Plan stratégique de l’hôpital cantonal (HNE)

Présentation HNE au Grand Conseil

24 Avril 2012

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Le plan stratégique d’HNE est enfin devant le Grand Conseil, qui va ainsi pouvoir prendre une décision.

Je souligne tout d’abord à quel point il est nécessaire aujourd’hui de prendre une décision qui nous permette d’avancer dans ce dossier très difficile. Le Conseil d’administration, la direction et le personnel attendent de savoir ce qu’ils doivent mettre en place et se réjouissent de voir ce dossier avancer.

Bien sûr, certains, certaines auraient voulu un plan un peu différent. Bien sûr, il est possible d’imaginer de nombreuses autres organisations de l’hôpital, qui fonctionneraient peut-être aussi. C’est vrai chaque organisation a des avantages et des inconvénients, les avantages de ses inconvénients et les inconvénients de ses avantages. Si l’on privilégie une synergie, forcément on renonce à une autre.

L’organisation que le Conseil d’Etat vous propose est une organisation transitoire, qui doit nous donner le temps de faire les études concernant l’hôpital unique et, le cas échéant, de le réaliser. Cette organisation transitoire couvre la période 2012-2017. Si nous avons choisi un assez court terme, c’est que la médecine change à toute vitesse et qu’un hôpital doit constamment être réadapté aux nouvelles exigences des patients et des soins. Faire des projets à plus long terme serait très ambitieux. Nous en avons un exemple : l’hôpital Pourtalès a été inauguré en 2005 et il ne correspond déjà plus tout à fait à ce dont nous avons besoin aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne la prise en charge ambulatoire des patients. Il faudra donc le réadapter, quel que soit son avenir.

Si nous voulons un hôpital de soins aigus unique, il faudra environ 10 ans pour le réaliser. C’est bien conscient de cela que le Groupe de pilotage politique s’est donné un objectif à horizon 2022. C’est un horizon réaliste, mais très ambitieux. Pour pouvoir atteindre cet objectif de 2022, nous devrons commencer les études sur l’hôpital unique dès que ce plan intermédiaire aura été accepté. Les études comparatives et de site devraient prendre environ un an. Vous aurez l’occasion de suivre de près la progression de ce travail, puisqu’il faudra un crédit du Grand Conseil pour réaliser ces études. Il faudra bien sûr aussi une procédure de marchés publics, puis une planification architecturale et d’aménagement du territoire. Finalement une décision du Grand Conseil et probablement du peuple pour la réalisation du projet retenu. Il va de soi que la commission santé du Grand Conseil suivra ces travaux de très près.

Mais avant d’en arriver à ce grand projet, je vous propose de revenir à HNE et de nous pencher sur le chemin parcouru depuis sa création, il y a 6 ans.

Les buts de la création d’HNE étaient nombreux :

  1. Anticiper les changements en lien avec la LAMal. A l’époque, le nouveau financement hospitalier était en discussion au Parlement. On voulait s’y préparer le mieux possible. HNE a ainsi introduit tout d’abord les APDRG, ce qui a facilité l’introduction actuelle des SwissDRG.
  2. Maîtriser les coûts : les coûts de la santé augmentent régulièrement. Les hôpitaux neuchâtelois connaissaient une croissance très élevée de leurs coûts. HNE a permis de maîtriser cette évolution. Il est aujourd’hui parmi les hôpitaux   de Suisse dont les coûts augmentent le moins vite.
  3. Assurer la qualité des prestations : les départements et les services hospitaliers ont subi de profonds changements pour tendre vers une meilleure efficience et vers une plus grande cohérence et continuité de la prise en charge. Il n’y a plus que deux sites de soins aigus, où les prestations ont été regroupées.
  4. Améliorer l’attractivité : la réunion des services et des départements en unités uniques permet aux médecins de traiter plus de cas et est plus attractif pour les jeunes médecins en formation.
  5. Assurer l’équilibre entre centralisation et décentralisation : toutes les prestations administratives d’HNE sont centralisées sur un site ou l’autre, ce qui permet des économies d’échelle. La centralisation des prestations se fait progressivement, mais de manière à assurer la sécurité sanitaire sur tous les sites et à garder des prestations de proximité.
  6. Dans le rapport de 2005, le Conseil d’Etat est le garant de l’équilibre entre les régions et il est le protecteur des intérêts de la population. En cela, il doit tenir compte de la situation actuelle et veiller à conserver l’importance relative des sites. En l’occurrence, la création du centre femme-mère-enfant sur le site de Neuchâtel a induit un déséquilibre entre les deux sites de soins aigus.

