Rencontre du Conseil d’Etat neuchâtelois avec la presse

Etes-vous satisfaite du nouveau CA d’HNe ? Les compétences de ce dernier ont-elles pu gommer, après quelques semaines de fonctionnement, les soupçons de copinage qui ont circulé lors de sa constitution ?

–        En ce qui concerne les soupçons de copinage, il faut être très mal informé pour en avoir eu. En effet, aucun des membres du Conseil d’Etat ne connaissait les nouveaux membres du Conseil d’administration un mois avant leur nomination, à deux exceptions près : M. Babey et Mme Hirsch-Durrett, mais même eux ne nous étaient pas très connus. Tous les membres de ce nouveau conseil ont été contactés dans les quelques semaines qui ont précédé la nomination du Conseil d’administration et ils l’ont été pour leurs compétences reconnues et complémentaires.

–        Nous avons eu une première analyse de la situation par le Conseil d’administration lors de la dernière séance de la Commission santé du Grand Conseil la semaine passée. Le Conseil est venu présenter l’état de ses réflexions à la Commission santé. J’ai été impressionnée par le travail qui avait déjà été fait et par l’indépendance avec laquelle le Conseil d’administration a travaillé. Il a vraiment fait une analyse complète, intéressante, très personnalisée. Cette analyse portait sur tous les points importants à considérer : patient, personnel, conditions de travail, qualité du travail, défis à relever, restructurations, investissements, communication, etc. L’analyse était très pertinente, approfondie. On peut dire que le Conseil d’administration s’est déjà fait une vision personnalisée de l’avenir de l’hôpital.

–        Oui, on peut clairement dire que ce Conseil d’administration répond aux attentes que nous avions. Il assume totalement son rôle de Conseil d’administration et ne confond pas son travail, ni avec celui du Conseil d’Etat, ni avec celui d’un comité de direction. Il est vraiment un intermédiaire efficace entre le Conseil d’Etat et la direction. Et ça c’est un plus très important. Il prend ses responsabilités, aussi en ce qui concerne la direction et met l’accent sur le personnel, personnel qui avait été négligé ces derniers temps, ce qui avait eu pour conséquence une augmentation de la grogne et des conflits personnels dans l’hôpital. Il a bien commencé son travail. Il devra continuer de travailler d’arrache-pied. Les défis qui l’attendent sont énormes.

Où en est-on dans l’avancement des travaux de la réforme hospitalière et quelles sont les prochaines échéances ?

 

Nous avons nommé un Groupe de pilotage politique pour accompagner la réflexion concernant les trois initiatives encore non traitées.

 

Ce Groupe s’est réuni trois fois : une première fois pour organiser son travail et décider des auditions auxquelles il voulait procéder, une deuxième fois pour procéder à ces auditions et une troisième fois pour faire le bilan de ce qu’il avait entendu.

 

Durant les auditions, nous avons entendu HNe nous exposer sa vision 2007, qui avait abouti à la déclaration du Conseil d’Etat de janvier 2008, qui avait déclenché les initiatives. Nous avons entendu La Providence, qui nous a présenté un système de soins en réseau avec des équipes médicales qui peuvent se déplacer d’un site à l’autre. Nous avons entendu une délégation de médecins de Pourtalès qui s’est prononcée en faveur d’un site unique et une délégation de médecins de La Chaux-de-Fonds, qui nous a présenté le projet dit « Cohérence ».

 

Lors de la discussion qui a suivi, nous avons décidé de mandaté un expert pour étudier ces différentes visions de l’hôpital et en faire le commentaire. Nous avons remis ce mandat au bureau Antarès, qui est certainement l’un des plus qualifiés pour faire cette analyse et qui était le seul à pouvoir la faire dans les délais très courts que nous lui avions fixés.

 

Afin de faire d’une pierre deux coups, nous avons demandé à Antarès, non seulement de faire une étude de la répartition des missions sur les sites de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Couvet à court terme, mais aussi de nous décrire ce que devrait être l’hôpital en 2020, comment notre hôpital devrait évoluer jusque là sur le plan technique, du personnel, du virage ambulatoire, etc.

