40ème anniversaire de la Fondation Sandoz

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse d’être parmi vous pour saluer 40 années de mérite professionnel ou encore quelque 14600 journées d’accompagnement éducatif attentif et respectueux.

C’est vous, aujourd’hui, qui écrivez l’histoire de la Fondation Sandoz: vous, Monsieur le directeur avec votre adjoint, vous Mesdames et Messieurs les éducatrices et éducateurs sociaux, vous, Mesdames les enseignantes, Messieurs les maîtres socio-professionnels d’atelier, Messieurs le chef de cuisine, l’administrateur comptable, l’agent d’entretien technique, Mesdames l’intendante, l’employée de cuisine, les lingères-couturières, la secrétaire, les employées de maison. Vous toutes et tous qui oeuvrez, et vos prédécesseurs qui ont œuvré, avec entregent et dévouement, à l’accomplissement de la tâche qui fut la leur et qui est à présent la vôtre.

C’est vous qui, avec ténacité, professionnalisme et endurance quotidienne, mettez votre énergie et votre savoir-faire à disposition des jeunes qui vous sont confiés, pour qu’ils puissent en bénéficier tout au long de leur parcours dans votre institution.

40 ans, dit-on, c’est l’âge de la maturité, de la stabilité, de la sécurité aussi. et en principe aussi de la reconnaissance. On est authentique à 40 ans, ou on ne le sera plus! rien ne me semble mieux coller au modèle éducatif véhiculé par la Fonda, comme elle est familièrement, voire amicalement, appelée dans le milieu.

L’éducation,  de même que les théories qui s’y réfèrent, sont régulièrement mises à l’épreuve par le terrain qui les alimentent, et sont dès lors soumises à des adaptations et des réflexions dictées par le public-cible.

Ici, votre public, ce sont des adolescentes ou adolescents vivant des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, souvent doublées de troubles de comportement nécessitant une prise en charge éducative et sociale, voire psychologique, importante.

La réponse de la Fondation à leurs problèmes,  c’est une offre d’hébergement en internat, des classes internes, un atelier de préformation professionnelle, et bien entendu, indispensables à cet âge, des activités de loisirs.

Tout ceci réussit depuis 40 ans grâce à un travail minutieux de recherche de relations stables et durables avec les entreprises locales, afin d’y intégrer les jeunes qui sont les « vôtres » dans le monde du travail, le vrai monde du travail, aussi vite que possible. Intégration donc au travail d’une part, mais intégration en amont à la vie sociale de la ville du Locle.

La situation des bâtiments appartenant à la Fondation Sandoz est particulière pour un foyer de ce type, les foyers pour jeunes en difficultés étant rarement situés aussi près des bâtiments ou logent d’autres citoyens. Cette proximité avec la ville constitue un trait identitaire unique et propre à la Fondation depuis le tout début de sa mission, lorsqu’il fallut trouver un emplacement au foyer pour les jeunes en détresse, conformément aux volontés testamentaires que vient de nous rappeler m. Jacques Laurent.

Ce n’est pas la seule particularité de cette institution. J’évoquais la perpétuelle mouvance des théories et des pratiques du travail social: eh bien, tout en étant ouverte et attentive, la Fondation défend un modèle éducatif qu’on pourrait qualifier de traditionnel, dans le bon sens du terme, qui a fait ses preuves, et qui, comme un quadragénaire, témoigne justement de sa stabilité, de son envergure, de son ancrage et de sa reconnaissance dans le dispositif institutionnel cantonal d’éducation spécialisée.

A la Fondation, on apprend, ou réapprend, à vivre et à échanger avec l’autre, à partager avec lui et à se forger un chemin dans le respect des règles de la vie communautaire quotidienne. On donne, ou redonne, un cadre, des références, une ligne de conduite, dans le respect des valeurs individuelles, pour autant que celles-ci n’empiètent pas sur celles du voisin. La Fondation est un modèle de bon sens et de sagesse, plutôt que la somme de référentiels théoriques, malgré votre proximité idéologique avec la méthode Glasser relative aux enfants difficiles, qui semble bien convenir à la légitimation de votre action.

Cette authenticité, véritable carte de visite de votre institution, est sécurisante, aussi bien pour les collaboratrices et collaborateurs que pour les pensionnaires que vous accueillez.