En 2006, le Conseil d’Etat demande à HNE de lui proposer des mesures devant permettre de réaliser des économies de 25 millions de francs sur la participation de l’Etat en quatre ans, soit jusqu’en 2009. Le plan d’action est rendu au Conseil d’Etat en janvier 2007. Il prévoit la réduction des lits de soins aigus, le maintien des deux maternités de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, mais il prévoit le regroupement de la pédiatrie à Neuchâtel. Le Val-de-Travers garde les soins aigus.

La démission des pédiatres précipite la réforme suivante : il faut un seul centre femme-mère-enfant sur un seul site. HNE étudie ce scénario et finalement le Conseil d’Etat décide en janvier 2008 de créer un centre femme-mère-enfant unique sur le site de La Chaux-de-Fonds et un centre de l’appareil locomoteur sur le site de Neuchâtel. En même temps, le Val-de-Travers perd ses missions de soins aigus.

Vous savez ce qu’il en est résulté : une série d’initiatives est lancée : tout d’abord des initiatives communales qui demandent le retour du politique dans la stratégie hospitalière. Elles sont traitées par votre Autorité en 2009 et le Grand Conseil s’arroge la compétence de décider de la stratégie de l’hôpital. C’est la raison nous sommes aujourd’hui devant vous avec ce plan stratégique. Et c’est la première fois. Auparavant, c’était le Conseil d’Etat seul qui était compétent. Cela change fondamentalement la donne : il est désormais nécessaire que le plan stratégique soit acceptable par le Grand Conseil, c’est-à-dire qu’il soit le résultat d’un compromis politique, que chacun, chacune puisse accepter.

Les autres initiatives sont encore pendantes. Il y en a trois.

Pour trouver le compromis politique nécessaire et tenter d’obtenir le retrait des initiatives encore pendantes, le Conseil d’Etat a organisé les états généraux de la santé, auxquels certains d’entre vous ont participé et qui ont montré une première tendance.

Ensuite, nous avons continué avec le Groupe de pilotage politique, constitué de trois Conseillers d’Etat, trois Conseillers communaux de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Val-de-Travers, trois représentants des comités d’initiative et 4 représentants des 4 groupes politiques du Grand Conseil. Le Groupe de pilotage a adopté son document de synthèse à l’unanimité et l’a remis au Conseil d’Etat en septembre 2010. On peut dire qu’alors un consensus commence à se dégager. Le Conseil d’Etat a adopté ce document qui demandait entre autre que.

–      Les sites de Pourtalès et de La Chaux-de-Fonds se voient attribuer des missions d’importance équivalente

–      Les missions soient réparties de manière à respecter une cohérence médicale

–      Le centre femme-mère-enfant est localisé à Neuchâtel.

–      Le site de La Chaux-de-Fonds doit être rénové.

–      Un site unique de soins aigus est créé à l’horizon 2022.

Sur cette base, HNE fait des propositions d’axes stratégiques intéressantes au CE, mais ces propositions ne sont pas acceptées par les organes consultatifs du CE, ni par les comités d’initiative, ni par la Commission santé du Grand Conseil. Le CE doit alors approfondir ce travail, chercher des compromis qui puissent être acceptés par le Grand Conseil, qui reste l’organe de décision.

