Fête du 1er août à Cornaux

Mesdames et Messieurs les membres des Autorités politiques et ecclésiastiques,

Chères concitoyennes,

Cher concitoyens,

Chers amis de Cornaux et d’ailleurs, qui fêtez ce soir avec nous,

C’est avec grand plaisir que je partage ces instants festifs en votre compagnie, dans votre beau village.

Un village que j’aime beaucoup et avec lequel j’ai des attaches familiales.

Un village aussi qui est, selon les archives retrouvées, bien plus ancien que la Suisse, dont nous fêtons ce soir les 719 ans! Le nom de Cornaux est en effet mentionné dans un acte de 1212, sous le nom de Curnaul. Il semblerait même que l’une des sources – aujourd’hui disparue – qui ont favorisé l’implantation du village aurait permis l’implantation d’une colonie romaine!

Mais revenons au présent… et rêvons un peu! Le magnifique ciel étoilé qui est au-dessus de nos têtes nous y invite. Et si ce soir, avant d’admirer les feux d’artifice qui éclaireront tout à l’heure la nuit, nous faisions danser les étoiles dans notre tête? Soyons un peu fous, fermons les yeux… et rêvons!

Rêvons d’une Suisse unie et solidaire, ouverte sur le monde, pacifique et multiculturelle, d’une Suisse avec un bas taux de chômage, avec un excellent système de santé, une école performante. Ça y est… vous pouvez rouvrir vos yeux. Non, vous ne rêvez plus: c’est la réalité! Oui, la Suisse, notre Suisse, votre Suisse, c’est tout cela! Et en cette Fête nationale, c’est l’occasion de nous souvenir de ces richesses-là, de ce qui fait que nous avons pu construire une telle Suisse – même si, assurément, tout est perfectible. Ce qui structure la Suisse aujourd’hui, c’est la volonté de vivre ensemble et de continuer à le faire avec nos différences.

Mais tout n’a pas été facile. Oui, cela serait inexact de montrer une Suisse toujours lisse et sereine. Son histoire, notre histoire, est mouvementée! De trois cantons parlant la même langue et pratiquant la même religion, la Suisse est devenue au fil des siècles une Confédération de 26 cantons, aux langues, religions et cultures différentes. Rappelons-nous que les francophones sont entrés dans la Confédération à part égale pour la première fois en 1803 seulement.

Oui, il y a eu des conflits. Le dernier a même mis en présence des armées de différents cantons, prêtes à s’affronter! Les Suisses ont dû apprendre à vivre ensemble, à s’imaginer un avenir commun, à construire un avenir commun malgré les tensions politiques, sociales et religieuses, malgré les antagonismes.

Aujourd’hui, ces différences continuent d’exister. Et tant mieux! Les désaccords font partie de la vie. Ils nous obligent à affuter nos arguments, à nous remettre en question et à chercher de nouvelles solutions. Ils nous contraignent à évoluer. Heureusement, les joutes orales ont remplacé les joutes armées!

De siècles en siècles, nous avons su composer avec nos différences en créer des outils qui nous permettent de vivre ensemble en recomposant toujours nos équilibres. Je citerai la démocratie directe, le fédéralisme, l’autonomie cantonale et communale, et même le Conseil des Etats, qui en donnant un peu plus de poids aux cantons ruraux, leur permettent d’exister quand même face à la puissance villes.

Conserver cette identité reste un défi permanent! Chaque génération doit réinventer sa manière de travailler ensemble, d’être Suisse. Nos aïeux n’ont pas figé notre pays dans des valeurs dogmatiques. Ils ne l’auraient pas pu d’ailleurs. Ils ont posé un cadre, laissant à leurs descendants le soin de faire évoluer ce pays dans ce cadre, en prenant en compte les changements de la société.

Que sera la Suisse de demain, dans l’Europe et dans le monde ? Par sa position géographique, la Suisse est au cœur de l’Europe. Des points de vue économique ou sécuritaire, elle ne peut rester isolée. C’est donc une question incontournable et une question qui est aujourd’hui d’une actualité brûlante.

–      Comment nous situerons-nous dans l’Europe économique ? L’Europe est particulièrement importante pour nous Neuchâtelois, qui y exportons une grande partie de notre production. Nous devrons continuer à nous battre, à innover pour garder notre place sur les marchés européens et mondiaux.

–      Comment participerons-nous à l’Europe de la sécurité ? Nous avons signé les accords de Schengen/Dublin, mais nous savons désormais aussi que notre sécurité dépend de la paix dans le monde et pas seulement de notre capacité à surveiller nos frontières. Les conflits ont beaucoup changé. Ils s’exportent. Nous devons repenser notre armée et notre stratégie de sécurité, participer au maintien de la paix dans le monde.

–      Comment nous situerons-nous dans la nouvelle Europe multiculturelle, avec les flux migratoires qui ont traversé la Suisse de tout temps et qui continuent à le faire. Celtes, Romains, Allobroges, Alamans, Burgondes… Puis Français, Allemands, Italiens, Espagnols, Portugais, Serbes, Croates, Slovènes, Croates, Kosovars, Macédoniens, Monténégrins… Comment recomposerons-nous notre identité avec toutes ces richesses nouvelles ?

–      Aujourd’hui va se poser aussi avec plus d’acuité la question de notre participation politique à l’Europe. Le peuple suisse a jusqu’à présent toujours refusé l’entrée de la Suisse dans l’Europe. Mais je pense que nous sommes aujourd’hui à l’aube d’un nouveau grand débat sur ce thème. Nous n’y échapperons pas.

J’aimerais que la Suisse soit fière d’être cette vivante mosaïque de peuples et de cultures, qu’elle soit fière de sa diversité.

Je suis profondément convaincue que l’on peut aimer son coin de terre, tout en étant ouvert sur l’extérieur, sur les autres. Plus que jamais, les valeurs de la démocratie, telles que liberté, respect, responsabilité et solidarité que nos ancêtres ont souhaité défendre en commun en fondant la Suisse sont d’actualité.

Nous avons la responsabilité de prendre soin de cet héritage de valeurs, d’une richesse extraordinaire, quelles que soient nos croyances politiques et religieuses, nos idéaux de vie et nos opinions. Oui, comme le stipule le Préambule de la Constitution fédérale, soyons « Déterminés à vivre ensemble nos diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communs et de notre devoir d’assumer nos responsabilités envers les générations futures ».

Célébrer la Fête nationale, c’est précisément réaffirmer que nous croyons en cette Suisse-là, en cette terre qui nous donne naissance, nous nourrit, nous voit grandir, nous soigne, nous donne du travail, nous accueille. C’est réaffirmer que nous la respecterons, dans toutes ses composantes et ses facettes. Pour que nous puissions continuer à rêver…. pour de vrai!

 

Je vous souhaite une belle soirée, joyeuse et festive!

 

 

SG/IMS/27.07.10

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