Assemblée annuelle de l’AVIVO suisse

Assemblée annuelle AVIVO Suisse

La Chaux-de-Fonds, le 17 juin 2010

Madame la présidente de l’AVIVO Suisse, Madame la présidente de la section neuchâteloise, Mesdames et Messieurs les délégués, Mesdames et Messieurs,

Au nom du Conseil d’Etat de la République et Canton de Neuchâtel, c’est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue en terres neuchâteloises. Je suis heureuse que vous ayez choisi La Chaux-de-Fonds pour y tenir votre assemblée annuelle, un site – vous le savez certainement –dont le patrimoine horloger a été inscrit – avec Le Locle – l’année dernière au Patrimoine mondial pour l’UNESCO, un lieu aussi où l’air vivifiant est propice aux réflexions !

J’espère que vos discussions ce matin ont été riches et porteuses pour l’avenir de l’AVIVO Suisse et bien sûr pour ses 24000 membres.

Un avenir qui s’annonce très actif ! Au regard en tout cas de l’évolution de la société. Vous le savez, Mesdames et Messieurs, la Suisse, comme les autres pays développés, enregistrera ces prochaines années un vieillissement marqué et Rapide de sa population. Il s’agira, pour les associations telles qu’AVIVO s’occupant des intérêts des personnes âgées, de même que pour les autorités politiques de relever un véritable défi en matière d’accompagnement, de soutien et de soins.

Dans «Le médecin malgré lui » de Molière, Géronte était déjà vieux à 42 ans. Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, à 65 ans, une personne jouit généralement d’un état physique et psychique équivalent à celui d’une personne de 50 ans il y a un siècle. De nos jours, le seuil de vieillesse est atteint autour des 80 et tend vers les 85 ans.

Oui, en Suisse, les générations très nombreuses qui arriveront ces prochaines années à l’âge de la retraite auront une espérance de vie plus importante que celles qui ont atteint cet âge à la fin du 20ème siècle. En 1991, les femmes qui atteignaient 65 ans pouvaient espérer vivre encore 19,8 ans, en 2005, 21,5 ans et en 2030, elles pourront encore espérer 24,1 années de vie. Pour les hommes, ces valeurs sont respectivement de 15,5 ans, 18 ans et 20,9 ans.

Autre facteur expliquant le vieillissement de la population : l’évolution de la fécondité. Elle a été très élevée à certaines périodes – les fameux baby –booms des années 1940 et 1960 – avant de diminuer fortement et rapidement depuis le début des années 1970 pour se stabiliser à un niveau très faible depuis plus de trente ans (environ 1,5 enfant par femme). Selon le scenario moyen de l’OFS, entre 2005 et 2030, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus augmentera de 67%. Pour les personnes âgées de 80 ans ou plus, l’augmentation sera encore plus marquée : +86%. Durant la même période, la part des moins de vingt ans diminuera passant de 22% en 2005 à 18% en 2030. L’immigration, bien sûr, pourrait changer ces prévisions.

A cela s’ajoute le fait que les personnes âgées de demain seront cependant différentes de celles d’hier ou d’aujourd’hui. Car parallèlement à l’évolution de la durée moyenne de vie, la durée de vie sans incapacité progresse. Les personnes âgées seront ainsi en moyenne en meilleure santé. Elles seront vraisemblablement plus aisées économiquement et plus actives tant sur le marché du travail que dans les activités non rémunérées. Elles auront également un niveau de formation plus élevé. Vu l’évolution des formes de vie – augmentation du nombre de personnes sans enfant, augmentation des divorces – les personnes âgées de demain seront par ailleurs probablement moins entourées par la famille. L’augmentation de la mobilité spatiale de la population accentuera également ce phénomène en éloignant géographiquement les membres des familles. L’offre d’entraide familiale ira donc en diminuant alors que les besoins, eux, augmenteront.

Voici le constat, Mesdames et Messieurs ! Alors quel rôle avons-nous à jouer ? Vous, en tant qu’association venant en aide aux personnes retraitées, et nous, en tant qu’autorités politiques, garantes « pour toute personne, des soins médicaux nécessaires et des moyens indispensables au maintien de sa dignité », comme le stipule notamment l’article 13 de la Constitution neuchâteloise.