Nous avons appris que la rotation de personnel est rare chez vous et, une fois sur deux, dictée par la limite d’âge du collègue devant être remplacé. C’est une marque évidente d’expérience et de solidité de la Fondation, de correspondre aux attentes des employés qui, malgré le contexte difficile dans lequel ils évoluent, y trouvent une continuité stabilisante, apaisante, rassurante. En 40 ans d’ailleurs, seuls trois directeurs se sont succédés, l’adjoint ayant à deux reprises remplacé le supérieur parti. Ce fut le cas une première fois lorsque le tout premier directeur de la Fondation, M. Eric Pavillon, ici présent, fut prêté par la Fondation Borel – où il était adjoint de direction – pour occuper ce poste à créer. Un prêt de longue haleine, qui dura quelque 20 ans…. après quoi, l’Etat de Neuchâtel, par plusieurs appels du pied de la part du chef du Service des mineurs et des tutelles de l’époque (actuellement le Service de protection de l’adulte et de la jeunesse), M. Jean-Claude Knutti, également présent ce soir, demanda à M. Pavillon d’intégrer son service pour venir s’occuper des institutions d’éducation spécialisée. Il devint en fait le premier responsable de l’Office des établissements spécialisés, appelé aujourd’hui le Service des instituions pour adultes et mineurs, ou autrement dit le SIAM. Pour le remplacer, M. Michel Pages, qui est aussi parmi nous ce soir, et qui fut membre de l’équipe depuis la naissance de la Fondation, occupa le poste de directeur de 1990 à sa retraite, survenue au printemps 2008. Depuis, c’est M. Bernard Fasel, ancien jardinier-paysagiste et ayant intégré l’équipe en 1975 déjà, qui tient le gouvernail de la Fondation.

Les jeunes, eux arrivent et repartent beaucoup plus rapidement, et heureusement! A leur égard également, l’équipe éducative exige la même rigueur et la même discipline, de manière stable, immuable et donc reconnue et reconnaissable, identifiée et identifiable parce que cohérente et durable.

Ce profil clair est apprécié des services placeurs, qui savent à quel modèle de prise en charge éducative ils peuvent s’attendre lorsqu’ils proposent à l’une ou un de leurs pupilles un placement à la Fonda.

Cette profonde croyance en la pertinence de l’éducation prônée a permis à la direction de s’adapter à la complexité des exigences et des procédures dictées par les organismes qui contribuent au financement de l’activité de la Fonda.

Il y avait pourtant une certaine difficulté à rédiger un concept pédagogique à proprement parler, exigeant de faire une théorie à partir de ce bon sens éducatif unanimement apprécié, et imposant de transformer en procédures, des démarches dont la plupart faisaient partie de la mémoire vive transmise oralement d’un collègue à l’autre, comme le voulait l’habitude des éducateurs de l’époque….

L’Office fédéral de la justice, qui  effectivement insisté sur cet aspect lors de sa première visite de reconnaissance en 2006, a pu valider l’effort réalisé par l’institution, qui s’est astreinte à cet exercice d’écriture afin de répondre à ces nouvelles exigences lors de l’examen de 2011.

Nous profitons de cette occasion pour remercier l’OFJ, représenté ici par M. Walter Troxler, qui voudra bien transmettre également notre gratitude à ses collaboratrices et collaborateurs, non seulement pour l’aide financière octroyée à la Fondation Sandoz et plus généralement aux institutions de notre canton, mais également pour avoir donné l’occasion à son personnel de réfléchir et de traduire en mots, des pratiques qui tenaient de la tradition orale: un effort d’envergure, dont la valeur ajoutée a été reconnue.

Nos remerciements vont enfin à toutes celles et tous ceux qui ont permis à la Fondation d’atteindre cet important anniversaire, et qui s’emploieront encore, jour et nuit, 365 jours par an, à donner le meilleur d’eux-mêmes aux jeunes filles et farçons qui parcourent plus difficilement que d’autres le chemin qui les conduit vers l’âge adulte et qui en raison de cela, méritent toute votre attention éducative, votre soutien professionnel et votre compétence émotionnelle.

Merci de votre attention

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