 

Antarès livrera le résultat de ses réflexions au Groupe de pilotage le 23 juin et nous aurons alors une discussion approfondie sur ce que nous voulons faire de l’hôpital. Ce que je peux déjà vous dire, c’est que le modèle qu’est en train de dessiner Antarès nécessite une restructuration rapide et profonde de l’hôpital. C’est un énorme défi à relever, mais un défi que je trouve très intéressant, et même passionnant, qui permettra de prendre les patients en charge de manière beaucoup plus ciblée, de fournir des prestations de proximité de grande qualité et d’économiser énormément d’argent. Vous en entendrez donc parler bientôt.

 

Et c’est pourquoi nous avons besoin d’un conseil d’administration mobile, engagé, innovant, attentif au personnel.

  

HNe va-t-il atteindre ses objectifs de restructuration compte tenu des enveloppes budgétaires qui ont été rabotées ?

 

Dès que nous aurons avalisé les options du rapport Antarès, HNe devra se mettre à faire sa planification stratégique. Il n’a pas pu la faire ces dernières années compte tenu des difficultés politiques qu’il a rencontrées avec les initiatives et la remise en question de la répartition des missions.

 

Pour moi, c’est une priorité. Cette planification stratégique devra définir l’hôpital auquel nous voulons arriver en 2020 et les étapes que nous devrons franchir pour y arriver. Il faudra donc aussi définir les besoins financiers pour les prochaines années. C’est là tout l’intérêt de la planification roulante que le Conseil d’Etat veut privilégier. A ce moment-là, le Conseil d’Etat pourra prévoir l’évolution des coûts de l’hôpital et la subvention nécessaire.

 

Ce qu’on peut dire c’est qu’HNe a bien contenu ses coûts ces dernières années et qu’il va s’efforcer de continuer à le faire. Il faudra cependant que le Conseil d’Etat lui donne aussi les moyens de se restructurer.

 

 Dès 2012, les frontières cantonales vont tomber en matière hospitalière. Comment voyez-vous l’évolution du réseau hospitalier neuchâtelois avec cette ouverture ? Craignez-vous un exode des malades ? Vous êtes-vous préparés à cet éventuel, mais probable exode ?

 

2012 est une limite importante pour tous les hôpitaux, pas seulement à cause de l’ouverture des frontières cantonales, mais surtout à cause de l’introduction des swiss-DRG et du changement fondamental du mode de rétribution des prestations.

 

En ce qui concerne les swiss-DRG, à Neuchâtel, nous sommes bien préparés puisque nous travaillons déjà avec les APDRG. Il s’agit donc d’une adaptation. Dans la mesure où notre hôpital est autonome et que tous ses coûts lui sont imputés, contrairement à d’autres cantons où certains coûts hospitaliers sont couverts par des subventions en provenance d’autres départements, je ne m’attends pas à de grandes surprises.

 

En ce qui concerne l’exode des patients, oui, nous avons prévu qu’il pourrait y en avoir un. Il y en a déjà un aujourd’hui, alors que les patients de base n’ont pas le choix. Le système de financement pourrait favoriser l’exode des Neuchâtelois. En effet, les Neuchâtelois pourront couvrir tous les coûts des hospitalisations hors canton, ce qui ne sera pas le cas des patients d’autres cantons qui viendraient chez nous, puisque le canton doit financer les coûts à hauteur de ce qui est financé dans le canton de domicile, or les coûts neuchâtelois sont plutôt plus élevés que ceux d’autres cantons.

 

Au niveau des budgets, nous avons prévu un léger accroissement de cet exode, de manière à ne pas avoir de mauvaise surprise.

 

Au niveau du réseau hospitalier, nous devons faire un effort supplémentaire pour nous rapprocher de la population et pour diminuer les coûts, c’est la seule manière de fidéliser les patients. Ces paramètres ont été pris en compte par Antarès dans son étude et pour autant que le Conseil d’Etat et le Groupe de pilotage aillent dans ce sens, nous serons bien préparés.

 

En ce qui concerne la collaboration avec les cantons voisins, nous avons pris rendez-vous avec mes collègues du canton du Jura et de Berne pour aborder cette question en septembre. Nous pourrions tout à fait imaginer de nous répartir quelques spécialités médicales un peu plus pointues, de manière à les avoir dans l’arc jurassien et à ne pas investir sur les mêmes technologies partout.

 

Fermeture de l’hôpital de La Rochelle : comment le Conseil d’Etat accueille-t-il cette décision ? A-t-il été consulté ?

 

Réorganisation de la psychiatrie cantonale : les buts seront-ils atteints et les délais tenus ? Un centre ambulatoire dans le Haut parce que c’est nécessaire ou volonté de renforcer l’équilibre régional ?

