Traite des êtres humains

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Vous avez raison de poser cette question. C’est certainement une des questions les plus graves en matière de droits humains, mais aussi une question qui est peu abordée au niveau politique.

La police fédérale pense que plusieurs milliers de personnes sont amenées en Suisse chaque année contre leur volonté, par ruse, ou autre. Très peu parviennent à échapper à leur destin, déposent plainte et moins encore obtiennent justice, quelques-unes seulement. C’est un problème vraiment très grave et qui me préoccupe beaucoup.

C’est pourquoi j’ai voulu que le canton agisse et prenne même des responsabilités au niveau romand dans ce domaine.

Je vous les énumère brièvement ici

Un mécanisme de coopération cantonal a été activé dès l’année passée. Sur le modèle de ce qu’ont déjà entrepris certains cantons, et en écho à ce que certains services transversaux et associations ont mis en place (telles que des séances d’information et de prévention pour les artistes de cabarets), Neuchâtel à l’initiative du DSAS et avec l’accord du Conseil d’Etat, a mis en place une structure nouvelle; une plateforme réunissant autour de la table les autorités de police et de justice, les entités en charge de la LAVI (loi sur l’aide aux victimes d’infraction), de l’action sociale et des institutions.

Cette nouvelle plateforme met en réseau les professionnels du terrain qui pourraient être confrontés à la problématique de la traite des êtres humains. Elle s’est réunie en 2012 et encore récemment en ce début d’année 2013. Elle fera des propositions au Conseil d’Etat à l’issue de ses premiers travaux.

C’est seulement à ce moment-là et sur cette base qu’un état de situation précis, en terme statistique notamment, pourra être établi et que des mesures, urgentes ou à long terme, pourront être prises.

Sur le plan social, le DSAS a créé et finance depuis mai 2012 un poste (à 40%) au sein de la Fondation pour la coordination de l’action sociale (FAS) en vue d’évaluer ce qui peut être entrepris au niveau neuchâtelois et de coordonner l’action des cantons romands et de tenir une documentation à la disposition de ceux et celles qui veulent travailler dans ce domaine.

Et comme il nous paraît indispensable de coordonner notre action au niveau intercantonal en matière de traite des êtres humains, j’ai abordé le sujet avec mes collègues des cantons latins. Les chefs de l’action sociale des cantons romands ont reçu tout récemment la déléguée neuchâteloise afin d’évaluer la possibilité de développer cette coordination. Nous attendons officiellement leurs conclusions. Mais je peux d’ores et déjà dire que la fonction de la déléguée neuchâteloise est reconnue et appréciée au niveau romand.

Notre objectif en matière de traite des êtres humains est clairement de ne pas faire cavalier seul et de donner à la coordinatrice neuchâteloise une reconnaissance sur le plan intercantonal.

Le canton de Neuchâtel s’est positionné pour être le canton moteur en Suisse romande en vue d’élaborer un concept d’intervention commun. On peut donc affirmer que le Conseil d’Etat est conscient du problème et a pris les mesures pour le traiter au mieux.

Nous recevrons d’ailleurs à fin mars Madame la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, qui a présenté dernièrement le plan d’action de la Confédération en matière de lutte contre la traite des êtres humains.

Je peux ainsi vous assurer que nous saisirons cette occasion pour échanger sur ce sujet mal connu et qui mérite absolument toute l’attention des collectivités publiques. Nous nous inscrirons bien sûr dans les objectifs du Conseil fédéral et nous nous coordonnerons aussi avec la Confédération.

Nos moyens sont encore bien trop faibles, la gravité du sujet est fortement sous-estimée et je ne peux que souhaiter que mon successeur ait le souci de continuer à suivre ce dossier. Ce sont des milliers de jeunes filles, dont la vie bascule, dont la santé est menacée et dont la liberté et les droits ne sont pas protégés.

 

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