Le résultat de ces discussions et de ces négociations, c’est le rapport que vous avez entre les mains, qui ne diffère pas fondamentalement des propositions d’HNE, mais va un peu plus loin dans certains domaines. Ce rapport correspond aux attentes des organes consultatifs du CE et à la commission santé du Grand Conseil, qui l’a avalisé par 10 voix contre 4.

Ce projet se veut une solution cohérente, qui refuse le tout partout, privilégie le regroupement de services médicaux en centres de compétences cohérents qui favorisent la qualité, la visibilité et l’économicité de la prestation

Les principes de base du Conseil d’Etat, c’est de ne pas faire tout partout, mais de travailler par centres spécialisés

  • Lors de ses séances de réflexion, le Conseil d’Etat a privilégié une approche par centres de compétences médicaux. Cela poursuit…
  • Un objectif de qualité : concentrer les activités permet d’atteindre une taille critique (casuistique) suffisante et d’améliorer ainsi le traitement des patients. En effet, ce n’est qu’en opérant régulièrement que l’on peut assurer la qualité des gestes médicaux;
  • Un objectif organisationnel : il faut dans toute la mesure du possible éviter les doublons ;
  • Un objectif économique : en ne faisant pas « tout partout », on rassemble les forces et on améliore l’efficience, on fait des économies d’échelle ;
  • Un objectif d’attractivité : on améliore la visibilité et donc l’attractivité pour les jeunes médecins en formation et le personnel médical en général;
  • Enfin, il s’agit de préparer l’éventuel site unique de soins aigus de 2022. En effet, les centres spécialisés doivent pouvoir, le moment venu, être transférés et intégrés dans le site unique de soins aigus, avec un minimum d’adaptations.
  • La création de centres spécialisés obéit donc à des logiques de qualité, d’organisation, d’économicité, de visibilité et d’attractivité et de préparation de l’éventuel site unique de 2022.

En outre, Le projet tient compte de l’ouverture des frontières et du nouveau financement hospitalier. Ca signifie en particulier que l’on s’efforce de retenir les patients à Neuchâtel, et que l’on veut pour cela leur offrir un bon confort sur tous les sites d’HNE.

Après avoir examiné les 17 options stratégiques proposées par HNE, au cours de plusieurs séances in corpore et avoir pris en compte les observations des organes consultés, le Conseil d’Etat en a retenu 12 telles quelles. Dans 5 cas, il apporte quelques petites modifications.

Ces 5 cas sont les suivants.