 

Le CNP va-t-il atteindre ses objectifs de restructuration compte tenu des enveloppes budgétaires qui ont été rabotées ?

 

Nous savons déjà depuis longtemps que l’hôpital de La Rochelle ne correspond plus aux exigences des assureurs et qu’ils refuseraient donc d’en couvrir les coûts dès 2011. Nous savions donc que nous devions nous poser la question du maintien de cet hôpital, mais à la charge du canton ou de sa fermeture.

 

Le CNP est en train de finaliser son plan stratégique. Tout au long de cette réflexion, le Conseil d’Etat a été informé des options choisies et il a rencontré le Conseil d’administration du CNP in corpore pour parler de ce plan stratégique il y a quelques mois.

 

Le plan stratégique doit encore être adopté formellement par le Conseil d’Etat et par le Grand Conseil. Le Conseil de santé et la Commission de psychiatrie l’ont déjà adopté, à l’unanimité et avec beaucoup d’enthousiasme. Il ne s’agit pas que d’une réorganisation d’une institution, mais d’une grande évolution de la psychiatrie dans le canton, évolution qui reprend les avancées de la science et de la médecine en matière de prise en charge des personnes souffrant de maladies psychiques. Il s’agit aujourd’hui de mettre l’accent sur le maintien de ces personnes dans la société et dans leur entreprise, de manière à favoriser une guérison dans le milieu ordinaire de la personne. C’est une prise en charge très différente, beaucoup plus tournée vers le suivi social et ambulatoire et beaucoup moins vers l’hospitalisation. Nous avons dans le canton de Neuchâtel le record des durées d’hospitalisation psychiatrique et ce n’est pas parce que nous sommes plus malades qu’ailleurs, mais parce que nous avons longtemps considéré l’hôpital comme un séjour de repos et de vacances. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, c’est un lieu de soins aigus, où on stabilise une personne et ensuite elle peut retourner à la maison pour sa convalescence.

 

Ce sont donc les centres ambulatoires qui prennent de l’importance. Et il faut qu’ils soient de proximité pour qu’ils soient efficaces. Il y en a un dans le Haut aujourd’hui. Il y sera encore demain, parce qu’on ne peut pas déplacer des malades tous les jours pendant des mois, mais aussi parce que ça ne coûte rien de plus que ce soit à un ou deux endroits. Il faut que ce soit au centre de la ville et facilement accessible pour que les gens viennent volontiers, pour qu’ils suivent leur traitement régulièrement.

 

L’abandon de La Rochelle va donc dans cette direction, parce que c’est un lieu où l’on restait très longtemps. Le CNP pensait faire cela au moment de l’adoption du plan stratégique par le Grand Conseil. Le sort en a voulu autrement, puisque La Rochelle a brûlé et qu’il a fallu transférer les patients et le personnel à Perreux, ce qui a pu être fait sans difficulté.  A moins que le Grand Conseil en décide autrement, le CNP n’utilisera plus La Rochelle, ce qui représente déjà une économie considérable.

 

Le rapport du CNP a aujourd’hui passé devant les commissions de santé et de psychiatrie. Il va passer devant le Conseil d’Etat, puis devant le Grand Conseil en octobre en principe. Il entrera en vigueur en 2011. Nous aurions aimé aller plus vite, mais nous devons consulter largement et obtenir l’aval de tout le monde. Aujourd’hui, je peux dire que c’est le cas. Je n’ai entendu que des compliments sur cette planification. Je dirai donc que les buts seront atteints et que les délais seront tenus.

 

Cette planification stratégique va jusqu’en 2013. Elle sera suivie d’une deuxième étape qui concernera plutôt les ateliers, les foyers et les EMS de la psychiatrie, qui font aujourd’hui partie du CNP, mais qui pourraient rejoindre d’autres institutions. A voir encore.

 

En ce qui concerne le CNP, je peux dire qu’il atteindra ses objectifs de restructuration, tout en maintenant la subvention cantonale au niveau de 2010. C’est un exploit, qui me fait dire que la direction et le Conseil d’administration du CNP travaillent vraiment très bien. J’ajoute en plus que malgré tous les défis qu’ils doivent relever au niveau technique, ils mettent clairement l’accent sur le respect du personnel, sur l’information interne, de telle sorte que pour le moment, on peut dire que la restructuration s’est faite avec le personnel, sans inquiétude et donc dans de bonnes conditions.

