Ma politique de la santé

Messieurs,

La politique de la santé ne couvre pas que l’hôpital neuchâtelois, mais toute une série de domaines dont la coordination est déterminante si l’on veut atteindre nos objectifs en matière de politique de la santé. Ce sont.

Hôpital neuchâtelois (HNE), le Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP), les soins à domicile (NOMAD), les EMS et la médecine de ville.

Nos objectifs :

  1. Offrir le maximum de prestations à la population
  2. Au coût le plus avantageux possible.

Ca signifie que nous prenons toute une série de mesures destinées à améliorer les prestations dans toutes les parties du canton et que nous prenons toute une série de décisions destinées à maîtriser l’évolution des coûts de la santé.

L’objectif de maîtrise des coûts est un objectif que nous avons atteint et là nous avons un record de Suisse positif : le canton de Neuchâtel est le canton de Suisse où les coûts de la santé sont les mieux maîtrisés. Ils augmentent de 1,6% par année en moyenne, alors que la moyenne suisse se situe entre 3,5 et 5,5%.

Cela se répercute sur nos primes. Alors qu’elles étaient particulièrement élevées il y a 10 ans. Elles sont aujourd’hui à peu près dans la moyenne suisse. La prime enfant est même aujourd’hui au-dessous de la moyenne suisse. Les adultes sont légèrement au-dessus. Globalement, si l’on tient compte des changements de caisse, les Neuchâtelois n’ont pas eu d’augmentation de primes ces dernières années.

La maîtrise des coûts de la santé passe par une maîtrise des coûts hospitaliers.

Cela signifie des mesures d’économie et de rationalisation drastique pour HNE, soit une économie de 5 millions par an, en particulier par rationalisation des services et par diminution des durées de séjour. Pour le CNP, c’est un blocage de la subvention, qui n’a pas augmenté ces trois dernières années, grâce à une prise en charge des malades de manière ambulatoire et de moins longs séjours à l’hôpital. C’est une augmentation des moyens de NOMAD, pour qu’il puisse prendre en charge les personnes qui sortent de l’hôpital plus tôt. C’est un blocage aussi des places en EMS, car s’il y a des places, elles sont automatiquement occupées, même souvent par des personnes qui n’en ont pas nécessairement besoin. C’est aussi la soumission à autorisation de l’achat d’équipement coûteux, que l’on amortit ensuite en faisant trop d’examens, à la charge de l’assurance de base. C’est la maîtrise également de l’installation des médecins spécialistes. Là, la Confédération nous a joué un vilain tour en levant le moratoire. Cela a eu pour conséquence un grand nombre d’installations cette année dans le canton, ce qui aura certainement pour conséquence une augmentation des coûts de l’assurance maladie l’année prochaine. Enfin, cela signifie aussi un blocage de l’augmentation des points Tarmed. Depuis notre entrée en fonction, nous n’avons accepté aucune augmentation du tarif Tarmed.

Il s’agit donc dans le domaine de la maîtrise des coûts d’une politique forte, cohérente et qui atteint ses objectifs.

Dans le domaine des prestations, nous nous sommes efforcés d’offrir les meilleures prestations possibles à l’ensemble de la population.

Parlons d’abord des projets qui ont très bien marché et qui ont été acceptés à l’unanimité par le Grand Conseil.

La réforme de la psychiatrie est particulièrement intéressante. Nous avons passé d’une psychiatrie de type « asile » à une psychiatrie communautaire. C’est une révolution qui améliore énormément l’efficacité de la prise en charge, mais aussi évite la stigmatisation des malades et permet leur maintien dans leur milieu de vie, et dans de nombreux cas leur insertion professionnelle. Nous l’avons fait et nous l’avons réussi.

La planification médico-sociale : c’est le nouveau système de financement des EMS à la prestation et l’évaluation des besoins en EMS pour les prochaines années. Une étude approfondie, qui fait le tour de toutes les prestations que nous voulons offrir aux personnes âgées et établit un calendrier de mise en œuvre. Elle a été acceptée à l’unanimité par le Grand Conseil.

La montée en puissance de NOMAD : quand j’ai repris ce département, NOMAD était en pleine crise, la démotivation du personnel et l’absentéisme étaient effarant. Il a fallu reconstruire la confiance, avec une nouvelle équipe de direction et un nouveau conseil d’administration. Ca a été difficile, mais aujourd’hui, c’est fait. NOMAD fonctionne bien, accroît régulièrement ses prestations.

HNE a été un dossier difficile aussi, non pas en tant que tel, car nous avons avancé pas à pas, en consolidant bien chaque étape, mais parce que nous avons certains médias contre nous, qui s’efforcent de décrédibiliser la politique que nous faisons parce qu’ils ont un a priori : il faut concentrer toutes les prestations spécialisées sur le site de Neuchâtel.