  • Le Centre d’oncologie est localisé sur le site de La Chaux-de-Fonds et intègre un Centre de sénologie reconnu au niveau national; en l’occurrence, HNE proposait seulement de développer des compétences renforcées en sénologie sur le site de La Chaux-de-Fonds; la volonté du Conseil d’Etat est qu’un véritable Centre du sein soit créé et puisse devenir intercantonal. Pour qu’il puisse être intercantonal, il faut qu’il soit à La Chaux-de-Fonds et s’il n’est pas intercantonal, alors il ne peut pas être, car la taille critique ne serait pas atteinte.
  • Un pôle chirurgical stationnaire est créé sur le site de La Chaux-de-Fonds; HNE proposait de le localiser sur les deux sites de La Chaux-de-Fonds et de Pourtalès en séparant les notions de chirurgie de court et de long séjour; or ces notions ne sont pas définies et posent problème. En outre, le Conseil d’Etat estime que la création d’un Centre unique de chirurgie contribue à l’amélioration de la qualité, à l’économicité, à l’efficience et à l’attractivité;
  • Un Centre de chirurgie ambulatoire est créé sur le site de Neuchâtel. HNE proposait de le localiser à La Chaux-de-Fonds; actuellement cette activité a lieu sur les deux sites.
  •  Un Centre de gériatrie reconnu par la FMH est localisé à Val-de-Travers et des investissements sont consentis pour améliorer l’accueil des patients.
  •  Un Centre de diagnostic et de traitement (CDT), ouvert 24h/24 et 7j/7, pour une période transitoire limitée à 3 ans, est installé sur le site de Val-de-Travers. Ces trois années doivent permettre de trouver une solution pour la mise en place d’une garde de nuit entre les médecins du site de Val-de-Travers et les médecins de ville; HNE souhaitait que le CDT ne fonctionne que de jour estimant que la fréquentation actuelle la nuit est  très faible; le Conseil d’Etat est sensible à cet argument, mais il estime que, pour des raisons de sécurité sanitaire, une telle option ne peut être prise tout de suite.
  • En plus, le Conseil d’Etat, comme HNE, souhaite qu’une étude soit menée visant à déterminer l’opportunité de créer un site unique de soins aigus et sa localisation; ces études commenceront dès que le rapport du Conseil d’Etat aura été adopté par le Grand Conseil.
  • Le site de soins aigus nécessite une analyse approfondie et multidimensionnelle touchant aux domaines de l’organisation hospitalière, de l’évolution des traitements et des besoins de la population neuchâteloise, de l’aménagement du territoire, de la compatibilité avec le RUN (Réseau Urbain Neuchâtelois), de la disponibilité des terrains, de l’accessibilité et des temps de déplacements depuis chaque commune du canton, de la disponibilité des bâtiments existants, des coûts de construction sur un nouveau site et sur les sites existants, des coûts d’entretien des sites existants, etc. Une telle étude prendra plusieurs mois, or le Conseil d’Etat désire aujourd’hui proposer une réponse aux initiatives encore pendantes dans un délai raisonnable et ne veut pas bloquer toute évolution des structures hospitalières durant ce laps de temps.
  • Suite à la création d’un site unique de soins aigus, la question du regroupement des CTR sur un seul site devra être posée.

Ce plan stratégique répond à chacune des initiatives encore pendante.

Initiative « En faveur d’un site unique femme-mère-enfant, cohérent, sûr et économique »

  • Le plan stratégique répond quant au fond à cette initiative, en faisant du centre femme-mère-enfant l’un des pôles de Pourtalès.

Initiative « Pour une médecine de proximité »

  • Les options stratégiques proposées par le Conseil d’Etat ne répondent pas à cette initiatives en se sens qu’elles ne proposent pas de refaire du site de VDT un site de soins aigus comme cela était le cas en 2008. Selon le Conseil d’Etat, cette initiative doit être rejetée sur le fond, car elle va à l’encontre des réformes hospitalières menées ces dernières années .
  • Cela dit, les propositions du Conseil d’Etat sont intéressantes pour Val-de-Travers. Le Conseil d’Etat pense notamment au projet pilote de Centre de diagnostics et de traitement ouvert jour et nuit pendant une période transitoire de 3 ans, avec de nombreuses prestations spécialisées, au développement du Centre de traitement et de réadaptation (CTR) gériatrique et à sa reconnaissance par la FMH, à l’engagement du Conseil d’Etat à financer les investissements nécessités par cette reconnaissance, à la plateforme régionale de santé avec assistanat en cabinet cofinancé par le canton.

Initiative du Parti Socialiste Neuchâtelois

Le Conseil d’Etat estime que le plan stratégique répond aussi à cette initiative en répartissant les missions de soins aigus de manière équitable entre les deux sites de soins aigus, soit à 40% à La Chaux-de-Fonds et 60% à Pourtalès.

Maîtrise des coûts

Le plan stratégique fixe aussi des objectifs stratégiques en matière de coûts.

Le Conseil d’Etat estime que malgré les très importants efforts qui ont été réalisés depuis 2006 et la parfaite maîtrise des coûts d’HNE, il y a encore un potentiel d’économies et il a demandé à HNE un nouvel effort de 5 millions par an, en 2011, 2012 et 2013. Une étude a été faite par un expert. Elle propose une vingtaine de mesures d’économie, qui concernent essentiellement la gestion de l’hôpital et non pas les prestations. Ces propositions ont été remises à HNE, qui les étudie maintenant avec l’aide d’une cellule d’appui, formée de responsables des finances, ainsi que des représentants de la santé publique. HNE a d’ores et déjà atteint ses objectifs pour 2011 et en a tenu compte dans son budget 2012.