NOMAD va-t-il atteindre ses objectifs de restructuration compte tenu des enveloppes budgétaires qui ont été rabotées ?

 

NOMAD est dans une situation très particulières. A mesure qu’HNe et le CNP  doivent passer peu à peu du stationnaire à l’ambulatoire et diminuer leurs coûts essentiellement par la diminution de la durée d’hospitalisation, NOMAD doit faire face à une augmentation considérable de la demande. NOMAD est destiné à devenir le pilier central, le pivot, de toute l’organisation de la santé du canton. En effet, plus HNe et plus le CNP diminuent les durées de séjour, plus NOMAD doit augmenter son offre, la diversifier, l’adapter à des patients qui viennent d’être opérés.

 

C’est un très gros défi, parce que NOMAD a dû se constituer trop rapidement et avec trop peu d’argent. Il doit faire face aujourd’hui à des difficultés de deux ordres : d’une part un personnel qui doit s’adapter à des changements très importants, ce qui n’est pas très facile et provoque grogne, mécontentement et absentéisme et d’autre part des difficultés financières dues à un sous-financement de la restructuration, avec tout ce que cela signifie : insuffisance de formation du personnel, heures supplémentaires, etc.

 

Il est aujourd’hui en difficulté. Le Conseil d’administration a lancé deux études, une sur la satisfaction du personnel et l’autre sur les perspectives, l’organisation et les prestations. Il faut y ajouter maintenant une analyse et une consolidation du financement. Nous avons créé un groupe de travail, qui planche là-dessus.

 

Nous ne pouvons pas nous permettre d’appuyer tout le système de santé neuchâtelois sur une institution branlante. NOMAD ne pourra donc probablement pas se passer d’un financement supplémentaire pour les années à venir.

Perce-Neige : malversations, dysfonctionnements, audits internes : l’institution a nommé une direction ad interim…. L’Etat a-t-il demandé des comptes aux Perce-Neige ? Met-il un peu d’ordre dans l’établissement ?

 

Comme vous le savez, les Perce-Neige est une fondation privée. Elle dispose donc d’un Conseil de fondation, qui est responsable de faire fonctionner l’institution. Dès que les malversations et les dysfonctionnements ont été connus, le Conseil de fondation s’est attaché à mettre de l’ordre. Il a licencié le directeur, ainsi qu’un chef d’atelier. Il a demandé des analyses financières et organisationnelles et nommé une direction ad interim, formée de personnes de l’intérieur, compétentes et bien acceptées par le personnel. Ces personnes ont planché sur l’élaboration d’une nouvelle organisation qui permette de clarifier les responsabilités de chacun. En outre, un système de contrôle interne est en train de se mettre en place de manière à éviter de nouvelles difficultés du même genre.

 

Du point de vue de l’Etat, nous nous sommes assurés que les intérêts publics étaient protégés et en particulier la subvention de l’Etat. C’est la fondation qui doit assumer tous les problèmes liés aux malversations. L’Etat a reçu le résultat des audits interne et a mandaté le CCFI pour faire une analyse de l’utilisation de la subvention de l’Etat.

Parmi les objectifs de la législature, il était prévu de développer les structures d’accueil pour la petite enfance. Quel est le bilan aujourd’hui ?

 

Ca reste un objectif de la législature et nous allons les développer de manière importante. Nous devons encore répondre à une initiative populaire qui nous demande aussi de les augmenter.

 

Nous avons préparé une loi, qui prévoit 250 places de plus dans le préscolaire et 1000 places de plus dans le parascolaire. Cette loi devrait arriver sur le bureau des députés avant la fin de cette année, en principe en novembre. Nous devons encore finaliser le financement de ces nouvelles lois et déterminer si les entreprises participeront ou non aux structures d’accueil. C’est aujourd’hui le point d’achoppement.

 

La loi a été faite en collaboration avec les communes, qui sont les principales contributrices. Elles sont d’accord avec le modèle. Les milieux économiques ont aussi été associés à la réflexion. Ils sont divisés, certains voudraient le modèle des bons de garde, qui avait été élaboré par mon prédécesseur et qui avait été largement refusé en consultation, d’autres ne voudraient pas de participation du tout des employeurs, mais sans la participation des employeurs, il sera très difficile d’augmenter notablement les places, vu la situation des finances de l’Etat et le fait qu’on ne veut pas demander plus de participation des parents.

 

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