divorcés – dont le taux est très élevé dans le canton comme je l’ai mentionné tout à l’heure – me préoccupe également tout particulièrement. Il est nécessaire de réfléchir au sens du mariage et de la manière avec laquelle les couples en crise pourraient être accompagnés.

Vous le constatez, Mesdames et Messieurs, il reste beaucoup à faire à l’intérieur de nos frontières. Mais l’Etat ne porte pas d’œillères… il se soucie également de ce qui se passe à l’extérieur de ses frontières. Il le démontre avec la loi sur l’aide humanitaire et la coopération au développement, acceptée par le Grand Conseil le 18 mars 2008, qui donne un véritable ancrage légal à la solidarité internationale exprimée par le canton. Il reconnaît par là même le rôle des associations oeuvrant au développement Nord-Sud, regroupée sous le nom de Latitude 21. Cette structure cantonale unique permet de simplifier les relations entre l’Etat et les différents acteurs impliqués et permet, de ce fait, une meilleure coordination des efforts et une amélioration de l’efficacité de l’aide.

Parmi les acteurs impliqués, il y a Imbewu. Je tiens à la remercier de son investissement et de sa ténacité. De part ses activités sur le terrain, Imbewu nous rappelle que l’accès à la pratique d’un sport est non seulement un droit des enfants mais que cette discipline est elle-même un formidable vecteur permettant de faire connaître les droits des enfants, aux hommes et aux femmes mais aussi – et surtout! -aux enfants eux-mêmes!

Et c’est là le fondement même de l’existence de la Convention des droits de l’enfant: ils doivent en être les principaux connaisseurs pour en être les acteurs.

Je vous souhaite une très belle soirée.

 

tabs-top

Comments are closed.