Conclusion

Le Conseil d’Etat estime que par les options stratégiques qu’il propose au Grand Conseil dans son rapport, il répond à l’ensemble des objectifs fixés, à savoir:

  •  le maintien de la sécurité sanitaire offerte à la population;
  •  l’assurance d’une cohérence médicale dans la répartition des missions entre les sites;
  • une augmentation de la qualité des prestations, notamment par le développement de centre de compétences médicaux susceptibles d’attirer du personnel médical et soignant de qualité
  • un rééquilibrage entre les sites principaux de soins aigus de La Chaux-de-Fonds et Pourtalès
  • La réalisation d’économies d’échelle et ainsi une maîtrise des coûts hospitaliers
  • une amélioration de l’image d’HNE, très importante dans le contexte de l’ouverture des frontières cantonales dès 2012 et du renforcement de la concurrence entre hôpitaux voulu par la LAMal

Questions

  • En ce qui concerne les questions plus précises qui se posent, je peux vous donner quelques réponses.
  • Séparation chirurgie et médecine : contrairement à ce qui est affirmé, médecine et chirurgie ne sont pas séparées dans le plan stratégique du Conseil d’Etat. En fait, il y aura un service de médecine sur les deux sites HNE, car le nombre de cas est très important et ne peut par conséquent pas être regroupé sur un seul site. Il y aura également de la chirurgie sur les deux sites, puisqu’il y aura à La Chaux-de-Fonds la chirurgie générale et à PRT, la chirurgie ambulatoire, la chirurgie traumatologique et orthopédique, ainsi que la chirurgie gynécologique. L’interaction médecine et chirurgie est donc maintenue sur les deux sites. Ce qui change, c’est que les spécialités de la chirurgie sont regroupées en centres de compétences, de manière à en accroître la visibilité et l’attractivité
  • Proximité avec les médecins de ville : il est très important de maintenir cette proximité en effet et il est aussi très important d’avoir un site de soins aigus à La Chaux-de-Fonds, car c’est la principale raison pour laquelle des médecins s’installent en ville à La Chaux-de-Fonds. Suite à leur formation, ils connaissent déjà la ville et les patients et sont encouragés à rester. Une grande partie des médecins qui sont aujourd’hui installés en ville de La Chaux-de-Fonds, viennent d’autres cantons et ont fait leur formation pratique à La Chaux-de-Fonds. Cette osmose est très importante. Elle est maintenue dans les deux sites de La Chaux-de-Fonds et de Pourtalès.
  • Concentration et économies : le plan du Conseil d’Etat ne nécessite que peu d’investissements directement. Bien sûr, il faudra faire les investissements nécessaires à l’entretien du site de La Chaux-de-Fonds. C’est cela qui coûtera cher, mais ces investissements devront être faits et auront les mêmes coûts si le site de La Chaux-de-Fonds devient un CTR. Les blocs opératoires doivent être réalisés, même si ce n’est que pour 10 ans. Ils ont d’ailleurs déjà été décidé et l’appel d’offres est déjà parti. Si on veut faire à La Chaux-de-Fonds un CTR/MPR, il faudra y ajouter encore une piscine de réadaptation. Tous les autres investissements doivent être faits de toute façon. En ce qui concerne les coûts de fonctionnement, il n’y a pas de différence significative. Il y a une suppression des doublons et donc si on s’organise de manière intelligente, des gains d’efficience. La répartition du Conseil d’Etat rééquilibre le travail de nuit et rentabilise les équipes de garde pour le bloc opératoire. Cela permettra de réduire le personnel et d’économiser de l’ordre de deux millions. Pour le reste, les coûts d’un hôpital, ce sont les coûts du personnel et il n’y a pas de raison de diminuer ou d’augmenter le personnel selon l’organisation. Ce qui compte, ce sont les patients, le nombre de patients et si le nombre de patients ne change pas, le personnel ne change pas et donc les coûts de fonctionnement ne sont que très marginalement modifiés. Ces coûts ne dépendent pas des axes stratégiques, mais de la manière dont l’hôpital s’organise et engage le personnel et c’est de l’opérationnel, et non du stratégique. Le Conseil d’Etat, respectivement le GC n’ont pas la compétence de dire à l’hôpital comment il doit s’organiser de manière opérationnel.  