Cet a priori ne correspond pas aux deux objectifs que nous avons évoqués tout à l’heure : l’amélioration des prestations à la population. Il n’est pas difficile de se rendre compte que si on concentre les prestations dans un endroit, ça améliore les prestations pour une partie de la population et ça les péjore pour les autres. Mais on ne répond pas non plus à l’objectif de maîtrise des coûts, car si l’on veut concentrer, il faut investir de manière considérable, construire de nouveaux bâtiments, rassembler des équipes avec le risque d’aligner tout le monde sur le standard le plus haut, c’est-à-dire le plus cher. Une concentration peut être très coûteuse et des doublons peuvent ne pas l’être. Un doublon est coûteux s’il nécessite l’achat  à double de matériel technique très coûteux, mais on peut dire par exemple que dans le domaine de la médecine ambulatoire, les doublons sont très avantageux, parce qu’ils évitent de nombreux déplacements.

Comme vous avez une vision très économique des choses, je pense que vous savez qu’il faut prendre en compte tous ces éléments quand on fait un projet.

Il faut donc se poser la question de la manière suivante : quelles sont les prestations que l’on peut offrir avantageusement sur tous les sites, quelles sont les prestations qui ne doivent être offertes que sur un site, quelles sont les prestations qui doivent être offertes dans un hôpital universitaire. Pour ces dernières prestations, nous avons conclu des mandats de prestations avec l’Inselspital, le CHUV et les HUG. Pour les prestations qui peuvent être offertes partout, nous avons mis en place des polycliniques sur tous les sites et en particulier, nous avons amélioré les prestations offertes par les polycliniques de Val-de-Travers et de La Chaux-de-Fonds, pour compenser les prestations qui avaient été centralisées à Neuchâtel. Cette évolution n’est pas encore terminée.

La difficulté, c’est de définir les prestations qui devraient être offertes sur un seul site, et partant, sur quel site.

Une décision lourde de conséquence a été prise en 2008 et nous en payons encore le prix aujourd’hui : c’est le transfert de toutes les activités femme-mère-enfant à Neuchâtel. Cette décision a déséquilibré les activités des deux sites d’HNE. Nous avons d’une part des locaux vides à La Chaux-de-Fonds et d’autre part le site de Pourtalès est surchargé et nous devons louer des locaux à l’extérieur, ce qui représente des investissements et des coûts importants. Ce n’est pas une utilisation rationnelle des locaux. Et ça a aussi pour conséquence de surcharger les urgences et de diminuer la qualité de la prestation.

En outre, la population n’a pas accepté ces décisions et nous avons encore trois initiatives populaires pendantes. Il a donc fallu chercher des solutions pour rééquilibrer les activités et répondre aux initiatives populaires déposées. C’est dans ce cadre là que nous avons élaboré le plan stratégique d’HNE, en collaboration avec la commission santé et le Grand Conseil.

La solution proposée par le Conseil d’Etat avait été esquissée lors des états généraux de la santé, puis a été approfondie avec HNE et la commission santé du Grand Conseil. Elle a finalement obtenu l’unanimité moins deux voix au Grand Conseil en avril. Mais pour éviter un éventuel référendum du Parti libéral-radical du bas, nous avons accepté de chiffrer deux scénarios, soit la chirurgie ou l’orthopédie à Neuchâtel ou à La Chaux-de-Fonds. Nous avons accepté cela par gain de paix, même si nous savons parfaitement que le scénario orthopédie à La Chaux-de-Fonds n’est pas faisable, vu la concurrence de l’hôpital de La Providence sur le site de Neuchâtel. Ce rapport est à bout touchant.

Le deuxième point concernant HNE est l’éventuelle création d’un site unique de soins aigus. Le rapport d’étude a été adopté par le Conseil d’Etat la semaine dernière. Il est prévu que les études coûteront 3,5 millions et seront terminées en 2015, avec un site unique à Pourtalès, à La Chaux-de-Fonds ou dans un autre endroit.

Je termine avec quelques mots sur La Providence. Le système de financement hospitalier a changé en 2012 avec l’arrivée des SwissDRG. La Providence s’est rendu compte en décembre 2011, que son tarif DRG ne couvrirait pas ses coûts et qu’elle aurait donc un déficit en 2012. Elle s’est alors adressée à l’Etat pour obtenir une subvention supplémentaire. L’Etat est entré en matière, mais a demandé à La Providence de lui fournir les documents comptables nécessaires à établir sa situation financière pour pouvoir préparer un rapport au Grand Conseil à l’appui d’une demande de subvention extraordinaire. La Providence a refusé de livrer une partie des documents demandés en se fondant sur « le secret des affaires ». Nous n’avons donc pas pu faire cette demande de crédit . Elle nous l’a reproché, parce qu’elle estime que l’Etat doit payer, même sans connaître sa situation financière complète. Nous maintenons que c’est une clinique privée, qui devrait s’autofinancer et que l’Etat ne lui doit rien d’autre que sa participation au DRG, ce que nous avons toujours payé et que nous continuons de payer.

Nous avons appris en même temps que La Providence s’était approchée de Genolier et avait signé une convention d’exclusivité de négociation. Dans ce cadre, La Providence a dénoncé la convention collective de travail, ce qui a déclenché un conflit du travail. Le Conseil d’Etat a été appelé à la rescousse comme médiateur.

Le scénario le plus probable, c’est que Genolier reprenne La Providence au début 2013, que le groupe se sépare des domaines non rentables et se concentre sur ce que La Providence fait le mieux, soit l’orthopédie et l’ophtalmologie.

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