Conseil d’administration d’HNE

Développement de l’interpellation

« Conseil d’administration d’HNe – fautes professionnelles inquiétantes »

 

Madame la Présidente, Mmes, MM,

En préambule, je souhaite indiquer que le ton assez dur et polémique de l’interpellation dont je suis le porte-parole ne m’est pas coutumier. Acteur politique plutôt propositionnel et rassembleur, je me trouve dans une position un peu inhabituelle. Mais j’ai estimé, et les encouragements ont été très nombreux, que la situation était suffisamment grave pour adopter une position sans compromis et transparente.

Lors de la session de juin 2009, le Grand Conseil a longuement débattu de la bonne gouvernance des entités étatiques autonomes et en particulier d’HNe.

L’ensemble des groupes et le Conseil d’Etat ont largement insisté sur la différenciation entre les compétences de direction stratégique et la gestion opérationnelle. Il était clair pour tout le monde  que la direction stratégique revenait au Grand Conseil et au Conseil d’Etat, tandis que l’opérationnel était du ressort du Conseil d’administration et de la direction des entités autonomes.

Lors du débat, il est ressorti que l’on craignait une ingérence quelconque du politique dans l’opérationnel et que l’on désirait délimiter les champs de compétences de chacun. Les choses ont donc été soigneusement précisées et ceci pour la bonne gouvernance d’HNe.

Aujourd’hui, nous assistons en fait à un débordement inverse et inquiétant : L’ingérence de l’opérationnel dans le politique !

Premier exemple :

Lors de la conférence de presse du PSN, qui critiquait la gestion d’HNe, en particulier en ce qui concerne les ressources humaines, une conférence de presse organisée par un parti et donc clairement de nature politique, le président du Conseil d’administration s’est permis d’intervenir dans les médias pour lui donner une réponse… politique. Il est intervenu directement, de telles sortes que sur Canal Alpha, son interview était insérée dans celles des membres du PSN, donc sans laisser la possibilité au Conseil d’Etat de réagir ou pas. Dans ce cas, la présidence du Conseil d’administration est, nous semble-t-il, sortie de son champ de ses compétences et s’est mis à faire de la politique. Elle s’est même considérée comme un Conseiller d’Etat, puisqu’il a répondu à la place du Gouvernement et à notre connaissance, sans l’en informer.

Deuxième exemple :

Récemment, les députés ont reçu une communication du Conseil d’administration d’HNe en réponse à des documents fournis aux députés par deux médecins mécontents d’HNe. Tout citoyen a le droit d’écrire aux membres du Grand Conseil et de les interpeller sur un sujet qui leur tient à cœur. Les députés peuvent choisir d’y donner suite ou non. Mais à partir du moment où cela aboutit sur les pupitres du Grand Conseil, ceci devient une question politique, puisque c’est le parlement qui est interpellée.

La présidence du Conseil d’Administration d’HNe a réagi intempestivement et s’est permis d’envoyer une lettre justificative aux députés. Cette étonnante démarche nous a doublement heurté-e-s: d’une part, la présidence du Conseil d’Administration se substitue à nouveau au Conseil d’Etat et interpelle le Grand Conseil à sa place. Ceci alors même qu’aucun député n’avait posé de question à ce sujet.

Il s’ajoute à cela une faute de communication, car en répondant aux deux médecins en nous prenant à témoin, elle se met au même niveau qu’eux et décrédibilise l’institution HNe en tant que telle. Cette curieuse réaction émotionnelle, sans intervenir sur le fond que nous jugeons dilatoire, provoque un sérieux malaise. Une éventuelle réponse ne se justifiait que si un-e député-e avait interpellé le Conseil d’État à ce sujet. Au surplus, c’était sans doute au ministre de tutelle de répondre. Et ce qui devait se produire est arrivé, nous recevons une réplique à la réaction. Qui répondra à présent ?

Pour ne pas entrer dans le procès d’intention, nous ne parlerons pas des prises de position privées de la présidence du Conseil d’administration d’HNe qui parviennent jusqu’ à nos oreilles, alors que nous ne faisons par précisément partie des mêmes cercles. Celle-ci se permet, nous a-t-on dit de critiquer les décisions du Conseil d’ Etat, alors qu’elle devrait, à nos yeux, juste les mettre en œuvre.

Cette attitude, que nous considérons déloyal, implique qu’une bonne partie de la République soupçonne la présidence du Conseil d’administration de jouer le rôle d’éminence grise dont le discours public n’est qu’un mur de fumée pour mieux dissimuler ses vrais desseins.

Ces quelques éléments laissent penser que la présidence du Conseil d’administration interprète la LEHM et les conclusions tirées par notre parlement sur la gouvernance, feint la bonne foi, mais en finalité poursuit dans sa ligne.

 

Nous interpellons le Conseil d’État pour lui demander si :

  • De son point de vue, il est de sa compétence, comme autorité, de répondre aux questions des citoyens et aux prises de position des partis politique ?
  • Compte-tenu de ce qui précède, et considérant que la confiance est un élément clé d’une bonne gouvernance, le moment n’est-il pas venu de redonner un nouveau visage au Conseil d’administration de HNe ?
  • Finalement, il ne conviendrait pas de profiter de l’opportunité de la mise sur pied d’un groupe de pilotage, pour confier à un Conseil d’administration rassembleur, les opérations que le Conseil d’État nous proposera prochainement ?

En préambule, j’ai rappelé le côté inhabituel pour votre serviteur de jouer du sabre et de couper des têtes. Notre motivation principale est la volonté de sortir de la crise dans laquelle se trouve notre système sanitaire, en particulier HNe. Nous avons acquis l’intime conviction, et nous l’avons observé lors des états-généraux de la santé, qu’un retour au dialogue était possible. Mais celui-ci est conditionné par la nécessité de fédérer, et non de diviser, une grande et extraordinaire équipe, notre hôpital cantonal et son personnel, derrière un projet enthousiasmant.

Pour y parvenir, il nous faut un nouveau coach avec un nouvel élan et un discours rassembleur. Les missions à mettre en œuvre seront sur le moyen et long termes et exigeront de l’endurance. Actuellement, de très nombreux signaux nous indiquent que la confiance est rompue, ceci malgré l’énorme capacité de résilience de bien des acteurs.

La présidence actuelle du Conseil d’administration, bientôt atteinte par la limite d’âge fixée par l’art 19 de la LEHM, ne devrait-elle pas, le sentiment du devoir accompli et avec les honneurs, céder sa place à des forces vives.

Merci au Conseil d’État de nous indiquer s’il partage notre constat.

La postérité rend à chacun l’honneur qui lui est dû. [Tacite]

Le fait vient en premier, c’est un point de départ. [Aristote]

Art. 18   1Les membres du Conseil d’administration de l’EHM sont nommés au début de chaque période de législature.

Limite d’âge

Art. 19   L’âge limite des membres du Conseil d’administration est fixé à 70 ans.

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