Interview pour le Journal du Parlement français

Préface

 

Gisèle ORY, Président du Conseil d’Etat de Neuchâtel, Cheffe du Département de la santé et des affaires sociales

Quelle est l’identité du canton de Neuchâtel par rapport aux autres cantons ?

L’identité neuchâteloise est à la fois jurassienne par son territoire, industrielle et exportatrice par son économie et innovatrice par la qualité de ses instituts de recherche et de développement en microtechnique et en horlogerie.

Quels sont les grands axes de développement dans le Canton ?

De tout temps, le canton de Neuchâtel a été à la pointe dans le domaine des microtechniques et de l’horlogerie. Il se diversifie maintenant dans le domaine médical en particulier.

Quelles sont les priorités du canton en termes de politique sociale ?

Le canton de Neuchâtel compte un nombre élevé de personnes qui doivent recourir aux services sociaux. Leur permettre de retrouver l’indépendance financière aussi rapidement que possible est notre priorité. Pour cela, nous menons, entre autres, trois projets.

De nombreux pères et mères de familles reçoivent des salaires qui ne suffisent pas à couvrir les besoins. On les appelle souvent « working poors ». C’est pourquoi un projet de « prestations complémentaires familiales » est aujourd’hui à l’étude. Il doit permettre de compléter les revenus des familles les plus pauvres en évitant la dépendance des services sociaux.

Le projet de création d’entreprises sociales s’adresse plutôt à ceux et celles qui ne trouvent pas d’emploi à cause de leur âge ou de difficultés sociales ou de santé. En travaillant dans une entreprise sociale, ils maintiennent leur savoir-faire, leur réseau social et utilisent leurs capacités de travail résiduelles.

Enfin, un projet d’accompagnement de jeunes sans formation pour les aider à terminer leurs études rencontre un énorme succès et a des résultats très encourageants.

Une réforme du financement hospitalier ainsi qu’une réorganisation des activités médicales hospitalières est également à l’étude (HNE) . Pouvez-vous développer les objectifs stratégiques et présenter les grandes lignes de ce projet ?

Hôpital neuchâtelois (HNE) a été constitué en 2006 de la fusion de sept entités. Il fonctionne donc aujourd’hui sur sept sites, dont deux de soins aigus, quatre de réadaptation  et un de soins palliatifs.

La révision de la Loi fédérale concernant le financement hospitalier est entrée en vigueur le 1er janvier 2012. Elle introduit le financement des hôpitaux à la prestation (SwissDRG) et le libre choix de l’hôpital pour le patient. L’Hôpital neuchâtelois y est bien préparé, car la restructuration de 2006 lui a permis d’anticiper ces nouveautés. En particulier, il avait déjà introduit un système de facturation par DRG.

Le plan stratégique d’Hôpital neuchâtelois, que le Conseil d’Etat a publié avant Noël réorganise les activités de l’hôpital par centres de compétences cohérents médicalement, ce qui permet d’améliorer la qualité et l’économicité des prestations. Toutes les activités d’un même type seront localisées sur le même site. Les différents sites seront complémentaires.

Une des options stratégiques consiste à résister à la concurrence intercantonale à laquelle HNE sera confronté dès 2012. Pouvez-vous développer ?

Le libre choix du patient ouvre les hôpitaux à la concurrence. Il faut donc se montrer particulièrement performant pour garder les patients neuchâtelois ou attirer des patients d’autres cantons. Le plan stratégique de l’hôpital consacre donc une partie importante à la qualité des prestations, mais aussi à l’accueil et au confort des patients.

Les options stratégiques présentées par le Conseil d’Etat semblent ne pas répondre à l’initiative populaire d’ »une médecine de proximité ». Que répondez-vous à cela ?

En effet, le plan stratégique du Conseil d’Etat doit répondre à trois initiatives populaires encore pendantes. La première demande que le Centre femme-mère-enfant soit à Neuchâtel, la deuxième demande qu’il y ait un certain équilibre entre les deux sites de soins aigus et la troisième opte pour le statu quo, soit le maintien de trois sites de soins aigus. Le Conseil d’Etat répond aux deux premières. Cependant, pour des raisons organisationnelles et économiques, il n’est plus possible de maintenir trois sites de soins aigus. Le Conseil d’Etat ne satisfait donc pas directement ce désir, mais propose en contrepartie le développement sur ce troisième site d’un centre de diagnostic et de traitement, d’une polyclinique spécialisée, d’une plateforme de santé en collaboration avec les médecins généralistes et d’un Centre de formation en gériatrie.

Le remplacement de Didier Burkhalter par Alain Berset au département de l’Intérieur augure-t-il d’importants changements sur la politique sociale et de santé en cours ?

Dans un gouvernement de consensus, tel qu’il existe en Suisse, les décisions doivent être prises par l’ensemble du Collège. Elles ne sont donc pas fondamentalement modifiées par un changement à la tête du département. Cependant, chaque conseiller fédéral apporte sa touche personnelle.

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