Comme vous le savez, j’ai tenté d’obtenir des chiffres de l’hôpital, sans succès. J’ai mandaté ensuite l’entreprise SMECO à Bâle. Ce sont des spécialistes de l’économie de la santé et de l’organisation hospitalière. Dans son rapport, il est écrit : « Il y a lieu de faire la différence entre le niveau de responsabilité politique-stratégique et celui de la gestion opérationnelle. Les plans stratégiques en question relèvent clairement du niveau politique-stratégique, incombant du Conseil d’Etat respectivement au Conseil d’administration d’HNE. Leur application fonctionnelle, d’autre part, relève du niveau opérationnel et incombe donc à la direction générale et aux cadres d’HNE. Dans cette même logique, le Conseil d’Etat a imposé à HNE de réduire ses coûts globaux de fonctionnement de trois fois CHF 5 millions en 2011, 2012 et 2013 (mission stratégique). La direction générale d’HNE a déjà réalisé cette économie en 2011, l’a inscrite au budget 2012 et fera de même en 2013 (application opérationnelle). Au vu de ces réductions importantes sur les coûts de fonctionnement, et au vu des enjeux majeurs relatifs aux coûts d’i8nvestissements, les questions et réponses concernant l’économicité de certaines mesures isolées – par exemple le nombre de lignes de garde à La Chaux-de-Fonds et à Pourtalès – ne relèvent pas des instances politiques-stratégiques, mais seront sans doute résolues au niveau opérationnel. » Et c’est cela qu’il faut comprendre. Si HNE avait estimé que les coûts de fonctionnement induits par le projet du Conseil d’Etat devait être supérieurs, il aurait dû les prévoir au budget, or il a prévu une économie au budget, économie conforme à ce que demande le Conseil d’Etat. Les surcoûts d’HNE ne sont pas liés à l’aspect multisite. La plupart des hôpitaux suisses sont multisites. Ils ont donc les mêmes bases. Ce n’est donc pas ça qui fait la différence. Bien des hôpitaux qui sont moins chers qu’HNE ont pourtant plus de sites de soins aigus, 3 ou 4 sites de soins aigus dans le même hôpital, en Valais ou à Fribourg. En s’attaquant à l’aspect multisite, c’est croire qu’en faisant baisser la fièvre, on va guérir la maladie ! Ca peut avoir un effet, mais c’est très insuffisant. La comparaison faite avec l’hôpital du Valais central en 2008 fait ressortir bien d’autres causes plus explicatives : les conditions de travail sont meilleures à HNE et le surcoût est de 5 à 7% (semaine de 40h et vacances en particulier). Pour faire les mêmes actes, HNE emploie systématiquement plus de personnel, y compris au niveau technique, cuisine, etc. Il y a là une réflexion à faire. HNE s’y attache actuellement et fait de gros efforts pour contrôler l’engagement du personnel et éviter le surengagement.
  • Le cas particulier de Val-de-Travers : La discussion avec le comité d’initiative « Pour une médecine de proximité » nous a montré que les Valloniers sont très attachés à l’ouverture de la polyclinique 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Nous avons choisi l’option, pour des raisons de sécurité sanitaire, de maintenir la polyclinique ouverte jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour la garde médicale avec les médecins installés dans la vallée. Cela a un coût. Nous avons demandé à HNE de le calculer. Il nous ont donné un chiffre : 600’000.-/an. Nous ne l’avons pas indiqué dans le rapport, car nous avons considéré que ce chiffre n’était pas relevant. En effet, c’est un chiffre destiné à démontrer que cette polyclinique coûte trop cher. Comme je vous l’ai indiqué tout à l’heure, l’opérationnel appartient à HNE et HNE peut s’organiser de manière économique ou pas. Le coût de 600’000.- correspond à un engagement financier maximale et non pas à une organisation économique, réalisée en accord avec les médecins installés dans la vallée et sur la plateforme santé de Val-de-Travers. Si l’on imagine un service de piquet, alors, les prix descendent considérablement. Une personne de piquet, c’est 35’000.- par an, par exemple. Ca vous donne un bon exemple de la latitude qu’a l’hôpital pour s’organiser économiquement au niveau opérationnel.
