Article de l’Express suite à la nomination du Conseil d’administration d’HNE

L’EXPRESS-L’IMPARTIAL

Nouveau conseil nommé à la tête de l’Hôpital pour rétablir la confiance

Pascal Hofer

 

CLAUDIA MORENO, NOUVELLE PRÉSIDENTE «Dans la société de conseil que je dirige, j’interviens dans les entreprises comme une facilitatrice, je fais en sorte que chacun ait le sentiment d’avoir été entendu et que son avis a été pris en compte.» (RICHARD LEUENBERGER)

 

Le Conseil d’Etat a nommé un nouveau conseil d’administration à la tête de l’Hôpital neuchâtelois (HNe). Le gouvernement présente sa décision comme un moyen de «rétablir un dialogue constructif». Présentation des nouveaux venus et réactions.

Un grand coup de balai! A une exception près, le Conseil d’Etat a décidé de modifier l’intégralité du conseil d’administration de l’Hôpital neuchâtelois (HNe). Comme nous le laissions entendre dans notre édition de samedi passé, le président Jean-Pierre Authier n’a finalement pas trouvé grâce auprès du gouvernement. Et avec lui le vice-président et cinq autres membres. «Avec une composition profondément modifiée, nous avons voulu donner un signe de renouveau», a commenté hier Gisèle Ory, cheffe du Département de la santé.

La conseillère d’Etat a ajouté: «La gouvernance de l’hôpital a été sous le feu des critiques et elle n’avait plus la confiance d’une partie du Grand Conseil. Il s’agit de rétablir un dialogue constructif, ainsi qu’une bonne ambiance de travail.» Vice-président du nouveau conseil d’administration, Blaise Guinchard a ajouté: «Il faut redonner confiance aux patients et redonner sa fierté au personnel.»

Gisèle Ory a précisé qu’«il n’y a pas eu de divergences au sein du Conseil d’Etat. Il a pris sa décision à l’unanimité. En principe, nous ne rendons pas publique le résultat de nos votes, mais cette unanimité témoigne de l’appui que m’ont apporté mes quatre collègues.» Allusion aux tensions que le dossier avait fait naître au sein du gouvernement.

Gisèle Ory a présenté les nouveaux membres du conseil comme «des personnalités dynamiques et complémentaires, avec des savoirs et des expériences riches et variés. Nous avons voulu que ce conseil ne soit pas politisé. Il ne compte donc plus de députés du Grand Conseil ou de conseillers communaux. Nous souhaitons ainsi marquer une différence claire entre le niveau politique et le niveau opérationnel.» Le gouvernement «se réjouit aussi d’avoir nommé une présidente et deux femmes, ce qui se rapproche ainsi de la parité».

Gisèle Ory a encore dit ceci du nouveau conseil d’administration: «Il y a deux personnes du Littoral, deux de La Chaux-de-Fonds, et trois de l’extérieur du canton.»

Le conseil rencontrera prochainement la direction générale de l’HNe «pour faire connaissance avec les personnes et avec les dossiers». Dans un second temps tomberont les décisions du groupe de pilotage politique qui planche sur la répartition des missions hospitalières. Décisions que le nouveau conseil devra mettre en place. «Avec le groupe de travail, nous nous sommes réunis à trois reprises», a indiqué Gisèle Ory. «Une société spécialisée a été mandatée pour évaluer la pertinence des options retenues» (réd: plus précisément, on parle d’économicité, notion qui regroupe l’efficacité, l’adéquation et le coût des prestations de santé).

Parmi les nouveaux mandats du conseil: «La problématique des transports entre les sites de l’HNe et la coordination hospitalière au niveau de l’Arc jurassien.» /PHO

Avis de président non-réélu

Jean-Pierre Authier, ancien président du conseil d’administration, fait le commentaire suivant: «Le Conseil d’Etat a enfin pris une décision. Je m’en réjouis, car nous ne pouvions pas continuer ainsi. Je me réjouis aussi du fait que la délégation du gouvernement nous a fait savoir que nous avions rempli les missions qui nous avaient été confiées, et que nous l’avons fait dans le respect de la loi. Des modifications fondamentales ont été apportées, de très importantes économies ont été réalisées. Nous avons été amenés à prendre des décisions qui ont provoqué un certain nombre de réactions dans la population. C’était inévitable. Nous en faisons les frais aujourd’hui, notamment parce que durant ces six derniers mois, le Conseil d’Etat ne nous a pas soutenus. Au contraire, il a adopté un certain nombre de positions ambiguës. A partir de juin 2009, les relations avec Gisèle Ory ont été difficiles. Ses convictions régionalistes, en faveur du haut du canton, ont malheureusement pris le pas sur la logique entrepreneuriale.» /pho

