Adieux au Grand Conseil

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Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Chers Collègues,

Il y a bientôt quatre ans, le peuple neuchâtelois m’a accordé sa confiance et j’ai été élue au Conseil d’Etat. Dans quelques jours, je quitterai cette fonction, car j’ai décidé de ne pas me présenter aux élections cantonales. C’est une décision que j’ai prise pour des motifs personnels. L’envie de passer à une autre étape, de revenir à plus de réflexion, mais aussi de décompresser un peu après 17 ans de politique active, de journées trop remplies, où il a fallu, comme vous le savez toutes et tous bien, « concilier vie familiale, vie professionnelle et vie politique ».

Je tiens à vous remercier chaleureusement, Mesdames et Messieurs les députés, et vous, Chers Collègues, de votre intérêt pour la chose publique,  de votre travail assidu, de votre soutien et de votre amitié tout au long de ces années. Vous êtes la force sur laquelle j’ai pu m’appuyer. Sans vous, sans vos idées, sans vos remarques, vos conseils, sans nos échanges à la fois si riches et conviviaux, certaines interventions, certains projets n’auraient peut-être pas vu le jour.

En 2009, j’ai eu la chance d’ « hériter » du département de la santé et des affaires sociales, un département, certes politiquement difficile, je le savais bien sûr, mais qui est si important, car il se préoccupe de toutes les personnes qui, pour un instant ou pour la vie, sont fragilisées par la maladie, le handicap, la vieillesse ou les difficultés sociales. Je n’en aurais pas voulu un autre. Ensemble, avec vous et avec toute l’équipe du DSAS, que je profite de remercier aussi ici, nous avons fait un bout de chemin, cherché des solutions, nous avons débattu, nous avons amené des  projets à terme, nous avons utilisé toutes nos possibilités  pour répondre au mieux aux besoins sociaux et de santé et préparer l’avenir.

Aujourd’hui, au moment de quitter cette politique, qui a si bien rempli ma vie pendant tant d’années, je suis confiante en l’avenir de notre canton. Je suis sûre qu’une nouvelle équipe, motivée, ambitieuse, dans le bon sens du terme, saura donner à notre région l’élan dont elle a besoin. Et nous avons besoin d’élan. Faire des économies ne peut être un but à long terme. Nous devons aujourd’hui construire notre avenir, investir, regarder loin devant. C’est la vision que nous partageons maintenant au Conseil d’Etat et qui perdurera, je l’espère.

Nous avons besoin de croire en nous. Nous avons des qualités extraordinaires. Notre histoire nous le rappelle, si nous avons tendance à l’oublier. La créativité, l’inventivité, la maîtrise technique et artistique de l’industrie neuchâteloise sont connues dans le monde entier. L’horlogerie résiste à la crise. Notre industrie est créatrice d’emplois et de richesses. Elle a toute mon admiration. Sachons créer les conditions de son épanouissement.

Offrons-lui les infrastructures nécessaires, oui, mais donnons-lui aussi le plaisir d’être à Neuchâtel plutôt qu’ailleurs, car sans plaisir, on ne fait rien. Soyons donc à l’écoute, au service de ces entrepreneurs créateurs. Et offrons-leur aussi une qualité de vie, un environnement, des infrastructures sociales, une vie culturelle à la hauteur de leurs attentes.

Mais n’oublions pas les gens qui nous ont élus, qui vous éliront dans quelques jours, car il faut que la richesse générée profite à l’ensemble de la population. Il faut que les salaires soient corrects, que tous ceux et toutes celles qui peuvent travailler aient un emploi, que personne ne reste au bord de la route. Il faut que toutes et tous aient l’envie et la possibilité de se former, il faut que les formations puissent mener à des emplois dans notre canton. Lutter contre la précarité a été notre priorité. Nous avons investi dans les structures sociales et de santé et je ne doute pas que nos successeurs auront les mêmes priorités.

Oui, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Chers Collègues,

Il y a encore du pain sur la planche ! Mais il y a aussi un immense espoir, que la population place en vous : l’espoir d’une vie meilleure.

Le monde change et les conditions qui entourent le canton de Neuchâtel changent aussi rapidement. Nous sommes engagés dans un processus de mondialisation et nous devons nous inscrire dans ce mouvement. Regardons au-delà de Chaumont, au-delà du Jura ! Nous devons affirmer notre place non seulement au cœur de la région Arc jurassien, qui est notre berceau, mais aussi en Suisse et dans le monde, à travers la qualité de notre université, de notre recherche et de nos industries phares.

Notre avenir est dans la valorisation de ce qui fait l’excellence de notre savoir. Microcity ouvrira ses portes à l’automne 2013. Cette collaboration avec l’EPFL est une chance extraordinaire et un souffle nouveau pour Neuchâtel, mais aussi pour l’EPFL, car Neuchâtel peut y apporter l’excellence de ses connaissances et de sa recherche dans les technologies nouvelles. Le canton peut s’appuyer sur un passé prestigieux et sur des inventeurs et des chercheurs de premier plan, mais aussi sur des travailleurs qui ont fait de l’extrême précision la marque de fabrique de toute une région et qui ont fait rayonner cette région dans le monde entier. Neuchâtel ne s’est pas endormie. Il suffit de voir les nouveautés qui sortent de nos ateliers chaque année. Nous pouvons en être fiers.

En 2014, nous fêterons le bicentenaire de notre entrée dans la Confédération. Ce sera l’occasion de repenser notre relation avec la Suisse et avec les pays environnants. Ce sera surtout l’occasion de fêter ensemble, de nous retrouver Neuchâtelois du haut, du bas et des vallées, dans la commémoration de notre destin commun. Car notre destin est bien commun, même si nous avons pu, dans le cadre des travaux de la commission de la cohésion cantonale, prendre le pouls de nos différences. Nous sommes toutes et tous, Neuchâteloises et Neuchâtelois d’ici et d’ailleurs, toutes et tous embarqués sur ce frêle esquif, ce tout petit bateau, qui vogue sur l’océan du monde, dans les tempêtes des crises financières et économiques depuis des siècles, en prenant l’eau, parfois, mais sans jamais couler : fluctuat nec mergitur !

Dans un mois, il y aura une nouvelle équipe au Conseil d’Etat et au Grand Conseil.  De nouveaux espoirs, de nouveaux débats, de nouveaux coups de gueule sans doute, mais une chose qui perdurera : notre canton, dans toute sa beauté, dans toute sa diversité.

Et vous pour en prendre soin !

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