  • Sénologie : le centre de sénologie est une nouveauté pour notre hôpital. C’est un « plus » très important pour améliorer la survie des femmes touchées par un cancer du sein. Selon les études réalisées, les chances de survie sont augmentées de 8 à 9 %, ce qui est énorme. Tous les hôpitaux devront créer un centre du sein ou se mettre en réseau avec un centre du sein existant. HNE a tout juste la taille critique pour pouvoir créer un centre du sein. Mettre le centre du sein sur le site de La Chaux-de-Fonds permet de favoriser une synergie très importante au niveau de la qualité de la prestation avec la chirurgie générale et avec l’oncologie pour donner aux femmes le maximum de chances de guérir. Bien sûr, dans un centre de sénologie, on ne traite pas que les cancers, mais ce sont les cancers qui sont déterminants pour l’amélioration de la survie. Si le centre du sein se trouve à La Chaux-de-Fonds, cela permet aussi de travailler en collaboration avec l’hôpital du Jura. Je vous lis un extrait de la lettre du Dr Seydoux, médecin-chef de l’Hôpital du Jura : «Enfin, la conseillère d’Etat, Gisèle Ory, m’a téléphoné, me demandant mon avis. Je lui ai dit clairement que nous ne pourrions pas faire un centre du sein dans le Jura, étant trop petit, mais que nous étions désireux de participer comme antenne d’un centre du sein, c’est-à-dire de travailler dans le cadre d’un réseau sénologique et que nous étions intéressés à collaborer avec eux si ce centre du sein neuchâtelois était réalisé à La Chaux-de-Fonds, mais que nous ne serions pas intéressés s’il était réalisé à Neuchâtel. »
  • Les conséquences d’une non décision : si l’on décide à nouveau de ne rien décider, Pourtalès continuera à être engorgé et à ne pas pouvoir délivrer ses prestations dans de bonnes conditions. Les journaux se font régulièrement l’écho des temps d’attente aux urgences. Mais il y a aussi le coût de cet engorgement : l’obligation de louer 18 conteneurs installés sur le toit du parking et de louer l’ancien conservatoire pour plusieurs centaines de milliers de francs par année, argent qui serait facilement économisé si l’on utilisait les surfaces disponibles à La Chaux-de-Fonds. Pendant ce temps, les cadres de La Chaux-de-Fonds quittent l’hôpital, déçus de ne pas être suffisamment pris en compte et soutenus dans leur travail. C’est une perte pour l’ensemble de l’hôpital. Refuser ce rapport, c’est abandonner l’idée de répondre aux initiatives, parce qu’on ne pourra pas refaire un autre rapport dans l’espace de 6 mois, surtout un rapport qui ait une chance d’obtenir une majorité au Grand Conseil. C’est agender la votation des initiatives en novembre ou en mars 2013 et organiser un déchirement du canton juste avant les élections…
  • L’hôpital unique de soins aigus : oui, le Conseil d’Etat veut étudier le plus rapidement possible la faisabilité d’un site de soins aigus unique, mais il faut savoir que construire un tel hôpital en moins de dix ans est impossible et relève du rêve. Un hôpital est un bâtiment complexe pour lequel il faut faire des études multicritères. Ces études vont prendre du temps, que ce soit pour les questions architecturales, d’accessibilité, de taille, d’installations techniques. Il faudra ensuite obtenir des dérogations au niveau de l’urbanisme, vu la taille du bâtiment nécessaire. Ca prend du temps aussi. Pour construire Pourtalès, il a fallu 6 ans, depuis le premier coup de pioche. Le nouvel hôpital ou l’extension d’un site actuel prendra certainement au moins autant de temps. Pendant ce temps, il faut bien organiser l’hôpital de la manière la plus rationnelle, la plus efficace et la plus économique possible. C’est l’objet de ce plan stratégique, valable pour 5 ans, jusqu’en 2017 et qui doit nous permettre de concrétiser l’hôpital unique tout en travaillant dans de bonnes conditions.