«Favoriser les synergies»

Gisèle Ory a présenté Claudia Moreno, nouvelle présidente du conseil d’administration, comme «une spécialiste de la gestion des ressources humaines en période difficile». L’intéressée explique: «Les entreprises m’appellent lorsqu’il y a des désaccords, des tensions, voire lorsque le dialogue est rompu. J’interviens comme une facilitatrice, je fais en sorte que chacun ait le sentiment d’avoir été entendu et que son avis a été pris en compte.»

Le dossier «Hôpital neuchâtelois» est-il à ce point malsain qu’il faille placer à sa tête une spécialiste de la gestion des conflits? «Je ne dirais pas les choses comme ça. A mon avis, le fait de placer à la tête de n’importe quel conseil des personnes qui ont un profil similaire au mien est une bonne chose. Car le rôle du président, c’est d’abord de faciliter la communication entre des gens qui, eux, ont des compétences et une expérience dans le domaine concerné, c’est exploiter la complémentarité et favoriser des synergies entre les différents membres du conseil.» /pho

Les sept membres du nouveau conseil

Claudia Moreno, présidente, de La Chaux-de-Fonds, directrice de Lineac, société de conseil et de formation spécialisée dans «le management des personnes dans les entreprises», cela «dans les secteurs public et industriel», lit-on sur le site internet de la société, basée à La Chaux-de-Fonds.

Blaise Guinchard, vice-président, de Cornaux, diplômé en soins infirmiers psychiatriques, professeur à la Haute Ecole de la santé La Source, à Lausanne, membre de la direction nationale de l’Association suisse des infirmières et infirmiers.

Nicolas Babey, de La Chaux-de-Fonds, professeur de marketing, innovation et gestion publique à la Haute Ecole de gestion Arc, à Neuchâtel.

Marc-Etienne Diserens, de Savigny (VD), ancien chef du Service de la santé publique du canton de Vaud, président du conseil d’établissement de l’hôpital Riviera-Chablais, dont l’objectif est la réalisation d’un nouvel hôpital de soins aigus à Rennaz (à côté de Villeneuve).

Elisabeth Hirsch Durrett, de Moudon (VD), ancienne cheffe du Service de la santé publique du canton de Neuchâtel, professeure à la Haute Ecole de travail social et de la santé, à Lausanne, membre du conseil d’administration du Centre neuchâtelois de psychiatrie (elle est le seul ancien membre du conseil d’administration de l’Hôpital neuchâtelois).

Roland Jeanneret, de Vaumarcus («depuis une année», précise-t-il), médecin généraliste «depuis trente ans» au Locle.

Marie Santiago, de Lausanne, professeure de psychologie de la santé à l’Université de Lausanne, experte scientifique. /pho

Il y aura du boulot

 

ÉDITORIAL – PAR NICOLAS WILLEMIN

Un accouchement aux forceps! Le Conseil d’Etat a mis neuf mois pour se décider à nommer un nouveau conseil d’administration pour l’Hôpital neuchâtelois. Neuf mois durant lesquels on a certes tenu des états généraux de la santé, qui étaient censés calmer le jeu dans cette affaire explosive. Mais où l’on a surtout continué à s’écharper joyeusement. Et en particulier au sein du Conseil d’Etat, ce qui nous semble particulièrement grave.

Tournons donc la page désormais. Le gouvernement s’est finalement rendu à l’évidence qu’il était nécessaire de nommer un conseil d’administration composé non de politiciens, mais de professionnels à la fois de la santé et du dialogue. Eurêka! Il leur a certes fallu neuf mois, mais cette solution peut être considérée comme la plus logique.

Ces nouveaux administrateurs auront donc du pain sur la planche. Ils devront d’abord décrypter les signaux politiques venus tant du Conseil d’Etat que du Grand Conseil. Ils devront ensuite fixer les grandes orientations que devra appliquer la direction générale de l’Hôpital neuchâtelois. Sans oublier de rassurer des employés, à tous les échelons, pour le moins déstabilisés par le psychodrame de ces derniers mois. L’expérience de la nouvelle présidente Claudia Moreno en «gestion des ressources humaines en période difficile» ne sera pas de trop pour conduire cette opération pour le moins délicate. Et elle aura besoin d’être soutenue par le Conseil d’Etat.

 

 

 

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