Car en vertu du fédéralisme et du principe de subsidiarité, l’organisation de l’offre de soins stationnaires et ambulatoires pour l’ensemble de la population relève de la compétence des cantons. Il leur appartient de déterminer les besoins des personnes âgées en matière de promotion de la santé, de prévention, de prise en charge médicale, de soins palliatifs et de soins de longue durée et de veiller, dans le cadre de leur planification sanitaire, à assurer le maximum de sécurité et de bien-être à la population âgée en lui proposant différentes solutions de prise en charge.

C’est ce  à quoi je m’attelle au quotidien dans la fonction que j’ai le privilège d’assumer depuis une année. Je veux travailler pour que la vieillesse soit un temps de repos, où chacun est à l’abri du besoin, où chacun dispose de soins et d’accompagnement adéquats. Je m’efforce et m’efforcerai donc de tout mettre en œuvre pour que chaque instant de la vie de nos parents, de nos grands-parents, soit empreint de sens et de sérénité.

Oui, nous nous devons de respecter nos aînés, eux qui ont créé les richesses de la Suisse. En ce sens, je me réjouis tout particulièrement qu’une « Charte pour le respect et la dignité des personnes âgées » existe désormais en Suisse. Ce document a été présenté à la mi-mai à Berne et est proposé par huit organisations oeuvrant dans le domaine de la vieillesse et des soins. Son but : faire adopter une attitude responsable dans le domaine des soins, afin de contribuer à une qualité élevée de ces derniers dans les maisons de retraite et les institutions sociales, notamment par des actions efficaces pour lutter contre la pénurie de personnel qui se dessine dans le domaine de la santé en Suisse.

Nous devons à nos aînés, Mesdames et Messieurs, toute notre reconnaissance et nous devons aussi, pour les en remercier, leur offrir un avenir respectueux et confortable.

C’est en ce sens qu’une nouvelle planification et une nouvelle organisation des soins à domicile et du secteur résidentiel est en cours dans le canton de Neuchâtel. Une enquête, confiée conjointement à la Haute Ecole Arc Santé et à la Haute Ecole Valaisanne, a été réalisée auprès des personnes âgées du canton, par l’intermédiaire de la section cantonale d’AVIVO et du Mouvement des Aînés (1200 personnes interrogées). Nous avons déjà eu l’occasion de le leur dire, mais je tiens encore une fois ici à remercier les représentants d’AVIVO Neuchâtel ici présents pour leur précieuse collaboration à ce projet

L’enquête réalisée offre des pistes extrêmement intéressantes pour proposer au pouvoir politique une nouvelle organisation cantonale de la prise en charge des personnes âgées. Notre but est en effet de favoriser le maintien à domicile, par le développement de structures intermédiaires telles que des appartements protégés. Car je ne vous apprends rien : la majorité des personnes âgées qui le peuvent souhaitent rester chez elles aussi longtemps que possible.

Mon département est en train d’analyser ces pistes et de déterminer lesquelles seront privilégiées – vous comprendrez que je ne peux vous en dire plus actuellement, puisque le Conseil d’Etat doit valider ce concept avant qu’il ne soit rendu public. Cela se fera durant le second semestre de cette année. Le Grand Conseil neuchâtelois en sera ensuite saisi, également au second semestre 2010.

Les autorités politiques ne pourraient relever le défi que je mentionnais tout  l’heure sans le soutien d’associations privées telles que celle que vous représentez aujourd’hui. Mesdames et Messieurs, le rôle d’AVIVO Suisse et de toutes ses sections cantonales est essentiel. En apportant de l’aide aux personnes modestes, vous permettez à chacun et chacune de vivre mieux. Grâce à l’organisation de loisirs, vous favorisez les échanges et permettez de conserver un réseau social. Et en encourageant le bénévolat, vous permettez à chacun, à chacune, de faire profiter les autres des grandes compétences acquises tout au long d’une vie.

Mesdames et Messieurs, soyez ici chaleureusement remerciés pour votre engagement. L’Etat a besoin de vous, de vos compétences, de vos expériences. Pour que, ensemble, nous puissions permettre à nos aînés de cheminer dignement et paisiblement au crépuscule de leur vie.

 

 

 

 

 

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