Interview pour le journal Coopération

Rencontre

L’avenue Léopold-Robert est à La Chaux-de-Fonds ce que le cœur est au corps humain: un organe vital. C’est là, au dernier étage d’un immeuble cossu, que nous attend Gisèle Ory. La conseillère d’Etat aurait pu rejoindre les quelque 700 marcheurs qui, comme ceux de 1848, sont partis tôt le matin en direction de Neuchâtel. Elle profite de ce jour férié pour faire une pause: «J’ai des horaires de 80 heures par semaine. Y compris le samedi et, parfois, le dimanche.» Elue au Conseil d’Etat en mai 2009, elle a hérité du Département de la santé et des affaires sociales: «C’est un département avec des enjeux énormes, souvent conflictuels.»

 

 

Chez-soi

L’appartement est spacieux et lumineux. «Presque trop grand la semaine quand  j’y suis seule. Mais il est plein de monde le week-end.» Quand ses enfants ont quitté le domicile familial, Gisèle Ory a été titillée par l’idée de déménager: «Mes enfants reviennent régulièrement ici le week-end avec leurs amis et mon fils a gardé beaucoup de copains à La Chaux-de-Fonds.» Inutile de dire que tous apprécient l’endroit: «Il leur arrive assez souvent de faire une fondue et de m’inviter.» Enfin une femme qui connaît le bonheur d’être invitée sous son propre toit!

 

 

Enfance

Quatrième d’une famille de cinq filles, Gysèle Ory est née à Bienne. Sa mère était institutrice et son père dirigeait le gymnase. Elle a vécu ses premières années loin de sa mère:  «Ma mère était gravement malade quand je suis née. Elle faisait de courts séjours à la maison entre deux séjours à l’hôpital.»
La politicienne a passé pas mal de temps avec son père: «Il me prenait aussi à son travail. Vers trois à quatre ans, je me souviens avoir passé des journées entières dans son bureau du gymnase.

A six ans, elle est partie chez son grand-père à Martigny. C’est dans cette ville qu’elle a accompli son école primaire: «J’y ai fréquenté durant quatre ans une école privée tenue par des bonnes sœurs. Je n’avais pas le droit de suivre les cours de l’école publique.»

Elle s’est beaucoup plu chez son grand-père et garde de cette période valaisanne de merveilleux souvenirs.

 

 

Cuisine

Quant on lui parle cuisine, la politicienne n’y va pas par quatre chemins: «Ce n’est vraiment pas mon truc. Ça ne l’a d’ailleurs jamais été.» Elle admet avoir eu autrefois un certain plaisir à pâtisser: «Quand mes enfants étaient petits, nous faisions toutes sortes de gâteaux et de desserts le dimanche après-midi. Tout le monde mettait les mains dans la farine et je trouvais ces moments très sympas.»

Aujourd’hui, la Neuchâteloise a en revanche complètement renoncé: «Comme je travaille à Neuchâtel, je mange toujours au restaurant à midi.» Et le soir, les séances se suivent: «En général, je ne mange pas. De temps en temps, si j’ai trop faim, je croque vite un sandwich en passant.»

 

 

Ecologie

Amoureuse de la nature, Gisèle Ory a été durant près de quinze ans la secrétaire générale du WWF Neuchâtel. Elle est à l’origine de l’idée du Parc naturel régional du Doubs: «En 1996, j’ai participé à Besançon à une manifestation contre le projet de canal du Rhône au Rhin. Ce fut un déclic.»

La militante écologiste s’est alors intéressée aux parcs nationaux existant non seulement en France, mais aussi en Allemagne, en Italie et en Autriche: «Le projet de Parc naturel régional du Doubs est aujourd’hui déposé auprès de la Confédération.» La balle est dans le camp de Berne fédérale.

 

 

Musique

Par manque de temps, Gisèle Ory a dû renoncer à la plupart de ses loisirs: «Le seul loisir que je me permette encore est la musique. Un quart d’heure par-ci, un quart d’heure par-là.» Elle joue dès qu’elle trouve un moment, quand elle ne rentre pas trop tard le soir: «Je profite un peu le samedi ou le dimanche. Je ne veux pas embêter les voisins.» Et c’est sur le piano de son arrière-grand-mère qu’elle s’attèle aux partitions de Liszt ou de Brahms ou de Chopin.

 

 

Ménage

Malgré un emploi du temps plus que chargé, Gisèle Ory s’occupe elle-même de son ménage: «Ce n’est pas ce que je préfère. Comme mes enfants ne sont plus à la maison, il y a un peu moins de désordre.»

Ses trois enfants ont apparemment échappé aux corvées: «J’ai sans doute été une mère un peu gâteau.» Un jour, elle leur a fait comprendre qu’ils devaient assumer leurs lessives. «Mes filles ont assez vite compris. Mon fils sortait avec des pattes non repassées. Ça lui était égal, mais ça m’embêtait un peu.» Elle a fini par proposer un deal: «Tu me fais mon site internet et je repasse tes pantalons.» Chacun s’y est retrouvé.

 

 

Famille

La vie de la famille a été marquée par un divorce: «En 1996, quand nous nous sommes séparés, les enfants avaient entre onze et quinze ans.» Quatre ans plus tard, la famille quitte le Val-de-Ruz pour La Chaux-de-Fonds: «Un divorce n’est agréable pour personne. Les enfants ont bien sûr été tristes, comme moi.» Tout le monde s’est habitué gentiment: «Je suis reconnaissante à mon ex-mari d’avoir compris ce que c’est pour une mère de ne plus être toujours avec ses enfants.» Le père de famille n’a jamais voulu forcer les choses. «Dans l’ensemble, le tout s’est fait sans conflits majeurs.»

 

 

Portrait

Parcours.

Gisèle Ory est née le 30 avril 1956 à Bienne. Elle est l’avant-dernière d’une famille de cinq filles.

Nature.

Elle aime la nature pour autant qu’elle soit sauvage. «J’ai connu mes plus fortes émotions en visitant l’Islande.»

Tribu.

Chaque année, à la fin d’octobre, une fête de famille réunit toute la tribu.

Palais fédéral

Avant d’être élue aux Etats,  elle fut la porte-parole du département de Ruth Dreifuss.

Collection

Elle collectionne les anciennes porcelaines.

Bilinguisme.

«Je ne suis pas bilingue au sens biennois du terme mais je parle couramment le suisse allemand.»

 

 

 

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