  • Pour finir, certains ont estimé que le plan de Conseil d’Etat n’était pas pertinent : dire que « Le plan du gouvernement menace à moyen terme l’existence même des hôpitaux neuchâtelois », c’est tomber dans l’émotionnel et les explications données ne tiennent pas compte de la réalité. Je peux comprendre que vous soyez très attachés à l’hôpital de Pourtalès, mais vous pouvez aussi comprendre que les Chaux-de-Fonniers soient attachés au leur et qu’ils veulent aussi qu’il puisse délivrer des prestations de qualité. Le rapport de minorité fait allusion à la chirurgie lourde et légère. Cette distinction n’existe pas au niveau médical et prête à des interprétations de toutes sortes. Où conduire un patient qui a une blessure moyenne ? Que faire d’un patient dont on ne sait pas encore si son cas est difficile ou non ? Non cette distinction n’est pas raisonnable. Il faut faire une distinction plus claire si l’on veut éviter les problèmes. Entre l’ambulatoire et le stationnaire, la distinction est claire. L’ambulatoire est électif et le patient ne reste pas. Le stationnaire, que ce soit électif ou en urgence, le patient va rester à l’hôpital au moins un jour. Ces deux spécialités nécessitent une organisation différente de l’hôpital, c’est pourquoi elles doivent être séparées. Même si on les fait les deux sur le site de Pourtalès, on doit les séparer dans des locaux différents. C’est pourquoi, c’est logique de les mettre sur des sites différents. Oui, nous créons des centres de compétences, oui, nous supprimons des doublons. Non, il n’y a pas d’augmentation de coûts. Oui, la qualité des soins est améliorée puisqu’on regroupe les activités dans des centres de compétences, où les médecins pourront avoir une bonne expérience de leur spécialités, puisqu’ils verront passer tous les patients neuchâtelois qui auront la même problématique, et non pas seulement une partie, comme c’est le cas aujourd’hui . Bien sûr, on peut organiser un hôpital de plusieurs manières différentes. D’autres organisations sont donc possibles. Celle que nous vous proposons est cependant mûrement réfléchie. Pour la faire, nous avons pris de nombreux avis auprès de l’hôpital tout d’abord, bien sûr, d’Antarès, qui a fait une étude importante et nous a donné les bases de notre réflexion, de la commission santé du Grand Conseil, du Conseil de santé et du Conseil des hôpitaux. Tous ont approuvé ce projet. Nous avons également rencontré des médecins de Pourtalès. Nous avons la conviction aujourd’hui que c’est le plan qui permet l’organisation la plus rationnelle, en centres de compétences, qui est la plus attractive pour les médecins et la plus économique, puisqu’elle supprime plusieurs redondance et regroupe les spécialités dans les centres de compétences. Pour terminer, je vous lirai quelques lignes de la lettre que m’a adressée M. Decrauzat, ancien directeur du CHUV, le 9 janvier : « Le plan que vous avez porté auprès du conseil d’Etat tient compte des incidences humaines et économiques pour les régions. A titre personnel, je ne peux pas admettre que l’on dénigre une politique visant à mettre les différentes missions hospitalières en réseau et à conduire une étude prospective sur un concept d’hôpital unique. Si la voie définie est pertinente, elle n’en demeure pas moins difficile et délicate. »

 

 

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